Oscar Pistorius fait son mea culpa. Pour ses premières déclarations depuis le drame, l'athlète accusé du meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp a présenté ses excuses à la famille de la victime au cours de son procès, lundi 7 avril. Une audience durant laquelle l'accusé a également fait quelques confidences sur sa mère et montré une grande fragilité avant que l'audience ne soit renvoyée au lendemain, le sprinteur sud-africain ayant été jugé "épuisé"...
Des excuses et des "terribles cauchemars"
C'était l'un des moments les plus attendus depuis le début du procès : la déposition d'Oscar Pistorius. Appelé à la barre pour la première fois, le champion paralympique a choisi d'adresser ses premiers mots à la famille de sa petite amie décédée sous ses balles. "Madame le juge, je voudrais avoir l'occasion... de m'excuser auprès de la famille, a-t-il d'abord déclaré, la voix brisée et presque inaudible. Je m'excuse, je vais parler plus fort [...] Depuis que cette tragédie est arrivée, je n'ai cessé de penser à la famille. Je me réveille tous les matins et ce sont les premières personnes auxquelles je pense. Je ne parviens pas à imaginer la peine, le chagrin et la détresse que j'ai causés à cette famille. [...] J'ai essayé de coucher mes mots sur le papier pour vous écrire mais les mots ne suffiront jamais", a-t-il poursuivi, en larmes.
Oscar Pistorius a ensuite une nouvelle fois clamé qu'il s'agissait d'un accident. "J'essayais seulement de protéger Reeva. Je voudrais que les gens sachent qu'elle était aimée quand elle s'est couchée cette nuit-là", a-t-il ajouté, avant d'évoquer ses difficultés pour vivre depuis qu'il a commis l'irréparable. Il a notamment expliqué être sous médicaments et souffrir de "terribles cauchemars". "Je me réveille la nuit avec l'odeur du sang", lâche-t-il lors de cette déposition qui ne sera pas diffusée à la télé.
"Ma mère avait une arme sous son oreiller"
Le procès est également revenu sur la vie d'Oscar Pistorius et en particulier son enfance dans un quartier plutôt sensible de Pretoria. L'athlète a en particulier évoqué sa maman, décédée lorsqu'il n'avait que 15 ans. "Ma mère se faisait beaucoup de soucis pour la sécurité. Nous avons grandi dans une famille où mon père n'était pas souvent là, et elle avait souvent peur la nuit, il lui arrivait d'appeler la police, a-t-il raconté. "Elle conservait une arme à feu dans une housse rembourrée sous son oreiller." Une façon pour l'accusé de justifier son geste, lui qui a toujours expliqué qu'il avait cru tirer sur des cambrioleurs et non sur sa petite amie. D'autant que les témoignages de ses proches ne plaidaient pas vraiment en sa faveur depuis le début du procès, le décrivant comme une personne agressive et très portée sur les armes à feu.
Au début de l'audience, c'est Jan Botha, médecin légiste, qui a été appelé à la barre. Il a notamment mis en cause les conclusions de son confrère Gert Saayman, cité par l'accusation, qui avait trouvé les reliefs d'un repas avalé vers 1h du matin par la victime alors que l'athlète avait affirmait que le couple s'était tranquillement couché vers 22h. Même s'il n'a pas examiné la petite amie d'Oscar Pistorius, le médecin a émis des réserves sur ce calcul du temps, une "science hautement sujette à controverse et inexacte".
Dans un vif contre-interrogatoire, il a cependant été malmené par le très agressif et théâtral procureur Gerrie Nel, qui a déclaré que le rythme de digestion de Reeva était "a priori normal". Le Dr Botha est toutefois d'accord avec les experts sur l'ordre dans lequel les quatre balles de 9 mm ont touché la victime, à 3h17 le 14 février 2013, à Pretoria : d'abord la hanche puis la tête en dernier. Reeva aurait donc eu le temps de crier avant de mourir comme l'estime le procureur et comme le pensent les voisins du couple qui disent l'avoir entendue. Ce qui met à mal la thèse d'Oscar Pistorius selon laquelle il aurait cru à des cambrioleurs.
Oscar Pistorius épuisé, le procès renvoyé
S'il n'a cette fois pas vomi au cours de l'audience, Oscar Pistorius a été pris de nausées lorsque le médecin a détaillé les blessures de Reeva. L'athlète est également resté longuement la tête entre ses mains et a pleuré pendant la pause. "L'air épuisé" après sa déposition de trois quarts d'heure selon la juge Thokozile Masipa, celle-ci a ajourné le procès à mardi sur demande de la défense. "Si ce n'est pas la même chose tous les jours et que le procès peut avancer, je n'ai pas d'objection", a répondu le procureur Gerrie Nel, qui ne devrait pas ménager l'accusé lors de son contre-interrogatoire...