Une rencontre avec la réalisatrice du film Une rencontre, Lisa Azuelos, ça ne se refuse pas ! La cinéaste, fille de Marie Laforêt, à qui l'on doit le carton de LOL a retrouvé Sophie Marceau pour une romance avec François Cluzet. Ils incarnent un couple troublant et touchant qui nous en dit beaucoup sur la vision de l'amour et des sentiments. Purepeople.com vous livre les confidences de Lisa Azuelos...
Sophie Marceau
J'ai écrit le scénario de LOL, je lui ai proposé. On s'est donné rendez-vous dans un café. On a parlé un peu et c'est dans ces moments-là qu'on sent si on va pouvoir s'entendre avec le comédien et là j'ai vu que ça collait. Ça s'est fait très simplement. Pour le film Une rencontre, je ne voulais qu'elle. Si elle n'avait pas voulu faire le film, je ne l'aurais pas fait.
François Cluzet
On s'est rencontré en Corse pour la première fois où on se trouvait tous les deux. Il a lu le scénario pendant l'été. On était à 20 km l'un de l'autre alors on s'est donné rendez-vous dans un café. François n'avait pas encore pris sa décision, moi j'espérais qu'il dirait oui donc j'essayais d'être sympathique. Et puis comme on a des amis communs, on est allés faire du canyoning ensemble. Ça rapproche de sauter d'une falaise en combinaison toute pourrie. Je crois qu'après, il a senti qu'on allait bien s'entendre.
L'inspirationCe n'est pas vraiment inspiré de mon vécu. C'est inspiré d'une envie que j'avais de faire un film de couple, de l'envie de parler d'un homme marié et d'une femme seule. C'est vrai que j'ai été longtemps seule. J'ai rencontré plein d'hommes mariés, d'hommes célibataires, depuis que j'ai divorcé, soit douze ans de célibat. C'était un peu comme un best of de tout ce que j'ai pu voir, de mes ami(e)s aussi qui souffrent d'être enfermé(e)s dans une relation, qui ont envie de tromper l'autre, qui le font...
Sa rencontre avec le cinémaJ'ai fait mes études à Dauphine, puis j'ai travaillé un an dans la finance. J'ai trouvé le monde de la finance tellement nul, ça m'a abasourdie. Et le monde du bureau tellement emprisonnant que ça m'a donné la force de faire ce que j'avais toujours rêvé de faire. Mais bizarrement, je n'ai pas eu cette force dès le début, j'ai dû m'assurer d'avoir le bac, de faire des études... Parce que le cinéma, on peut être vite au chômage. Mes parents évidemment me disaient : "Mais c'est nul le cinéma, fais de vraies études, de vrais trucs. Tu ne vas pas foutre ta vie en l'air. Ça ne marchera jamais." C'est toujours comme ça. À la fin de mon CDD, j'ai eu la chance de rencontrer un chef déco qui m'a proposé de faire un stage sur un tournage, pour que je voie comment ça se passe, et puis je n'ai plus lâché. J'ai été stagiaire sur beaucoup de publicités, de films... J'ai appris pendant un an et demi puis j'ai écrit un court métrage que j'ai réalisé et puis voilà. C'était parti.
Sa rencontre avec les Etats-Unis pour le remake de LOL (avec Miley Cyrus et Demi Moore)
Le film américain est passé directement en vidéo, sur Netflix. Il y a beaucoup de films à qui ça arrive. Je pense que les studios ont eu peur du sujet. En Amérique, c'est vraiment un business. Ce qu'il faut savoir, c'est que mon film a coûté 10 millions de dollars et était couvert par ses ventes à l'étranger. Par contre, distribuer un film en Amérique coûte entre vingt et trente millions de dollars, et moi, ça c'est une chose que je ne savais pas. Pour une sortie nationale aux Etats-Unis, il faut vraiment que les producteurs y croient. Ils avaient plus à perdre qu'à gagner. Du coup, il a été sorti directement en vidéo, mais par contre c'est l'un des films les plus regardés sur Netflix. On peut discuter avec les Américains. Ils ont leur logique, un peu de bureaucrates. Ça fonctionne d'une autre manière que chez nous. Diriger Demi Moore ? Les acteurs américains sont des Ferrari ! Ils connaissent leurs textes par coeur... François et Sophie aussi, mais en France, c'est plus rare. Aux Etats-Unis, le moindre petit rôle, c'est phénoménal. Ils proposent des trucs, ils sont bons, ils sont pros. C'est fabuleux de bosser là-bas. Je recommencerais sans problème.
Valérie Benguigui, à qui le film Une rencontre est dédié
J'ai appris sa mort quand j'étais en train de terminer ce film. Pour moi, ce long métrage a donc été marqué par cette disparition. C'est une disparition tragique. J'ai perdu une amie, après avoir déjà perdu Jocelyn [Quivrin, en 2009]. Elle était comme une soeur pour moi, on se connaissait depuis longtemps [Elle l'a dirigée dans Comme t'y es belle]. Ça a été un choc terrible, mais en même temps j'avais ressenti beaucoup d'amour de sa part, donc je voulais lui rendre un peu de ça avec ce film.
Julie Gayet, qui joue dans son court métrage 14 millions de cris
Ce film était de mon initiative, pas une commande. Je pense que ça suffit. Les gens s'habituent au fait que les femmes restent des esclaves sexuelles, le monde entier s'est habitué à ça. J'avais envie de montrer par un petit film que ce n'est pas normal. Je pense que le fait de situer l'histoire du film en France, ça a permis aux gens de réaliser vraiment ce que cela veut dire. L'expression 'mariage forcé' n'évoque rien. À partir du moment où on voit ça sur une petite Parisienne, on comprend réellement : c'est de la pédophilie. Pour le rôle de la mère, comme je connais très bien Julie Gayet, je lui ai demandé de me rendre ce service-là, ce qu'elle a fait avec plaisir car c'est une femme très engagée. Le tournage a eu lieu après le scandale. Pour moi c'est une super actrice, je lui aurais proposé quoi qu'il arrive. Là en l'occurrence, c'est un projet que j'ai autofinancé, je n'avais pas de moyen, et je savais que la vidéo allait se retrouver sur Internet directement pour créer du buzz. On ne pouvait pas rêver mieux [que ce scandale] pour faire du bruit médiatique. On s'est dit que c'était pour la bonne cause, pour une fois, ça va nous servir.
Une rencontre, en salles le 23 avril