Depuis qu'elle a explosé il y a quinze ans dans le film Chaos – qui lui avait valu le César du meilleur espoir –, Rachida Brakni a parcouru un chemin passionnant et très marqué par son engagement politique. Impossible ces jours-ci de passer à côté de ses différents talents artistiques puisqu'elle sort De sas en sas, son film sur l'univers carcéral avec Zita Hanrot, elle joue sur scène au théâtre du Rond-Point dans Je crois en un seul dieu et elle chante avec Gaëtan Roussel sur le disque Accidentally Yours. Sans parler de son deuxième long métrage en tant que réalisatrice qu'elle prépare déjà, dans le cadre d'un triptyque même si c'est encore un peu flou. Un travail qu'elle mène depuis chez elle, non pas en France mais à Lisbonne.
Mère de deux enfants avec l'ancien footballeur Éric Cantona (Emir, 7 ans, et Selma, 3 ans), l'actrice de 40 ans a posé ses valises dans la capitale portugaise. Elle explique à Version Femina comment elle organise sa vie professionnelle et personnelle entre les deux pays : "Le week-end ou entre deux dates, je file à la maison. Je m'organise avec Éric et, dans mes tournées, je demande à être libre pendant les vacances scolaires. Je gère mon temps pour profiter d'eux au maximum." Rachida Brakni avait toujours rêvé de vivre à l'étranger et le choix du couple s'est porté sur le Portugal qu'il connaît bien pour y séjourner régulièrement depuis dix ans. Elle ajoute : "Je voulais partir aussi pour proposer autre chose à mes enfants. Et puis cette histoire de déchéance de nationalité m'a tellement plombée qu'on a sauté le pas. Mon fils et ma fille sont au lycée français, on vit au bord de la mer, à deux heures de Paris seulement, il y a le soleil, la bonne bouffe, la mixité sociale... J'adore la France, j'y reviendrai, c'est mon pays, mais Lisbonne nous offre un cadre de vie idyllique."
Dans les colonnes de Télérama, Rachida Brakni avait déjà évoqué son expatriation : "J'aime profondément mon pays, mais j'ai ressenti le besoin de le quitter quand il a commencé à être question de déchéance de nationalité. Il y a des gens sur qui l'environnement, l'ambiance, les décisions politiques glissent. Pas sur moi. (...) Quand Nicolas Sarkozy était président, je savais qui était mon ennemi. Je n'ai jamais aimé ses idées, ni ce qu'il incarnait. J'étais dans une forme de résistance. C'est plus compliqué, douloureux même, quand ce sont les vôtres qui sont au pouvoir. J'ai beau me dire que c'est de la politique, des mots comme 'déchéance de la nationalité' ont un poids. Et cette manoeuvre méprisable a été pour moi d'une violence inouïe. J'habite Lisbonne depuis avril. Je reviendrai en France parce que j'aime ce pays et qu'il est peuplé de gens merveilleux qui font contrepoids. Mais là, comme en amour, j'ai besoin de mettre de la distance pour mieux revenir."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Version Femina, supplément du Journal du dimanche du 19 février.