Il disait avoir peur de "commettre l'irréparable sur un plateau de télévision", il se pourrait qu'au moins cette fois-ci Nicolas Bedos se morde les doigts après ses libertés de franc-parler. Les chroniques assassines qu'il aime faire dans La semaine mythomane dans l'émission Semaine critique ! présentée par Franz-Olivier Giesbert chaque vendredi soir sur France 2, ou encore l'agacement qu'il a exprimé sur Canal+ dans Tout le monde il est beau, l'émission présentée Bruce Toussaint, lui valent - logiquement - le mécontentement de ceux qu'il égratigne.
Après s'en être pris à Nicolas Sarkozy, qu'il traitait vendredi 21 janvier de "VRP surcocaïné", c'est aux policiers qu'il s'est attaqué. Dimanche 23 janvier à midi, il racontait avoir passé deux nuits en cellule de dégrisement avec des "flics odieux qui, vraiment, ont le QI d'un poulpe mort pour la plupart". Il ajoutait que "le flic de la nuit, le patrouilleur, est un abruti, c'est un voyou en uniforme, c'est une racaille tombée du bon côté". Cliquez ici pour regarder cette vidéo chez nos confrères de Pure Médias.
Bien évidemment, personne n'a apprécié du côté de la police. Les deux principaux syndicats de police ont exprimé aujourd'hui leur "indignation". Unité police SGP-FO (1er syndicat de gardiens de la paix) a déclaré qu'il se "réserve le droit de donner toutes les suites judiciaires possibles à ce comportement délictuel d'incitation à la haine", tandis qu'Alliance (2e syndicat) "en appelle au ministre de l'Intérieur" afin qu'il engage une "procédure judiciaire" contre Nicolas Bedos.
Il risque donc d'avoir de sérieux ennuis, car pour Unité SGP, cela pose un "vrai problème : la banalisation de l'insulte contre les policiers. Comment accepter cette violence verbale dans un programme diffusé en clair le dimanche à midi ?"
Pour Alliance, ce sont des "propos ostensiblement outrageants, humiliants et déshonorants pour l'ensemble des policiers. Nous n'accepterons jamais que cette forme de racisme anti-flics serve d'exutoire à des individus jouissant d'une tribune publique. De tels procédés n'ont pour but que de jeter le discrédit sur toute la profession, et d'attiser la haine anti-flics."
Pour en revenir au "dérapage" très limite sur le chef de l'état, dans l'émission de Franz-Olivier Giesbert, Nicolas Bedos s'est exprimé sur cette chronique : "J'ai vu à son regard que Franz-Olivier trouvait ça borderline. Il ne m'a rien dit après. Je suis épaté par la liberté qu'on me laisse dans cette émission, quand il y a tant de frivolité ailleurs. Mon plaisir est celui d'un auteur. J'invente des histoires qui s'inspirent de l'actualité. (....) Cette phrase est une métaphore, je ne prétends pas un instant que quiconque se drogue ! Cette chronique était surtout un délire sur DSK. Quant à Sarkozy, loin de moi l'idée de le diaboliser : la gauche me consterne si souvent, et je me moque chaque semaine de moi-même avec la même virulence. Ce qui est sûr, c'est que la plupart des médias pratiquent l'autocensure. Moi, je ne me refuse rien ! Sinon, j'arrête la télé."
Du côté du monde politique, c'est Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, qui a tenu à prendre la parole pour défendre son président. Elle a confié sur RMC : "Ce n'est pas drôle, c'est nul, c'est insultant ! Moi je n'aime pas ! C'est une perte de public immédiate ! Qui a envie d'écouter ça ? Cela fait rire quelqu'un ? (...) Si j'étais l'animateur, je ne le réinviterais pas après un truc pareil. Moi je n'aime pas, je ne pense pas que ça participe ni du niveau ni de l'audience de la chaine. On peut avoir de l'humour, il y en a toujours eu sur la politique. C'est bon l'humour quand on tangente quelque chose de la réalité. C'est un talent particulier. C'est un talent que manifestement cet humoriste n'a pas."
Rappelons aussi que Claude-Yves Robin, le directeur de France 2, avait déclaré après la chronique de Nicolas Bedos : "La phrase est de très mauvais goût. Chaque semaine, Nicolas Bedos égratigne quelqu'un. Cette fois, c'est tombé sur le président de la République."
Peut-être qu'en France il y a certaines personnes qu'il faut épargner... Quoi qu'il en soit, le fils de l'immense Guy Bedos a du courage. A deux jours d'intervalle, provoquer autant de colère, il faut le faire.
Ceci dit, ces deux émissions étaient enregistrées ; libre aux diffuseurs de valider ou non les propos avant diffusion...