Il souffle comme un vent de polémique sur la 70e Mostra de Venise. Omniprésents, les Américains occupent le terrain en ce début de Biennale. Après Tracks, suivi de Joe avec un Nicolas Cage bouleversant, c'est le sulfureux The Canyons qui a les honneurs de la programmation. Le réalisateur du film, Paul Schrader, venu également en qualité de président du jury Orizzonti, le présentait au côté de l'écrivain Bret Easton Ellis, de l'acteur porno James Deen et sa compagne Stoya, et des deux jeunes acteurs Nolan Gerard Funk et Tenille Houston... mais pas de Lindsay Lohan.
La très décriée star du film était le jour-même à New York, aperçue à la sortie de son hôtel à Soho, conduisant une Porsche. Invitée à Venise, la belle rouquine sur le retour aurait décliné. Sage décision peut-on penser pour celle qui fuit ses propres démons. Pilonnée par la justice, condamnée, LiLo est sur la voie de la rédemption, comme elle l'a bien laissé entendre lors d'une interview fleuve accordée à Oprah Winfrey.
"Pas juste une histoire de seins et de cul"
A Venise, les oreilles de la diva ont sifflé. Les critiques ont attaqué le film, ulcérés par ce que The Canyons proposait, notamment en termes de scènes de sexe. L'équipe, emmenée par Paul Schrader et son acteur porno James Deen, a défendu le film avec vigueur, arguant que The Canyons n'était pas juste qu'"une histoire de cul". De leur côté, les critiques n'ont pas été tendres avec le film, déjà sorti aux Etats-Unis où il fait un flop détonnant. Pour eux, The Canyons est, au-delà d'un film sur l'ambition et l'obsession sexuelle, une grosse erreur de casting (acteurs médiocres) et de scénario (succession de scènes sexuelles gratuites).
James Deen, qui donne la réplique à une Lindsay Lohan n'hésitant à montrer ses savoureuses formes, prend le contre-pied : "Les scènes explicites dans le film sont là pour faire avancer l'histoire, ce n'est pas juste une histoire de seins et de cul".
De son côté, Paul Schrader a de nouveau évoquer avec regret les excès de diva sur le tournage de son actrice, s'estimant "libre" ici à Venise. La comparant à Marilyn Monroe, il dépeint une Lindsay Lohan partageant avec elle des "similitudes de retards, l'imprévisibilité, les crises, les absences, l'indigence, les psychodrames". Devant la presse, le scénariste de Taxi Driver Paul Schrader ne s'en cache pas : "Pendant 18 mois, j'ai été l'otage de mon propre choix d'une actrice très talentueuse mais imprévisible. Lindsay est une actrice qui n'a peur de rien. L'un de ses problèmes est qu'elle se donne beaucoup de mal pour faire semblant et se met elle-même dans des états qui sont vraiment durs pour elle et ceux qui l'entourent", a expliqué Schrader, avant de conclure : "ce que vous voyez sur l'écran est vraiment ce qui se passe. Elle monte jusqu'à la limite et c'est fatigant pour tout le monde".
Selon Schrader, la jeune femme de 27 ans "est une grande actrice, elle devrait être ici, mais son comportement est inqualifiable". Attendue à Venise, l'absence de Lohan a fait couler de l'encre, même si Paul Schrader justifie sans détour l'absence de sa diva : "Oui, personne ne pensait qu'il était bon pour elle d'y venir. Ce genre d'atmosphère, le festival, les soirées... Cette culture de la boisson et la fête, c'est non conforme à ce qui doit la garder sur le droit chemin", avoue le réalisateur.