Le 4 septembre dernier, le monde de l'humour perdait l'une de ses plus illustres représentantes. Sylvie Joly est morte d'un arrêt cardiaque à 80 ans. Une terrible nouvelle annoncée par son époux, Pierre Vitry, avec qui elle avait eu deux enfants qui témoignent aujourd'hui dans les pages de Gala.
On était dans une sorte de fascination du personnage.
Mathilde, actrice, et Grégoire, directeur d'une agence de communication et chanteur, racontent leur maman, Sylvie Joly, dont les obsèques se tiendront ce mercredi en l'église Saint-Sulpice, avant une inhumation au cimetière du Père-Lachaise. La comédienne à l'humour féroce qui a inspiré bon nombre d'humoristes, dont Pierre Palmade qui lui rendra un vibrant hommage le 26 octobre prochain au Théâtre de Paris, "avait envie de faire rire depuis qu'elle avait 5 ans", raconte Mathilde. Mais une éducation bourgeoise et un père officier de marine la poussèrent à devenir avocate avant de se lancer, enfin, à 30 ans, dans le spectacle.
"Elle avait cette dimension burlesque extraordinaire, évidemment. Et elle prenait de la place. On était dans une sorte de fascination du personnage", poursuit Mathilde. Grégoire abonde, lui qui, petit, "éprouvait le besoin de dire : 'ma mère, c'est Sylvie Joly'". Maman permissive - "elle disait oui à tout" -, elle n'en restait pas moins "très droite", pour reprendre les mots de son fils. Ainsi, elle se vantait régulièrement auprès de ses enfants d'avoir été expulsée sept fois des écoles de bonnes soeurs, tout en respectant les voeux de sa famille concernant son avenir...
Le duo évoque également la personnalité de Sylvie Joly, victime de "hauts et de bas", "aussi difficile qu'extraordinaire" pour Grégoire. Mathilde confie avoir pris sous sa protection sa maman dès ses 11 ans, évoquant les fiançailles de l'humoriste (avant sa rencontre avec le père de ses enfants) avec un jeune homme atteint de sclérose en plaques et la première dépression qui avait suivi la rupture de celles-ci. "Elle était diagnostiquée 'maniaco-dépressive'. Elle allait parfois très haut donc, presque naturellement, elle tombait aussi très bas. C'était le contrecoup de son tempérament excessif, passionné", poursuit l'aînée. Dans cette famille heureuse, se tenait également le papa, Pierre Vitry, la "colonne vertébrale" sans qui "elle n'aurait jamais fait cette carrière".
Ses enfants la décrivent comme une personne "assez timide" dans l'intimité de la maison, qui "ne savait pas passer un coup de fil" et "obsédée par l'esthétisme" : "Peut-être parce qu'elle n'aurait pas supporté la laideur, et finalement le réel." Car Sylvie Joly et le réel, c'est une relation toute particulière, qui peut parfois expliquer son humour à nul autre pareil... "Son goût pour l'absurdité était une façon de recouvrir le réel, analyse Mathilde. Et son obsession pour son look était sa façon de se parer d'une armure, d'investir un personnage."
Hélas, la maladie de Parkinson la privera de la scène qu'elle aimait tant. "Elle a eu un courage inouï. Ses membres se raidissaient, ses pieds se déformaient avec la maladie de Parkinson. Elle était très digne, elle ne se plaignait pas", raconte sa fille, quand Grégoire évoque une comédienne aimée de tous "parce qu'elle était toujours d'une fidélité absolue", une qualité "rare dans ce métier".
En coeur, les deux enfants de Sylvie Joly concluent de la plus touchante des manières : "Maman, merci pour tout."
Sylvie Joly par ses enfants, un entretien à retrouver dans son intégralité dans le Gala du 8 septembre 2015