Après tant de coups d'éclats dont le public se serait volontiers passé, le football français semble n'avoir d'autre choix que d'alimenter les chroniques judiciaires... tous azimuts.
Sur le plan sportif, on est tranquilles, circulez, y a rien à voir : lors du colloque organisé dimanche à Ouistreham par la direction technique nationale, le nouveau sélectionneur Laurent Blanc a pris grand soin d'entretenir le mystère le plus total sur ses intentions, et on ignore toujours avec quels joueurs il bâtira son équipe - sous-entendu : sanctionnera-t-il, tout ou partie, les Bleus incriminés dans le fiasco moral en Afrique du Sud ? La réponse sera nécessairement livrée début août, puisque la France doit affronter le 11 août prochain la Norvège, en match amical...
A contrario, l'envers du décor se donne en spectacle : tandis que l'affaire Zahia ressurgit sulfureusement, avec les placements en garde à vue de Karim Benzema, Franck Ribéry et deux ses proches (son beau-frère, et un agent de joueur), puis la mise en examen de Franck Ribéry pour "sollicitation de prostituée mineure", et celle de Benzema qui devrait arriver dans la foulée, c'est le statut de Raymond Domenech qui soucie les instances.
Officiellement, le sélectionneur sortant, qui aura poussé la mauvaise foi et le mauvais goût jusqu'au bout de de l'échec, est en poste jusq'au 31 juillet 2010, selon les termes contractuels. Au-delà, il abandonne les fonctions de sélectionneur à son successeur mais reste salarié de la DTN (Direction Technique Nationale), en CDI, au titre de formateur d'entraîneurs (un poste à 12 000 euros par mois). "Je ne le vois pas donner des cours sur la façon de gérer une équipe, alors qu'il a apporté la preuve du contraire", s'émeut déjà Guy Chambilly, doyen du Conseil fédéral, qui avait déjà demandé la destitution de Domenech en décembre dernier. Du coup, l'éviction de Domenech semble indispensable : "Oui, on demandera son départ lors du conseil fédéral (vendredi, Ndlr). Je suis pour son licenciement. On peut réfléchir à une faute grave, quitte à aller aux prud'hommes". Une position largement partagée (beaucoup souhaiteraient une démission spontanée de Domenech, "s'il a un peu d'honneur" - selon la formule du président de l'AS Nancy Lorraine Jacques Rousselot) mais qui pourrait coûter cher : cité par lequipe.fr, un dirigeant de la Fédération estime à 2 millions d'euros les dommages et intérêts que Raymond Domenech pourrait réclamer en cas de licenciement - assortis d'indemnités équivalentes à deux ans de salaire, complète L'Equipe.
Ce qui lui donnerait tout loisir de songer confortablement à une éventuelle reconversion : les pistes et partenaires sont loin de se presser au portillon...