En 33 ans de carrière, Roberto Alagna a fait sourire (et pleurer) des millions d'amoureux d'opéra. En privé, le chanteur a connu le bonheur ultime et la plus profonde des tristesses. Sa première épouse, Florence, est morte seulement un an après la naissance de leur fille.
"Il n'en parle jamais, mais la blessure est là", confiait la mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon au Figaro en novembre dernier. Cette blessure est vieille de 28 ans. Roberto Alagna était alors marié à Florence, et la fille unique du couple, Ornella, avait 1 an. Sa carrière commençait à décoller. Le tenor est alors "au nirvana", un état de grâce ruiné par la maladie. "Le soir même, ma femme me dit qu'elle ne se sent pas bien : les médecins ont diagnostiqué une tumeur et tout s'est effondré, expliquait-il au quotidien suisse Le Matin en 2012. Depuis, j'essaie d'être heureux, mais jamais à 100%. Je sais que, lorsqu'on atteint cet état (ndlr: il claque des doigts), un truc négatif surgit derrière."
L'année suivante, Roberto Alagna confie à Gala : "Florence était bretonne, très belle, avec une santé insolente, jamais un rhume, rien. Du jour au lendemain, on découvre une tumeur au cerveau et elle meurt. Une injustice incroyable... Je me souviens, lorsque j'ai accompagné ma fille à l'école pour la première fois, j'étais en pleurs dans la voiture. Pas parce qu'elle me quittait pour la journée, mais parce que je voyais cette enfant sans maman et que je ne savais pas comment j'allais m'en sortir".
L'artiste invité dans l'émission Le Grand Échiquier s'en est finalement tiré, et avec brio...
Il a retrouvé l'amour, deux fois, d'abord avec Angela Gheorghiu (qu'il épouse en 1996, dont il se sépare en 2005 et divorce en 2013), puis avec Aleksandra Kurzak. Les deux chanteurs sont parents d'une fille, Malena (7 ans), et l'aînée de Roberto Alagna, Ornella, est devenue maman à son tour en donnant naissance à un petit garçon au cours de l'été 2016.
Malgré tous ces heureux événements, Roberto Alagna reste marqué par la mort de son premier amour. "Je suis mort avec elle, je ne suis plus le même depuis, confiait-il à M, le magazine du Monde en avril 2019. J'ai passé des années à craindre pour la vie de ma fille. Aujourd'hui encore, dès qu'un bonheur devient trop intense, je freine." Roberto Alagna a peur du bonheur mais ne cesse d'en procurer à des milliers de mélomanes.