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"Je suis quelque part entre la colère, le repos, la révolte et le lâcher prise", voilà comment Claire Pommet commence son témoignage. Auprès de Médiapart - qui avait déjà recueilli la parole d'Adèle Haenel -, le jeudi 11 février 2021, la chanteuse a expliqué avoir été victime de violences sexuelles lorsqu'elle était adolescente. Dans une lettre ouverte, Pomme livre son récit avec courage, détermination et sensibilité.
Elle décrit une industrie de la musique pourrie par la culture du viol. "Cela fait plusieurs années que j'évolue dans l'industrie de la musique, de longues années à vrai dire, si je les compte, j'arrive à huit, à peu près. Je n'ai presque plus assez de mains. Et si je les compte à rebours, la première année, j'avais 16 ans (...) Mon arrivée dans l'industrie de la musique a été traumatisante. (...) Énième victime d'un système d'oppression dangereux. Plus dangereux encore pour les femmes queer, handicapées, racisées. Qui sont les plus invisibilisées et discriminées", commence Pomme.
Son harceleur, fondateur d'une "santé mentale détruite"
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De mes 15 à mes 17 ans, j'ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque évidemment. J'ai été l'objet de quelqu'un, façonnée selon ses fantasmes et déviances psychologiques", poursuit
Claire Pommet, 24 ans. Elle explique avoir été victime d'un homme de son entourage professionnel, qui à l'époque était un adulte de 30 ans, alors qu'elle n'en avait que 16.
Pomme a résumé toutes ces années de manipulation en quelques lignes : "Réussir à lui faire croire qu'elle est le problème, en la sexualisant, en la rabaissant, en la contrôlant. Partir en marchant à pieds joints sur les débris d'une santé mentale détruite. Ne plus jamais donner de nouvelles". Elle cite également ses propos : "Sois plus sexy, moins enfant", "J'aurais dû te baiser", "Reprends tes chansons de merde et casse-toi, débrouille-toi".
Aujourd'hui, Pomme porte encore les stigmates de ces années de relation toxique. "J'ai mis des années à retrouver une confiance en moi qui puisse me porter et m'autoriser à être celle que je suis aujourd'hui. Je ne suis pas un cas isolé, bien au contraire, et j'ai eu la chance d'être entourée par la suite d'humains bienveillants (à l'intérieur, mais surtout à l'extérieur du milieu de la musique) qui m'ont permis de reprendre possession de mon corps, de mon art, et de ma valeur au fil des années", poursuit l'interprète d'Anxiété.
Il est temps que la honte et la peur change de camp
Si Pomme a choisi de porter son témoignage sur Internet et non pas devant une cour de Justice, c'est parce qu'elle "acquitte" ces hommes, qui sont responsables de 98% des agressions, harcèlement et viols recueillis par le compte @MusicToo, qui recueille les témoignages de victimes dans l'industrie. En témoignant, Pomme a ainsi choisi de ne pas rester silencieuse et dénonce aujourd'hui la complaisance des autorités et du système qui protège ces hommes qui agressent.
"Il est temps que la honte et la peur changent de camp. Nous sommes capables d'identifier ces comportements et agressions. Donc nous sommes capables de les renverser et de changer les choses", conclut-elle. Sur les réseaux sociaux, sa lettre ouverte a été largement partagée. La continuité d'une révolution dans l'industrie de la musique française ?