"Le train ne sifflera plus… Jamais…" C’est avec ces quelques mots que des fans de Richard Anthony partageaient leur peine face aux micros des journalistes, le 20 avril 2015. La veille, le chanteur yéyé s’était éteint après de longues années de lutte contre un cancer généralisé. Une perte pour la variété française, déclenchant une vague d’hommages dans les médias.
"Ça me fait de la peine parce que c'est un immense artiste qui avait une voix exceptionnelle, et qui, d’autre part, était l’un des rares artistes des années 1960 vraiment connus en Europe, même en Angleterre. C’était l’époque où il partait faire ses concerts en avion — après, on sait qu’il a eu plein de problèmes avec les impôts ! C’était un musicien… Moi, j’adore les musiciens… Il était farfelu dans les affaires peut-être, mais quel chanteur !" racontait Dave sur l’antenne de RTL. Patrick Fiori déclarait sur les ondes de France Bleu : "J’ai été baigné dans la musique française, Brel, Brassens, Richard Anthony… C’était un chanteur populaire, de variétés. Il avait des chansons légères et à la fois profondes. "
Sylvie Vartan ajoutait auprès des journalistes d’Europe 1 : "C’est une triste nouvelle, il me ramène à mes débuts. Le précurseur de nous tous. Je l’ai connu dans les années 1960, on a fait de nombreux spectacles, galas ensemble. Il nous a montré le chemin à tous, à Claude François aussi, puisqu’après, on a tous adapté des chansons américaines, anglaises. Il a été le premier à aller voir ce qu’il se passait, à écouter, à adapter, à faire adapter en français ces chansons… Il avait une belle voix, et donc, il y avait la qualité. Il était le number one, il a été le chef de file à cette période-là."

En s’éteignant, Richard Anthony ne laissait pas que d’anciens collègues de scène et fans en deuil. Père de onze enfants, l’interprète du Déserteur laissait aussi un grand vide auprès de sa descendance. Connu pour avoir animé l’émission Queer, cinq experts dans le vent au début des années 2000, Xavier Anthony révélait sur RTL avoir appris la disparition de son père sur les réseaux sociaux : "Mon père a passé quelques jours à agoniser dans le coma, chez lui… Pendant ces trois jours, la dernière compagne de mon père n’a pas jugé utile de prévenir ses enfants… J’ai appris le décès de mon père par Facebook, déclarait l’animateur télé auprès de Marc-Olivier Fogiel. Certes, je suis à Manille et il me fallait vingt heures pour revenir en Europe, mais mon frère Cédric était à Paris. Il lui fallait une heure pour aller au chevet de son père… Il l’a appris douze heures après le décès, par un texto qui faisait partie d’un message groupé à quelques copains. (…) En trois jours, on a le temps d’aller au chevet de son père, de lui tenir la main… de lui dire qu’on l’aime… Ça nous a été refusé, enlevé, sans raison apparente." Selon Xavier Anthony, Élisabeth, la compagne de son père au moment de sa mort, était "frustrée" de ne pas avoir épousé le chanteur et aurait tenu les fils de l’artiste à distance durant les dernières années de sa vie.
Dans Le Parisien – Aujourd’hui en France, Cédric Anthony – un autre des fils du chanteur disparu – révélait une facette méconnue de son père : "Il n’aimait pas le parisianisme, parler de sa vie privée et aller sur les plateaux télé, soulignait-il. Il a très souvent posé des lapins à Michel Drucker ou à Sacrée Soirée car il était maladivement timide et avait une peur panique des caméras. C’était un Oriental, et il a toujours aimé la bonne bouffe et la bonne chère, dans tous les sens du terme. Il a très bien vécu, il en a bien profité."

Sur Facebook, Alexandre Anthony, le cadet des enfants de Richard Anthony, déclarait avoir été particulièrement marqué par la disparition de son père : "Mon père est mort le jour de mon anniversaire, écrivait le jeune homme, principalement connu pour ses années de vie tumultueuse avec Sarah Marshall, petite-fille de Michèle Morgan. Je n’ai pas eu le temps de lui dire… Papa je t’aime." Depuis cette triste déclaration, les hommages au papa disparu se multiplient sur le fil Facebook d’Alexandre Anthony. Plus connu du grand public pour ses dérapages (drogue, mauvaises fréquentations), c’est dans la musique qu’il semble avoir trouvé une forme de paix. Assis au piano ou devant des tam-tams, le jeune homme performe, tout en précisant en légende : "Je suis le plus grand fan de mon papa. Je suis musicien… Et je ne lui arriverai jamais à la cheville !!!"

Une de ses récentes publications sur Facebook suscite de l'inquiétude. Sous une vidéo de la chanson L’an 2005 de Richard Anthony, Alexandre écrit : "À chaque fois que je joue, on me demande une chanson de papa, mais je pleure avant de commencer à jouer. De toute façon, je serai bientôt avec lui." Une déclaration poignante accompagnée d’un émoji mains en prière. De quoi provoquer une onde de choc parmi ses abonnés. "Pas de connerie, tu es beaucoup trop jeune mon pote. Tu as toute la vie devant toi", peut-on lire, à quoi Alexandre répond : "Il est temps de ne plus souffrir." S’ensuivent des messages lui demandant de ne pas faire de bêtises, auxquels Alexandre finit par répondre : "Ce n’est pas le nombre d’années qui compte, mais ce que tu en fais." Une citation de Winston Churchill, accompagnée d’une phrase sibylline faisant allusion à des résultats médicaux… Quelques jours plus tard, toujours sur Facebook, Alexandre Anthony pose devant une ambulance avec la légende : "Super journée (bien sûr c’est ironique)." À nouveau, ses abonnés s’inquiètent… sans réponse de l’intéressé.
Dix ans après la disparition de Richard Anthony, et aux abords de son anniversaire, Alexandre Anthony semble toujours aussi tourmenté. Souhaitons que l’apaisement vienne avec cette nouvelle année. Là-haut, son célèbre papa n’est sans doute pas pressé de le voir débarquer trop tôt…