Le 10 juillet dernier, Nikola Karabatic était entendu par les magistrats instructeurs du parquet de Montpellier dans l'affaire des paris suspects qui touchent le club multi-champion de France. Si le joueur qui évolue désormais à Barcelone avait parlé d'une "manipulation de l'opinion publique " tout en niant avoir jamais parié via son téléphone portable malgré un rapport de police accablant, ses explications lors de son audition ont été publiées par le site M6info.fr, ainsi que celles de sa compagne Géraldine Pillet, au coeur du scandale.
PMU et téléphones portables
"Je n'ai pas consulté l'application Parions Sport", a ainsi répondu l'un des plus grands joueurs de l'histoire du hand tricolore, expliquant que c'était bien sa compagne qui avait consulté les côtes du match incriminé entre Cesson et Montpellier. "Oui, c'est moi", confirme la jeune femme.
Mais comment expliquer que les téléphones portables du couple étaient séparés d'environ un kilomètre à ce moment là ? "J'étais bien avec Géraldine", assène Nikola Karabatic, alors que ses avocats s'évertuent à démontrer le manque de précision du bornage des téléphones portables. Me Phung avait ainsi déclaré après les auditions à la presse réunie : "Nous avons démontré l'absence totale de fiabilité des bornes téléphoniques en milieu urbain. Le même téléphone au même endroit peut déclencher jusqu'à 22 cellules différentes."
Nikola Karabatic a alors pu s'expliquer en détail sur la matinée de ce fameux 12 mai, alors qu'il ne participait pas au match suspecté d'avoir été truqué. Au menu donc, shopping, et pour Géraldine Pillet, un pari sur Montpellier perdant à la mi-temps du match face à Cesson dans le PMU New-Look de Montpellier. "Ce matin-là, on s'est arrêté à plusieurs endroits pour faire des courses. On n'était pas collés tout le temps. Mais il m'attendait à l'extérieur. Il n'était pas loin", explique-t-elle. Niko Karabatic confirme : "Je suis resté à proximité du New-Look."
Explications peu concluantes
Suite à ces paris, les juges tentent de savoir pourquoi Géraldine Pillet est allée retirer ses gains dans des bar-tabac de Paris et Clermont-Ferrand deux jours plus tard. Là aussi, la jeune femme a des explications qui ne semblent pas convaincre les magistrats : "On s'est retrouvé un jour avec Luka (Karabatic, frère de, ndlr) et Enzo (ami des deux frères handballeurs), ils m'ont expliqué les difficultés qu'ils avaient à encaisser les tickets dans la région. Comme j'étais sur Paris, je leur en ai pris. Il est possible qu'on ait échangé des tickets à cette occasion et peut-être que Luka ou Enzo m'en ont passé (...). Je ne vois pas d'autres explications." Interrogé sur les déclarations de sa compagne, l'international champion olympique à Londres fait mine de ne pas savoir : "Pour les tickets, il faut demander à Géraldine. Moi je n'ai jamais mis les pieds dans un bureau de tabac (...) Je ne me souviens pas de ces journées-là précisément. Je ne sais pas qui on a rencontré ou pas." Selon l'enquête de police, les gains de Géraldine Pillet s'élèverait à 4350 euros pour une mise de départ de 1500 euros.
Science et sport
Un peu plus loin dans le procès-verbal, Nikola Karabatic revient sur le rapport dans lequel un expert en physiologie pointait du doigt l'attitude des joueurs de Montpellier, bien en deçà de leurs performances individuelles habituelles, à l'exception de la légende Mickaël Guigou. Des conclusions restées en travers de la gorge de l'athlète de 29 ans : "Montpellier est généralement mené à la mi-temps (...). Il faut prendre en compte que l'équipe de fin de saison n'est pas la même que celle du début de saison. Il manquait beaucoup de cadres, il y avait des jeunes et des joueurs de retour de blessure. De plus on était déjà champions donc la motivation était très faible. (...) Le sport ce n'est pas scientifique. On ne peut pas étudier le comportement du gardien ou des joueurs de manière scientifique (...) en plus Monsieur Sallet n'est pas connu comme un spécialiste du handball. On ne peut pas déduire du geste d'un gardien qui baisse son bras que c'était un geste volontaire pour laisser passer un but."
Malgré la polémique et l'instruction toujours en cours, Nikola Karabatic participera à la prochaine mouture des Dieux du Stade, le fameux calendrier du Stade Français. Une façon comme une autre d'essayer de redorer une image maltraitée depuis la révélation de l'affaire...