L'héritage de Bob Marley est immense, cultivé par nombre de disciples en plus des enfants du roi rastafari, mais ses souvenirs aussi sont légion. Récemment mise en scène d'une manière extrêmement immersive et touchante par Kevin MacDonald dans le biopic Marley, document exceptionnel sorti au printemps 2012 sur les écrans, la mémoire de la légende du reggae revit aussi dans les récits et l'oeuvre de celle qui fut sa seule épouse, Rita Marley.
Veuve de l'icône reggae depuis sa disparition en 1981 à l'âge de 36 ans, victime du cancer, Rita Marley, chanteuse et dépositaire de la mémoire de Bob Marley, qu'elle avait rencontré dans les années 1960 par l'entremise de Peter Tosh (des Wailers) avant de devenir sa choriste avec son groupe I Threes, se produira mercredi soir en France, au 21e Garance Reggae Festival (25 - 28 juillet), grand-messe du reggae en France, à Bagnols-sur-Cèze (Gard). "Ne ratez pas ce concert ! On va passer un bon moment autour de notre message fait d'amour. Comme disait Bob : One love, one heart. Let's get together et feel all right", harangue-t-elle dans Le Parisien (édition du 24 juillet), pour cette soirée qui verra également Sly and Robbie, deux ex-partenaires de Bob, jouer.
Et d'amour, Rita Marley, qui fêtera son 66e anniversaire sur scène mercredi, est débordante : "Je l'aime ! Il fait partie de ma vie", clame-t-elle encore en se remémorant leur vie passée, leur amour naissant dans la pauvreté, leur message se propageant par-delà les frontières. Il y a quatre ans, elle racontait tout dans son autobiographie intitulée Ma Vie avec Bob Marley, No Woman no Cry (No Woman, No Cry: My Life with Bob Marley) : "Dans cette chanson, Bob raconte notre vie à Trenchtown [ghetto de Kingston, NDLR]. Nous ne possédions rien, excepté nos pieds pour marcher. J'ai aussi un souvenir inoubliable de cette chanson : un jour qu'il la chantait sur scène, il s'est approché de moi et m'a fait un câlin. Le public a adoré, et moi aussi !", se souvient-elle pour Le Parisien.
Devenu le mentor et le manager du groupe I Threes, qui l'accompagna de 1974 à sa mort, composé de Rita et ses amies Judi Mohwatt et la "reine du reggae" Marcia Griffiths, Bob Marley tomba amoureux de Rita et l'épousa en 1966 : "Dès qu'un garçon me regardait, il lui disait : 'Baisse les yeux, elle est à moi.' Il s'emportait vite (rires). Nous n'avons pas fait un grand mariage, mais c'était un grand amour. Nous n'avions pas d'argent pour une fête. Il a bu quelques bières... mais c'était merveilleux ! C'était un pauvre garçon mais il avait beaucoup de talent. C'était un bon parolier, un bon chanteur... et aussi un bon amant ! C'était un mec génial !"
Un bon amant, sans aucun doute, et pas que pour Rita d'ailleurs... "C'était un homme très romantique, un amoureux, il était bon et il aimait les femmes... beaucoup", concède-t-elle à propos de Bob, qui a eu avec elle trois enfants, en a adopté deux qu'elle a eus d'autres relations, et en a eus huit d'autres femmes. "C'était difficile de voir toutes ses conquêtes. Mais je prenais du recul, je regardais plus loin. Beaucoup de ces filles n'étaient que des conquêtes d'un soir. Notre mission, partager notre musique, était plus importante. Puis mon rôle à ses côtés a évolué. Je suis devenue une mère, un guide. Je n'étais plus jalouse. J'étais plus qu'une épouse", analyse-t-elle, tout en savourant sa "fierté" d'avoir été "la seule et unique" qu'il ait épousée. "Il a fait de moi une femme", avoue-t-elle encore, repensant au temps où elle était ado et où il la guidait dans ses choix : "Cela lui a valu des critiques, mais c'est injuste, car il me donnait beaucoup d'amour."
Après la disparition de Bob Marley, Rita Marley, qui vit entre la Jamaïque, Miami et la Californie (où vivent ses enfants), et l'Afrique, où elle gère notamment sa fondation au Ghana (créée en 2000 pour lutter contre la pauvreté et la famine en Afrique, la Rita Marley Foundation parraine également au Ghana des écoliers et des étudiants de la Berklee School of Music), a sorti plusieurs albums, le dernier en date remontant à 2003 (Gifted Fourteen Carnation). Depuis, on a pu entendre sa voix sur l'album The Dutchess de Fergie (chanson Mary Jane Shoes) et sur les albums Liberté (Raikoum) et Sahra (Ouelli El Darek) de Khaled.
Les enfants du clan Marley perpétuent la fibre familiale : Stephen Marley, 40 ans et quatrième de la fratrie, s'est signalé en début d'année avec le Grammy Award 2012 du meilleur album reggae pour Revelation Pt. 1: The Root of Life et tourne avec son propre fils Joseph. Damian Marley se produira en France le 4 août au Reggae Sun Ska Festival girondin tandis qu'on verra sur les athlètes jamaïcains les tenues créées par Cedella Marley et présentées avec Usain Bolt. "Ziggy, Damian, Stephen, Julian, Ki-Many, ils chantent tous, s'enthousiasme Rita Marley. Entre eux, ils se surnomment Blood, car le même sang coule dans leurs veines, celui de leur père."