Énième rebondissement dans l'affaire des paris suspects dans le handball tricolore... Un nouveau rapport d'experts tend à confirmer la thèse selon laquelle les joueurs de Montpellier ont volontairement laissé filer la première mi-temps de leur match face à Cesson-Rennes le 12 mai 2012.
Si, à la grande satisfaction des joueurs de Montpellier, Nikola Karabatic en tête, le premier rapport avait été annulé par la chambre d'instruction en raison d'un vice de forme, le second ne pouvait souffrir aucune contestation. Les joueurs de Montpellier et leurs avocats avaient pointé l'auteur de la première expertise qui selon eux ne connaissait rien au hand. Il avait cependant conclu à "une carence volontaire indéniable du niveau de jeu" de certains joueurs de Montpellier.
Cette fois, deux experts ont été désignés. Nordine Lazaar, ancien arbitre international reconnu mondialement, et Johann Rage, formateur en analyse vidéo dans la pratique sportive de haut niveau. Et leur rapport n'est pas en faveur des joueurs de Montpellier, comme le révèle le site Internet de L'Équipe qui publie les conclusions du rapport. Si le match raté n'est pas à exclure, les experts indiquent : "Nombre d'indices, données statistiques ou comportementales apparaissent pour le moins originaux, curieux, atypiques et à ce titre nous interpellent."
Ils évoquent "la distribution des pertes de balles nombreuses et exclusives sur la première mi-temps, leur signification vis-à-vis de moments que nous avons qualifiés de curieux, la faiblesse du nombre de contre-attaques et à l'inverse le nombre important de Long Position Attack, l'attitude différentielle des gardiens entre les deux mi-temps concernant la relance ou certaines attitudes peu duellistes, une certaine naïveté voire passivité en défense".
En conclusion, "notre intime conviction est qu'une telle convergence d'indicateurs anormaux, une telle différence d'engagement, de vitesse dans le jeu notamment entre la première et la deuxième mi-temps du match expertisé est trop curieuse pour être innocente et conjoncturelle".
Face à ce rapport qui resserre un peu plus l'étau autour des 16 personnes dont huit joueurs de Montpellier, soupçonnées d'avoir parié 88 000 euros sur le score à la mi-temps, en faveur de Cesson-Rennes. "Le principe même d'une expertise dans ce domaine est complètement absurde et illustre le fait que la justice essaie d'étayer l'accusation car le dossier est bien léger", a confié à l'AFP Me Michaël Corbier, l'un des avocats de Nikola et Luka Karabatic. Et d'ajouter : "Si on commence à vouloir qualifier des contre-performances sportives, on va trouver curieux telle ou telle défaite, forcément, à partir du moment où elle est inhabituelle." Pour lui, cette première mi-temps perdue est "tout simplement un match mal joué par Montpellier".
Les charges s'accumulent donc contre les individus poursuivis pour "escroquerie ou complicité d'escroquerie", comme le montrait déjà le rapport de synthèse des enquêteurs en décembre dernier.