Pour la première fois depuis ces dramatiques vacances aux sports d'hiver dans les Alpes autrichiennes, en février 2012, qui lui ont pris son mari, plongé dans un coma dont il ne se réveillera pas sans séquelles (s'il se réveille), la princesse Mabel d'Orange-Nassau prenait part mercredi 12 décembre à un engagement officiel de la famille royale néerlandaise.
Autour de la reine Beatrix des Pays-Bas étaient rassemblés, pour la remise annuelle du Prix Prince Claus, ses fils, le prince héritier Willem-Alexander avec son épouse la princesse Maxima, et le prince Constantijn avec son épouse la princesse Laurentien. Un seul des trois binômes était tristement incomplet : Mabel était seule à Amsterdam, tandis que le prince Friso continuait d'errer dans les limbes de son coma à la clinique Wellington, à Londres. Une participation obligée : le prince Friso est, avec son frère Constantijn, président d'honneur de la Fondation Prince Claus, dont le prix annuel récompense les initiatives culturelles ayant un impact remarquable sur la société.
Et au plaisir de la revoir active au sein de la famille royale a vite succédé le déplaisir de constater, au travers des images douloureuses de ce rassemblement, sa détresse : vêtue de noir, la princesse Mabel, 44 ans, qu'on a connue si rayonnante, semble n'être que l'ombre d'elle-même. Rares ont été les demi-sourires à tenter d'éclairer son visage grave, qui contrastait terriblement avec l'exubérant sourire perpétuel d'une Maxima aussi glamour que d'habitude (peut-être encore plus, d'ailleurs, du fait de sa nouvelle coupe de cheveux). A l'observer auprès de la monarque batave également habillée de noir, on croyait par instants revoir ces pénibles images de leurs visites à l'hôpital d'Innsbruck, effondrées, avant que le diagnostic, effroyable, tombe...
Naturellement, la reine Beatrix, comme elle a appris à le faire depuis l'accident de ski de son deuxième fils, enseveli sous une avalanche pendant plusieurs dizaines de minutes, a courageusement présidé la cérémonie. Le mois dernier, la cour hollandaise informait le public que le prince Friso, qui avait connu un bref réveil en septembre, montrait "de très faibles signes de conscience (...), état est connu sous le nom de "conscience minimale"", indiquant par ailleurs qu'il faudrait plusieurs mois avant de pouvoir évaluer plus clairement ses chances. La princesse Mabel, qui a démissionné de son poste de P.-D.G. de l'ONG The Elders (créée par Nelson Mandela, présidée par Desmond Tutu) au printemps pour se consacrer à son mari et leurs filles (les comtesses Luana (7 ans) et Zaria (6 ans)), a décidé à la rentrée du retrait de Friso de son poste de directeur et directeur financier d'Urenco, un grand groupe du secteur de l'énergie nucléaire spécialisé dans l'enrichissement d'uranium basé dans le Buckinghamshire.
Si, du fait de la présence de la princesse Mabel au palais royal à Amsterdam, Friso était dans tous les esprits, on n'en a pas moins fait honneur au lauréat du Prix Prince Claus, la maison d'édition argentine Eloisa Cartonera, qui rend accessible au plus grand nombre les livres grâce à un processus de recyclage qui permet de diffuser la culture à bon marché. Fondée en 2003, la société a même fait des émules en Amérique latine et au Mozambique.