Prince Andrew : Les accusations d'abus sexuels de Virginia Roberts ignorées

Hormis une déclaration laconique lâchée, au plus fort du scandale, devant un parterre d'invités acquis à sa cause à Davos en janvier, on ne peut pas dire que le prince Andrew ait fait grand cas - publiquement parlant - des accusations de relations sexuelles forcées formulées par Virginia Roberts... Retranché derrière les démentis catégoriques et répétés de Buckingham Palace, conseillé par sa cellule de crise, le fils de la reine Elizabeth II peut aujourd'hui pousser un soupir de soulagement : les allégations de la jeune femme qui dit avoir eu des relations sexuelles avec lui en 2001, alors qu'elle n'était âgée que de 17 ans, ont été retirées d'une procédure en cours aux États-Unis.

Pour la deuxième fois, le prince Andrew, ex-époux de Sarah Ferguson et père des princesses Beatrice et Eugenie, s'en tire sans laisser trop de plumes. L'histoire de Virginia Roberts, qui dit avoir été l'esclave sexuelle du milliardaire américain Jeffrey Epstein entre 1999 et 2002 (année où elle profita d'un séjour en Thaïlande censé améliorer son expertise en massages pour s'enfuir), avait été révélée il y a quelques années (en 2007) par une journaliste du DailyMail qui avait retrouvé sa trace en Australie, où, mariée et maman, elle avait refait sa vie. Son récit, salace et sordide, avait éclaboussé le prince britannique en 2011, lorsqu'il avait affiché son amitié (née à la fin des années 1990) dérangeante avec Epstein, magnat de la finance condamné en 2008 à de la prison ferme pour sollicitation sexuelle de mineures et inscrit au fichier des délinquants sexuels.

L'affaire a ressurgi inopinément début 2015, lorsque Virginia Roberts, rentrée aux États-Unis depuis un an avec sa famille, s'est ralliée à une procédure en cours devant un tribunal civil de Floride, État dans lequel Jeffrey Epstein possède une résidence (à Palm Springs) qui aurait abrité des abus sur mineures. Des poursuites civiles avaient été engagées en 2008 pour dénoncer l'accord passé par le milliardaire avec les procureurs, consistant en un plaider coupable d'un unique chef d'accusation en Floride : un arrangement assurant une peine clémente au prévenu qui aurait été noué sans consultation des victimes, ce qu'impose pourtant la loi. Deux femmes, désignées dans les documents de justice sous les pseudonymes Jane Doe 3 et Jane Doe 4, tentaient d'étayer le dossier. Jane Doe 3, c'est Virginia Roberts, qui affirme avoir été contrainte à avoir des rapports sexuels avec le prince Andrew à trois reprises au cours de l'année 2001, à Londres (leur première rencontre, arrangée par et chez Ghislaine Maxwell), à New York (une autre jeune femme s'y trouvait et s'est exprimée), et dans les Caraïbes (où aurait eu lieu une véritable orgie). La jeune femme, qui prévoirait de tout raconter dans un livre, a accompagné ses assertions d'un récit extrêmement graphique...

Mais le juge Kenneth Marra, du tribunal du comté de Palm Beach, est demeuré imperméable à cette débauche de descriptions "sensationnalistes" contre lesquelles la duchesse d'York, ex-femme du prince et toujours dévouée à l'homme de sa vie, s'est insurgée. Selon des documents rendus publics mardi, il a statué lundi qu'à ce stade le dossier des deux femmes ne pouvait être intégré à la plainte d'origine : "Ces détails sordides ne sont pas nécessaires [dans le cadre de la procédure] Ces détails non nécessaires seront supprimés", a-t-il tranché, jugeant par exemple "non concret et non pertinent" l'évocation de l'orgie. Virginia Roberts et Jane Doe 4 pourront toutefois être appelées à la barre pour témoigner au procès. Le feuilleton est donc encore loin d'être fini...