Bernadette Lafont : Parcours fascinant d'une belle fille comme elle
Publié le 27 juillet 2013 à 08:31
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Bernadette Lafont au Festival de Cannes en 1973 pour défendre La Maman et la putain Bernadette Lafont au Festival de Cannes en 1973 pour défendre La Maman et la putain© BestImage
Les Mistons (1957) : Dans ce court-métrage de François Truffaut, Bernadette Lafont joue avec celui qui deviendra brièvement son mari, Gérard Blain, dans l'histoire d'un couple persécuté par des gamins. L'amour entre eux les deux comédiens ne durera pas, Gérard Blain ne supportera pas que sa femme se veulent vraiment actrice, mais ce film est une entrée en matière parmi la Nouvelle Vague pour la jeune Bernadette.
Le Beau Serge (1959) : Choisie par Claude Chabrol qui saura comme Truffaut filmer sa beauté naturelle et son talent inné, Bernadette Lafont se retrouve entre Gérard Blain et Jean-Claude Brialy. Dans ce film considéré comme l'acte de naissance de la Nouvelle Vague, Francois retourne dans son village après des années d'absence. Il y retrouve son ami Serge qui, de son mariage avec Yvonne, a eu un enfant trisomique et a sombré dans l'alcool.
Les Bonnes Femmes (1960) : Retrouvailles avec Chabrol pour ce long métrage irréverrencieux qui raconte l'histoire de quatre vendeuses s'ennuient dans le petit magasin d'électro-ménager de Monsieur Belin. Bernadette Lafont joue le rôle de Jane : elle ne flirte pas avec son soldat, traîne et se laisse draguer par de vieux lourdauds. Un rôle qui la consacre comme icône rebelle de ces années 1960 qui commencent.
La Fiancée du pirate (1969) : Impossible de ne pas citer ces aventures, réalisées par Nelly Kaplan, d'une jolie vagabonde qui se venge des humiliations subies par elle et sa mère en séduisant tous les notables d'un village. Bernadette Laffont rencontre le premier grand succès de sa carrière avec ce premier long métrage mis en scène par une ancienne assistante d'Abel Gance, dont le sujet rappelle L'été meurtrier de Becker, rappelle L'Express.
Une belle fille comme moi (1972) : Ce titre lui va si bien. Encore un rôle subversif pour l'actrice dirigée de nouveau par Truffaut et qui joue avec André Dussollier. "A cette époque, si on désirait faire du cinéma, il valait mieux être blonde, avoir un petit nez et une taille de guêpe... Moi, j'étais brune, avec un nez pas vraiment minuscule, un type méditerranéen. Des producteurs voulaient m'éclaircir les cheveux, me refaire un peu le visage... J'ai toujours refusé. D'autant que les Chabrol, Truffaut et compagnie s'arrangeaient bien de mon naturel", disait Bernadette Lafont dans L'Express. Sa beauté a fait le bonheur du cinéma, jusqu'à ses 74 ans où elle arborait une silhouette gracieuse et un visage radieux. "Une Jeanne Moreau rigolote" a dit Gilles Jacob (président du Festival de Cannes), en référence à son charme et à sa voix si particulière.
La Maman et la putain (1973) : Agé de 34 ans, le réalisateur Jean Eustache signe une oeuvre inspirée de son vécu. Il choisit devant sa caméra pour ce film-fleuve Jean-Pierre Léaud, François Lebrun et Bernadette Lafont. Un ton provocateur qui sied parfaitement à la personnalité de Bernadette. Une oeuvre culte de plus dans sa filmographie, remportant le Grand Prix au Festival de Cannes en 1973.
Le Pactole (1984) : La particularité de ce long métage de l'inénarrable Jean-Pierre Mocky est d'avoir au sein de sa distribution Bernadette Lafont et sa fille Pauline, quatre années avant sa disparition tragique après un accident mortelle. Dans ce film, il est question d'un couple, fatigué de devoir travailler dur pour une hypothétique retraite, qui met subitement fin à ses activités professionnelles. Les deux jeunes gens décident de faire un casse pour gagner de l'argent sans efforts...
L'Effrontée (1986) : Film générationnel, L'Effrontée de feu Claude Miller fait exploser le talent de Charlotte Gainsbourg (César du meilleur espoir), tandis que celui de Bernadette Lafont est sacré par le César du meilleur second rôle. Les actrices, confondantes de naturel et de spontanéité, animent ce long métrage débordant de tendresse.
Personne ne m'aime (1994) : Bernadette Lafont, Bulle Ogier et Jean-Pierre Léaud, trois figures de la Nouvelle Vague réunies dans le premier long métrage de Marion Vernoux, un road movie au féminin. Comment Annie, sa soeur Françoise, Cricri patronne de l'hotel de Paris à Cambrai et Dizou, femme de chambre qui n'a jamais vu la mer, partent en estafette à Boulogne-sur-Mer à la recherche du mari de Françoise qui cacherait une liaison.
Prête-moi ta main (2006) : Quand Bernadette Lafont retrouve Charlotte Gainsbourg, ça fait des merveilles. Dans cette comédie, elle incarne la mère d'Alain Chabat, un tantinet dominatrice, souhaitant absolument caser son fils, éternel célibataire mais heureux de l'être. Bernadette Lafont racontait alors : "Dans Prête-moi ta main, Geneviève veut marier son fils, ok, mais en même temps, elle a un coup de foudre pour Emma dès la première apparition. Ce n'était pas difficile à jouer pour moi, parce que j'avais adoré cette petite jeune fille bouleversante dans L'Effrontée, c'était presque un bébé, elle avait 14 ans. En plus, dans le film, on avait une relation particulière, parce qu'elle avait perdu sa mère. Donc cette fois, je n'avais pas besoin de chercher des choses pour l'aimer, puisque c'était le cas !"
Bernadette Lafont lors de l'émission Vivement Dimanche le 19 décembre 2012
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Résumer à quelques performances la carrière de Bernadette Lafont semble indécent, tant son parcours regorge de pépites. Pour lui rendre hommage après sa disparition le 25 juillet, Purepeople.com s'essaie tout de même à cet exercice délicat, rappelant tout le talent de cette grande comédienne. Egérie de la Nouvelle Vague, elle a réussi à ne pas se laisser enfermer dans un univers cinématographique, devenant à la fois une comédienne populaire et exigeante, saluée par tous.

Les Mistons (1957) : Dans ce court-métrage de François Truffaut, Bernadette Lafont joue avec celui qui deviendra brièvement son mari, Gérard Blain, dans l'histoire d'un couple persécuté par des gamins. L'amour entre eux les deux comédiens ne durera pas, Gérard Blain ne supportera pas que sa femme se veulent vraiment actrice, mais ce film est une entrée en matière parmi la Nouvelle Vague pour la jeune Bernadette.

Le Beau Serge (1959) : Choisie par Claude Chabrol qui saura comme Truffaut filmer sa beauté naturelle et son talent inné, Bernadette Lafont se retrouve entre Gérard Blain et Jean-Claude Brialy. Dans ce film considéré comme l'acte de naissance de la Nouvelle Vague, Francois retourne dans son village après des années d'absence. Il y retrouve son ami Serge qui, de son mariage avec Yvonne, a eu un enfant trisomique et a sombré dans l'alcool. Blain a présenté à sa bien-aimé Bernadette à ses amis cinéphiles et voilà qu'elle se plaît dans ce tourbillon. Avec le regretté Chabrol, elle tournera Les Bonnes Femmes en 1960, Les Godelureaux en 1961, Violette Nozière en 1978, Inspecteur Lavardin en 86 et Masques en 87.

Les Bonnes Femmes (1960) : Retrouvailles avec Chabrol pour ce long métrage irréverrencieux qui raconte l'histoire de quatre vendeuses s'ennuient dans le petit magasin d'électro-ménager de Monsieur Belin. Bernadette Lafont joue le rôle de Jane : elle ne flirte pas avec son soldat, traîne et se laisse draguer par de vieux lourdauds. Un rôle qui la consacre comme icône rebelle de ces années 1960 qui commencent.

La Fiancée du pirate (1969) : Impossible de ne pas citer ces aventures, réalisées par Nelly Kaplan, d'une jolie vagabonde qui se venge des humiliations subies par elle et sa mère en séduisant tous les notables d'un village. Bernadette Laffont rencontre le premier grand succès de sa carrière avec ce premier long métrage mis en scène par une ancienne assistante d'Abel Gance, dont le sujet rappelle L'été meurtrier de Becker, rappelle L'Express.

Une belle fille comme moi (1972) : Ce titre lui va si bien. Encore un rôle subversif pour l'actrice dirigée de nouveau par Truffaut et qui joue avec André Dussollier. "A cette époque, si on désirait faire du cinéma, il valait mieux être blonde, avoir un petit nez et une taille de guêpe... Moi, j'étais brune, avec un nez pas vraiment minuscule, un type méditerranéen. Des producteurs voulaient m'éclaircir les cheveux, me refaire un peu le visage... J'ai toujours refusé. D'autant que les Chabrol, Truffaut et compagnie s'arrangeaient bien de mon naturel", disait Bernadette Lafont dans L'Express. Sa beauté a fait le bonheur du cinéma, jusqu'à ses 74 ans où elle arborait une silhouette gracieuse et un visage radieux. "Une Jeanne Moreau rigolote" a dit Gilles Jacob (président du Festival de Cannes), en référence à son charme et à sa voix si particulière.

La Maman et la putain (1973) : Agé de 34 ans, le réalisateur Jean Eustache signe une oeuvre inspirée de son vécu. Il choisit devant sa caméra pour ce film-fleuve Jean-Pierre Léaud, François Lebrun et Bernadette Lafont. Un ton provocateur qui sied parfaitement à la personnalité de Bernadette. Une oeuvre culte de plus dans sa filmographie, remportant le Grand Prix au Festival de Cannes en 1973.

Le Pactole (1984) : La particularité de ce long métage de l'inénarrable Jean-Pierre Mocky est d'avoir au sein de sa distribution Bernadette Lafont et sa fille Pauline, quatre années avant sa disparition tragique après un accident mortelle. Dans ce film, il est question d'un couple, fatigué de devoir travailler dur pour une hypothétique retraite, qui met subitement fin à ses activités professionnelles. Les deux jeunes gens décident de faire un casse pour gagner de l'argent sans efforts...

L'Effrontée (1986) : Film générationnel, L'Effrontée de feu Claude Miller fait exploser le talent de Charlotte Gainsbourg (César du meilleur espoir), tandis que celui de Bernadette Lafont est sacré par le César du meilleur second rôle. Les actrices, confondantes de naturel et de spontanéité, animent ce long métrage débordant de tendresse.

Personne ne m'aime (1994) : Bernadette Lafont, Bulle Ogier et Jean-Pierre Léaud, trois figures de la Nouvelle Vague réunies dans le premier long métrage de Marion Vernoux, un road movie au féminin. Comment Annie, sa soeur Françoise, Cricri patronne de l'hotel de Paris à Cambrai et Dizou, femme de chambre qui n'a jamais vu la mer, partent en estafette à Boulogne-sur-Mer à la recherche du mari de Françoise qui cacherait une liaison.

Prête-moi ta main (2006) : Quand Bernadette Lafont retrouve Charlotte Gainsbourg, ça fait des merveilles. Dans cette comédie, elle incarne la mère d'Alain Chabat, un tantinet dominatrice, souhaitant absolument caser son fils, éternel célibataire mais heureux de l'être. Bernadette Lafont racontait alors : "Dans Prête-moi ta main, Geneviève veut marier son fils, ok, mais en même temps, elle a un coup de foudre pour Emma dès la première apparition. Ce n'était pas difficile à jouer pour moi, parce que j'avais adoré cette petite jeune fille bouleversante dans L'Effrontée, c'était presque un bébé, elle avait 14 ans. En plus, dans le film, on avait une relation particulière, parce qu'elle avait perdu sa mère. Donc cette fois, je n'avais pas besoin de chercher des choses pour l'aimer, puisque c'était le cas !"


Le Skylab (2011) : Un nouveau rôle de maman, et un franc-parler toujours aussi savoureux qui arrive à trouver sa place dans la famille déjantée de Julie Delpy. Sa partenaire Noémie Lvovsky se souvient dans les colonnes de Libération : "Elle a énormément compté pour moi. Evidemment, je pense à son insolence. Elle n'a jamais été conformiste dans son jeu, jamais attendue. Elle pouvait jouer des scènes terrible savec le sourire. Quand je pense à elle, je pense d'abord à La Maman et la putain. [...] Ça a changé mon rapport à l'amour, à la vie, à l'idéal de l'amour. Je me souviens évidemment de sa voix. Son sex-appeal aussi m'a beaucoup marqué. Elle l'a gardé jusqu'à la fin."

Paulette (2013) : Inspiré de faits réels, l'histoire de Paulette est née dans une école de cinéma pendant un cours de scénario donné par le réalisateur Jérôme Enrico, fils du réalisateur du Vieux Fusil (Robert Enrico). Les étudiants et lui ont donc développé ensemble le récit du film pendant près d'un an, qui raconte comment une retraitée arrondit ses fins de mois en vendant de la drogue dans son quartier de banlieue. Un rôle en or pour Bernadette Lafont qui porte le film sur ses épaules et signe un nouveau succès public avec plus d'un million d'entrées, après Prête-moi ta main ou La Première Etoile.

Attila Marcel, au cinéma le 6 novembre 2013 : Ce long métrage de Sylvain Chomet sera son film posthume. Direct Matin l'avait interrogé à ce propos il y a quelques mois : "Ce n'est pas un film d'animation comme Les Triplettes de Belleville. Sylvain Chomet fait son premier film en prises de vue réelles avec ce film qui s'appelle Attila Marcel que nous avons tourné cet été. Avec Hélène Vincent, nous jouons deux vieilles dames aristocratiques jumelles qui donnent des cours de danse de salon et qui s'occupent de leur neveu qui est joué par Guillaume Gouix. On retrouve également Anne Le Ny, Luis Rego et Jean-Claude Dreyfuss à l'écran. C'était un grand bonheur de tourner ce film un peu fou parce que Sylvain Chomet est quelqu'un qui apporte beaucoup du fait de venir de l'animation. Il a un regard, un univers propre."

Bernadette Lafont était prévue dans le casting des Vacances du Petit Nicolas, le deuxième volet des aventures imaginées par Uderzo et Goscinny dans les années 60. Elle devait jouer avec Valérie Lemercier et Kad Merad, plage des dames à Noirmoutier, là où le décor est déjà planté pour le film depuis la fin du mois de juin. La production attendait fébrilement la récupération de l'actrice qui venait de faire un AVC. Mais la Fiancée du Pirate s'en est allée avant voguer vers d'autres mers.

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