A quoi joue Raphaël ? Après avoir heurté les sensibilités et agacé les censeurs avec le clip de Bar de l'hôtel, après avoir bravé la mère Patrie en piteux état et pourfendu l'extrême-droite en chevauchant avec Jeanne d'Arc pour Le Patriote, c'est... à chat qu'il joue à présent.
Comme pour mieux illustrer son imperméabilité aux foudres de ses détracteurs, le compagnon de Mélanie Thierry et père de leur jeune garçon, Roman, proposait déjà, ce 27 octobre, un troisième clip (en moins de deux mois) accompagnant un nouvel extrait de son album Pacific 231 paru fin septembre : La Petite Misère.
Si le registre est fondamentalement différent du Patriote, délaissant la provocation hérétique pour les déchirements amoureux sur fond de condition mortelle, l'auteur du clip est le même : Samuel Benchetrit. Après Dahan, Audiard et Assayas, c'est en effet au tour du réalisateur de J'ai toujours rêvé d'être un gangster de mettre en scène le chanteur blême au style de doux écorché.
Bravache sur la Jeanne dorée de la place des Pyramides à Paris, où Benchetrit filmait caméra au poing pour un rendu volontairement "amateur", Raphaël, qui s'apprête à entamer une tournée nationale, s'essouffle cette fois sous la houlette du cinéaste dans un jeu de chat et de souris avec une demoiselle, le tout livré en slow motion. Certains codes "théâtraux" du clip précédent sont encore présents : notamment le prologue et l'installation du décor, un cadre une nouvelle fois dépouillé - une table, un gymnase.
Des motifs traités avec poésie et comme suspendus hors de toute temporalité par ce choc entre la course-poursuite et sa restitution au ralenti...
Un clip sans doute plus consensuel que son prédécesseur, mais Raphaël, dans son jeu du chat et de la souris avec son art et les observateurs, demeure bien difficile à capturer...
G.J