Plutôt discret sur ses opinions politiques, Omar Sy a récemment pris la parole pour un sujet capital : les violences policières. Quelques jours après la mort de George Floyd, cet Américain noir tué par un policier blanc lors d'un contrôle, l'acteur originaire de Trappes s'est réjoui dans L'Obs que "la parole se libère enfin".
L'acteur commence par évoquer cette enquête de Street Press, qui dévoilait des groupes Whatsapp ou Facebook de policiers tenant des propos racistes, homophobes, sexistes et illégaux. "Ce que nous dénonçons ne relève donc pas du fantasme. On n'invente pas des monstres : la peur existe. Je suis pour le débat et l'échange, mais je ne comprends pas qu'on remette en question le ressenti des gens", déplore Omar Sy, qui estime que les violences policières "sont l'affaire de tous".
En dénonçant la brutalité et le racisme de la police française, Omar Sy a reçu une vague de commentaires haineux. À ceux qui l'accusent d'avoir fui la fiscalité française, il les invite à "se renseigner sur la fiscalité californienne". "Je paie des impôts en France, et je rappelle que je suis citoyen français et, à ce titre, il me semble que j'ai le droit d'appeler à la justice. (...) J'ai vécu certaines choses que je n'oublierai pas. Que des enfants continuent dans les quartiers populaires de vivre aujourd'hui la peur que j'ai connue hier me dérange, oui. Rien n'a changé", rappelle-t-il.
"Je connais cette injonction sourde à faire profil bas"
"J'ai subi de trop nombreux contrôles au faciès. C'était il y a plusieurs dizaines d'années. J'ai vu aussi des proches pleurer leur enfant, mort après avoir croisé le chemin des forces de l'ordre. C'était il y a cinq ou six ans. J'ai encore suivi l'affaire Adama Traoré. C'était il y a quatre ans. Je connais le poids de cette douleur, je connais ce sentiment l'illégitimité sous lequel les parents ploient quand il s'agit de demander justice. Je connais ce silence coupable auquel on les renvoie, je connais cette injonction sourde à faire profil bas qui décuple les souffrances", dénonce Omar Sy, qui partage aujourd'hui le combat d'Assa Traoré.
Depuis quatre ans, elle lutte "sans faillir" pour obtenir des réponses "que la justice lui doit" à propos de la mort de son petit frère Adama, décédé après un violent contrôle de police en 2016. "À ce titre, elle fait du nom d'Adama un symbole qui résonne fort aujourd'hui", poursuit Omar Sy, qui compare cette affaire à celle de George Floyd.
"Ces deux hommes sont morts entre les mains des forces de l'ordre. Tous deux se sont plaints de ne plus pouvoir respirer. Dans les heures qui ont suivi ces deux drames, les autorités ont conclu avec empressement à une défaillance cardiaque de chacune des victimes. C'est toujours le même processus à l'oeuvre", dénonce l'acteur. Quant à ceux qui s'efforcent de séparer les deux affaires, Omar Sy croit qu'ils ne veulent qu'éviter la seule question qui compte : "Est-ce que la mort de ces deux hommes est juste ?"
Omar Sy attend désormais des "actes forts" de la part du gouvernement.
Retrouvez l'interview d'Omar Sy en intégralité dans le dernier numéro de L'Obs.