Le début de la fin... Le procès d'Oscar Pistorius est entré dans sa dernière ligne droite à en croire les différentes parties. L'athlète accusé du meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp a été considéré comme pénalement responsable de ses actes. Désormais, les derniers témoins devraient défiler à la barre d'ici à la fin de la semaine.
Pistorius et son chirurgien
Alors que sa défense espérait miser sur la reconnaissance d'un trouble anxieux généralisé, les experts qui ont examiné le sportif ont estimé qu'il "ne souffrait pas d'un trouble mental ou d'une infirmité qui l'aurait rendu pénalement irresponsable de l'acte dont il est accusé". Ce lundi 30 juin, le procès d'Oscar Pistorius reprenait après un mois d'interruption à la suite des expertises psychiatriques ordonnées par la juge Thokozile Masipa.
La veille, comme à son habitude, le sportif, dans son costume sombre, était arrivé, le visage inexpressif. Ce 1er juillet, c'est un peu plus détendu qu'il s'est présenté à la barre du tribunal de Pretoria. La litanie des témoins a repris, avec pour débuter Gerald Versfeld, le chirurgien qui avait amputé Oscar Pistorius alors qu'il n'était âgé que de 11 mois et dont il est resté très proche. Il a insisté sur le fait que, sans ses prothèses, Pistorius restait extrêmement vulnérable. Il a demandé durant son témoignage à l'accusé de dévoiler ses moignons, ce qui avait entraîné une réaction ironique du procureur Gerrie Nel. "C'est étonnant", avait lâché ce dernier, expliquant que l'accusé n'était pas si vulnérable que cela le jour de la mort de Reeva Steenkamp, en allant sans prothèses jusqu'à la salle de bain, en tirant quatre fois de suite et en revenant dans la chambre sans vaciller et "tout ça dans le noir".
Les cris de retour au coeur du procès
Gerrie Nel a par la suite tenté de démonter le témoignage d'un ingénieur acousticien, Ivan Lin, cité par la défense. Selon lui, "personne sans exception ne peut distinguer, avec fiabilité, les cris d'un homme ou d'une femme" : "Il est fort peu probable qu'un auditeur puisse entendre un cri, et encore moins interpréter la source sonore de façon fiable." Les cris entendus par les témoins sont au coeur du procès.
Selon l'accusation, Reeva Steenkamp aurait crié avant de mourir, le 14 février 2013. Ce qui implique donc qu'après son premier coup de feu, Oscar Pistorius ne pouvait ignorer qu'il tirait sur sa compagne. Pour la défense, c'est au contraire Oscar Pistorius qui a hurlé en découvrant le cadavre de Reeva dans les toilettes. D'après Ivan Lin, les témoins n'ont pu faire la distinction entre une voix d'homme et une voix de femme. Pour Gerrie Nel, les voisins habitant à 177 mètres de la maison d'Oscar Pistorius ont au contraire très bien pu faire la différence.
La voix d'une femme
Le technicien n'aurait pas réalisé ses tests dans les bonnes conditions la semaine dernière, oubliant par exemple les maisons qui ont été construites ces derniers mois près de la demeure d'Oscar Pistorius, vendue depuis pour financer le procès. "Nous avons quatre personnes qui ont identifié le son de la voix d'une femme, nous n'avons aucune exception", a-t-il notamment indiqué. "Je crois qu'ils ont entendu un bruit, mais je ne peux pas dire s'ils ont raison ou tort, ce n'est pas à moi d'interpréter cela. Pas du tout", a répondu l'acousticien à qui le procureur a demandé s'il pensait que les témoins à charge mentaient.
D'ici à la fin de la semaine, les témoins de l'accusation et de la défense devraient avoir terminé leur long défilé. Les deux parties se chargeront alors de rédiger leurs conclusions qu'elles transmettront à la juge Thokozile Masipa. Elles devront répondre éventuellement aux questions de la juge au cours d'une nouvelle audience, avant qu'elle se retire pour rendre son verdict. Oscar Pistorius risque vingt-cinq ans de prison s'il est reconnu coupable.