"Aujourd'hui, quand je passe au travers d'un match, je suis frustré, mais la vie continue... Et elle est belle." Au lendemain de sa prestation ratée, plombée par une grossière erreur, dans le choc de la 18e journée de Ligue 1 contre l'Olympique Lyonnais, Steve Mandanda peut se raccrocher à cette sagesse qu'il a lui-même énoncée, dans un long et rare entretien publié par le quotidien L'Équipe quelques heures avant le choc OL-OM, dimanche 17 décembre 2017.
Le gardien iconique de l'Olympique de Marseille, revenu avec bonheur sur la Canebière l'été dernier après un intermède délicat d'une saison en Angleterre à Crystal Palace, y évoque en toute vérité avec la journaliste Christine Thomas des moments particulièrement marquants de sa carrière, sur le mode d'une interview "le jour où". Celui "où le football l'a fait pleurer", c'est – les fans marseillais s'en souviennent tous – ce 17 mai 2014 où il a été victime d'une terrible collision avec le Guingampais Mustapha Yatabaré, dont il a pris le genou au niveau des cervicales au cours de l'avant-dernier match de la saison. "J'ai encore en moi l'image du choc et la douleur que j'ai ressentie, raconte Steve Mandanda, 32 ans. Je retombe au sol puis je perds connaissance." La suite est tout aussi dure à encaisser : à l'issue des examens médicaux, le portier de l'OM apprend qu'il ne pourra pas jouer la Coupe du monde au Brésil. "Mais juste après, poursuit-il, ma déception est atténuée quand on me dit que j'aurais pu devenir tétraplégique [il souffrait d'une fissure aux cervicales, NDLR]. Depuis ce jour-là, je vois vraiment le foot et la vie autrement."
Je m'en suis bien sorti, mais je suis passé tout près du drame
Cette nouvelle capacité à "relativiser les choses", Steve Mandanda, père d'un jeune Sacha (8 ans), n'aura pas mis longtemps à la mettre à l'épreuve, victime la même année d'un grave accident de la route sur lequel il avait à l'époque gardé le silence et dont il fait aujourd'hui le récit détaillé : "J'étais sur la file de gauche de l'autoroute, il pleuvait à verse et je venais de doubler deux poids lourds, relate-t-il. Là, je fais un aquaplaning. Je traverse l'autoroute vers la droite, j'évite la rambarde de sécurité et je retraverse l'autoroute dans l'autre sens, en me prenant plein fer la barrière centrale de sécurité. La chance que j'ai, c'est que non seulement je ne percute personne, mais, en plus, comme la Ferrari est basse, elle passe en dessous de la rambarde. Le capot est coupé au milieu, mais sans autre dégât. Je m'en suis bien sorti, mais je suis passé tout près du drame. Ça s'est joué à rien, d'autant que l'autoroute était chargée. J'aurais pu mourir ou provoquer un carambolage et prendre une vie. C'est peut-être le jour où Dieu m'a aidé. Ces deux événements m'ont appris à faire attention mais aussi à profiter de la vie. Ça m'a beaucoup changé en tant qu'homme. Mes proches l'ont ressenti."
Parmi les autres "jours où..." que Steve Mandanda se remémore pour L'Équipe, il y a de bons moments, comme le jour du titre de champion de France 2010 avec l'OM, comme de moins bons, à l'image de celui (en novembre 2009) où il a compris qu'il avait perdu sa place de titulaire dans la cage de L'Équipe de France au profit d'Hugo Lloris, de la grève à Knysna qu'il aimerait "pouvoir effacer" ou encore de sa boulette (une relance qui se transforme en passe décisive pour l'attaquant adverse) lors d'une défaite contre Valenciennes en 2012. Et il y a un moment qui n'existe pas encore : "J'attends le jour où on va soulever la coupe du monde en Russie en 2018." Nous aussi.
Steve Mandanda, "Le jour où..." – "Je suis passé tout près du drame", un entretien à retrouver en intégralité dans L'Équipe du 17 décembre 2017 et sur lequipe.fr.