Immense acteur et gueule marquante du cinéma, Robert de Niro dévoile un nouveau visage dans un documentaire intitulé Remembering the Artist : Robert de Niro, Sr. Ce n'est pas de lui dont il est question mais de son père, peintre méconnu, homosexuel, décédé en 1993, emporté par un cancer. L'icône du cinéma new-yorkais veut réhabiliter l'oeuvre paternelle dans ce documentaire signé Perri Peltz, et montrer, d'abord à ses enfants, qui était leur grand-père.
Remembering the Artist... a été dévoilé en avant-première au festival de Sundance en janvier. Il sera diffusé le 9 juin sur HBO. Robert de Niro en parle longuement cette semaine dans Out, le plus important magazine LGBT américain, qui décrit le film comme "le portrait d'un fils qui veut faire vivre l'héritage de son père". Durant l'interview, l'acteur fond en larmes.
Robert de Niro, Sr. vivait mal d'être d'un artiste sans le sou et vivait mal son homosexualité : "Oui, probablement. Etant de cette génération, d'une petite ville, explique l'acteur de 70 ans. Je n'en étais pas trop conscient. J'aurais aimé qu'on en parle un peu plus. Ma mère ne parlait pas des choses en général, et à un certain âge, cela ne vous intéresse pas non plus. Encore une fois, c'est pour mes enfants, je veux qu'ils prennent le temps de réaliser qu'il ne faut pas attendre 20 ans pour faire les choses." Dans le documentaire, Robert de Niro, les larmes aux yeux, lit de nombreux passages du journal intime de son père, où il exprime ses tourments amoureux.
En 1943, trois ans après la naissance du futur complice de Martin Scorsese, ses parents se séparent. Robert de Niro comprendra bien plus tard que c'est l'homosexualité de son père qui l'a poussé à quitter sa mère, la peintre et poétesse Virginia Holton Admiral. Malgré la séparation, ils restent proches : "Comme vous pouvez l'imaginer, nous n'étions pas le genre de père et de fils à jouer au baseball ensemble, mais nous avions une connexion. Je ne le voyais pas souvent à cause du divorce. Comme je le dis dans le documentaire, d'une certaine manière, je prenais soin de lui. Quand je pense à lui, je pense à mes enfants. J'essaye de communiquer avec eux, mais ce n'est pas facile. On en rigole. Ils ont leurs propres problèmes d'ado. Je leur donne de l'espace, mais quand je dois être là et être ferme, je le suis. Mon père n'était pas un mauvais père, ou un père absent... Il l'était en quelque sorte, absent, mais il était très aimant. Il m'adorait... comme j'adore mes enfants."
Robet de Niro a donc entrepris ce documentaire avant tout pour ses six enfants et quatre petits-enfants. "J'ai senti que je devais le faire, confie-t-il à Out. Il était de ma responsabilité de faire ce film. J'ai toujours eu envie de le faire et puis mon associée m'a dit que c'était le bon moment. Ce n'était pas prévu de finir sur HBO. Mon idée originale a toujours été de le faire pour mes enfants." Il y a le film... et le dernier atelier de Robert de Niro, Sr. Dans le quartier de SoHo à New York. Il y a quelques années, l'acteur a entrepris de tout archiver, tout photographier, tout filmer avant de se séparer des lieux : "Et puis je n'ai pas pu..."