Mostra 2011 : La classe de Michael Fassbender, l'effervescence du dernier soir

Les têtes d'affiche en compétition sont certes reparties bredouilles et ont d'ailleurs séché l'ultime tapis rouge dans la Cité des Doges, à l'instar d'un Roman Polanski qui n'est même pas venu (pour s'éviter des ennuis judiciaires) défendre Carnage ou d'un George Clooney qui a filé à Toronto pour continuer sa promo des Marches du pouvoir, rejoint sur place par sa sublime amie Stacy Keibler, mais les lauréats de la 68e Mostra de Venise les ont fait oublier en étalant leur joie.

La biennale vénitienne s'est achevée samedi 10 septembre 2011 avec la projection du film Damsels in distress de Wilt Stillman et avec Greta Gerwig, Adam Brody et Analeigh Tipton. Tout ce petit monde était réuni, quelques heures après le traditionnel photocall du film, pour défendre cette réalisation hors compétition et tirer, avec beaucoup d'élégance, le bouquet final du festival.

L'équipe du film devait bien entendu partager la vedette avec les heureux artistes nommés au palmarès de la Mostra. L'excellent Michael Fassbender, starisé par sa prestation dans Inglourious Basterds de Quentin Tarantino, continue d'inscrire son nom dans les annales du septième art, en soulevant la prestigieuse Coupe Volpi promise à la meilleure interprétation masculine. Pour Shame, de Steve McQueen, celui qui vit une belle histoire avec la jeune Zoë Kravitz, sa partenaire dans le dernier volet X-Men, a reçu à Venise la première récompense individuelle majeure de sa carrière, après avoir raflé de multiples honneurs pour Hunger. Même trophée, même joie du côté de Deannie Yip, primée pour son rôle dans A Simple Life d'Ann Hui.

Darren Aronofsky, qui a fait son arrivée au côté du musicien David Byrne pour cette dernière soirée vénitienne, et le jury qu'il présidait ont décidé d'attribuer le Lion d'or au Russe Alexandre Sokourouv, pour son Faust. C'est seulement la deuxième fois dans l'histoire de la grand-messe de la Cité des Doges que sa prestigieuse distinction va à un réalisateur russe, après le couronnement d'Andreï Zviaguintsev en 2003 pour Le Retour.

Evidemment inspiré du Faust de Goethe, le Faust de Sokourov, servi par les prestations des acteurs Johannes Zeiler et Anton Adasinskiy, vient clore une tétralogie sur les dictateurs, le pouvoir et la folie humaine initiée en 1999 avec un portrait d'Adolf Hitler (Moloch), suivi d'un volet consacré à Lénine (Taurus) et d'un troisième portant sur Hirohito (Le Soleil). Disciple de Tarkovski, longtemps censuré par les autorités soviétiques mais approuvé par Vladimir Poutine dans son dernier projet, Alexandre Sokourov met en scène avec Faust, film en costumes dans des décors reproduisant l'Allemagne du XIXe siècle, la quête effrénée de pouvoir et d'amour du Dr Faust (Johannes Zeiler) dans une atmosphère infecte où règne le mal, incarné par Anton Adasinskiy. Outre l'esthétique oppressante de ce long métrage, le jury présidé par Darren Aronofsky a de toute évidence été sensible à la réflexion politique sur la place et la destination de l'homme dans le monde, réflexion cruciale au regard du contexte politique et économique global. Loin de l'atmosphère sordide de leur composition, les deux protagonistes du film étaient très élégants sur le tapis rouge.

Le Lion d'argent de la mise en scène a été attribué au Chinois Cai Shangjun pour Ren Shan Ren Hai, tandis que le Prix spécial du jury est allé à une production italienne, Terraferma, d'Emanuele Crialese. Marco Bellocchio avait reçu vendredi un Lion d'or d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre.

Les autres prix :

Prix Osella pour la meilleure contribution technique : Les Hauts de Hurlevent d'Andrea Arnold

Prix Osella pour le meilleur scénario : Alps de Yorgos Lanthimos

Prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune interprète : Shota Sometani et Fumi Niakaido dans Himizu de Sono Sion

Lion du futur (Meilleur 1er film) : Là-Bas de Guido Lombardi