Ce vendredi 19 octobre, Silvio Berlusconi, le bronzage impeccable, s'est présenté devant les trois juges (des femmes) du tribunal de Milan. Depuis avril 2011, l'ancien chef du Conseil des ministres italien doit s'expliquer dans l'affaire du Rubygate, du nom de cette jeune femme par qui le scandale est arrivé : la justice reproche au septuagénaire d'avoir incité cette mineure à la prostitution et d'avoir fait pression sur la police. Devant le juge, l'ancien chef d'État nie en bloc.
Dans une déclaration spontanée au tribunal, Silvio Berlusconi se dit une nouvelle fois victime d'une monstrueuse opération de diffamation à son encontre et de "ses invités". "Je n'ai pas eu de relations intimes avec elle [la victime surnommée Ruby la voleuse de coeurs, NDLR]. Je n'ai jamais exercé de pressions sur les fonctionnaires de la préfecture de Milan", a lancé, sûr de lui Silvio Berlusconi. En plus d'avoir eu des rapports tarifés avec cette Ruby, il lui est reproché d'avoir usé de son pouvoir pour la libérer après son arrestation pour un vol en mai 2010. L'ancien chef du gouvernement reste sur sa version des faits, pour le moins étonnante : il serait intervenu auprès de la police pour "éviter un incident diplomatique avec l'Égypte car il croyait que Ruby était la nièce de l'ancien président Hosni Moubarak".
Selon une journaliste de l'AFP présente à l'audience, il aurait, aussi paradoxal que cela puisse paraître, admis avoir donné de l'argent à Ruby "pour l'aider" après une soirée où "tous les invités s'étaient émus de son histoire". Une histoire effectivement dramatique que la jeune Marocaine avait raconté à la télévision : violée à 9 ans par ses oncles, elle est chassée par son père à 12 pour avoir voulu se convertir à l'église catholique. Karima El Mahroug, de son vrai nom, a depuis changé de vie : la jeune femme a accouché d'une petite fille en décembre 2011, dont le père est un gérant de discothèque avec qui elle doit se marier.
Selon le Corriere della Sera, le procès "angoisse Berlusconi, lui ôte le sommeil, lui détruit ses journées". D'après l'entourage, il serait "très déprimé", et pour d'autres, comme cette starlette allemande d'origine bosniaque Sabina Began, plusieurs fois citée dans l'affaire du Rubygate et persuadée de porter l'enfant de Berlusconi, il préparerait carrément son retour en politique.
Si les médias italiens se désintéressent quelque peu du Rubygate, ils ne loupent pas une miette des scandales à répétitions qui frappent le parti politique de Silvio Berlusconi. Mais en sortant du tribunal, il n'a pas manqué de décocher aux photographes son sourire carnassier.