Prince Harry: Rentré d'Afghanistan, joie et réactions à chaud sur la controverse

Après une brève escale à la base britannique d'Akrotiri à Chypre, où il a pu décompresser après avoir quitté l'Afghanistan lundi soir, le prince Harry est rentré mercredi 23 janvier 2013 au pays, arrivant à 16h45 à la base RAF Brize Norton, dans l'Oxfordshire, à bord d'un vol régulier de convoi de personnel militaire.

Un retour au bercail qui met un terme à quatre mois de quasi-abstinence médiatique autour du prince de 28 ans, qui était déployé depuis septembre 2012 en tant que copilote-artilleur d'hélicoptère Apache en Afghanistan, à Camp Bastion, dans la province du Helmand, où il avait servi déjà en 2008.

Si son départ en mission et le silence radio inhérent avaient permis de pousser un peu dans l'oubli le scandale de son séjour très festif à Las Vegas et des photos de lui nu alors parues, son retour en lumière embrase à nouveau l'actualité, d'autant que lui-même a fait en sorte, de par son caractère pour le moins entier, d'allumer la mèche : dans une édifiante interview sans tabou accordée à la base de Camp Bastion avant son départ mais diffusée seulement après en même temps que des photos de son quotidien des derniers mois, Dirty Harry revenait sur le scandale en admettant ses excès mais en condamnant la presse. Entre autres confidences, telles que sa joie concernant la grossesse de la duchesse de Cambridge, la jalousie de son frère William quant à son départ au combat, ou encore le fait, avoué avec une certaine candeur, qu'il a tué des talibans, "comme la plupart des gars là-bas", et que "c'est une joie pour quelqu'un comme lui qui adore jouer à la PlayStation ou à la Xbox de voir que ses pouces peuvent servir à quelque chose". Le genre de déclaration propre à donner un coup de chaud à ses supérieurs et à renforcer la menace pesant sur sa personne : d'ailleurs, Scotland Yard a immédiatement réagi en renforçant la sécurité autour de lui pour son retour. Et si Harry est unanimement loué tant pour sa bravoure au combat que pour son esprit de camaraderie, des gradés de la Défense l'ont mis en garde contre le fait qu'attirer l'attention sur lui et parler aussi crânement de son rôle sur le terrain peut faire de lui une cible privilégiée (ce qu'il est déjà par nature). Il n'y a de toute manière guère de probabilités que la Captain Wales, comme il est connu dans l'armée de l'air, soit redéployé sur place d'ici à 2014, date du retrait d'Afghanistan de la force internationale. A moins qu'il demande à être affecté à la Household Cavalry dans l'espoir hautement improbable d'être déployé au sol.

Les médias étaient bien entendu au rendez-vous pour recueillir ses premières impressions à chaud. Et s'ils ont été évidemment attentifs à son "impatience de voir William et Kate", les journalistes ont également prêté attention à un nouveau récit de guerre du prince Harry sur son quotidien en Afghanistan, celui de son dernier jour, où il a vu une fillette de 7 ans abattue par des insurgés : "Je ne sais plus ce que normal veut dire ni ce que ça a jamais voulu dire, a-t-il ainsi confié, marqué, à Sky News. Il n'y a rien de normal dans ce que nous aons fait ces quatre derniers mois et demi. Pour mon dernier jour là-bas, j'ai vu une fillette de 7 ans abattue par des insurgés. La normalité, c'est quelque chose de très ambigu. Je vais continuer à être moi-même. Je vais continuer à être un soldat."

"C'était une expérience infernale. Je suis vraiment fier des gars. C'est très différent de la dernière fois que j'y suis allé. Je suis simplement ravi d'être de retour. Un peu de ciel bleu à Chypre, un peu de détente, un peu de comédie - et retour à la neige. Ces quatre mois et demi sont passés très vite. Là-bas, vous vivez des choses que vous ne vivrez jamais ailleurs. Et la meilleure chose, c'est de rentrer. J'ai hâte de pouvoir retrouver ma famille. Quand vous partez quatre mois et demi, vous n'êtes plus au courant de grand-chose."

En réaction à la controverse et aux inquiétudes, Harry a offert une réponse beaucoup plus modérée mercredi aux journalistes qui lui ont demandé de s'expliquer sur ces propos : "Pour les milliers de gars en opération à ce moment-là, nous continuions à essayer de faire notre job, un job pour nous, un job pour les mecs à notre gauche et ceux à notre droite, et, de mon point de vue, tout particulièrement ceux au sol. Nous soutenons le peuple afghan, l'armée afghane, la manière dont les choses évolue est fantastique, la différence entre 2006 et maintenant est fantastique. On nous demande de faire des choses qui sont des choses à faire lorsqu'on porte cet uniforme, c'est aussi simple que ça."

Harry, qui, descendant de son vol en Airbus A330 Voyager, n'a pas suivi son escadron (le 662e du 3e régiment) à la base de Wattisham dans le Suffolk, probablement pour retrouver les siens au plus vite, a fait part de son intention de reprendre du service en matière de missions royales et caritatives. Et de voir ses proches, en toute intimité : "Vous n'êtes pas invités, les mecs", a-t-il taquiné les reporters.