La comédienne et humoriste Sylvie Joly, atteinte de la maladie de Parkinson depuis plusieurs années, est morte vendredi 4 septembre à l'âge de 80 ans, a annoncé son mari à l'AFP, confirmant une information du Point.fr. "Sylvie souffrait d'une maladie de Parkinson sévère, qui n'est pas forcément mortelle. Elle s'est éteinte d'un arrêt cardiaque en fin de nuit, à notre domicile à Paris", a déclaré Pierre Vitry. Son humour féroce a inspiré de nombreux talents, comme Pierre Palmade, Muriel Robin, Florence Foresti ou Alex Lutz, qui a mis en scène son spectacle La Cerise sur le gâteau, en 2005.
Fille d'un père marin, élevée avec six frères et soeurs, Sylvie Joly fait des études de droit tout en gardant en tête son goût pour la comédie, né lors de sa scolarité dans un couvent. Le parcours de Sylvie Joly ne la prédestinait pas à brûler les planches de l'humour. Elle a d'abord exercé comme avocate, mais a rendu sa robe pour se lancer dans une carrière de comique, elle qui admirait sa grande aînée Jacqueline Maillan. L'humour est une histoire de famille (ou presque) puisque sa soeur, l'écrivain Fanny Joly, et son frère Thierry Joly, dialoguiste des débuts scéniques du comédien Dany Boon, lui ont écrit des sketchs. Mais, en interview pour Têtu en 2010, elle racontait que ses parents ne voyaient pas d'un bon oeil sa passion pour la comédie, "parce qu'à l'époque être drôle et être une femme, c'était être vulgaire". Par ailleurs, elle est cousine du Dr Pascal Joly, l'époux d'Eva Joly.
"Sylvie Joly a inventé un genre nouveau, le 'one-woman show'. Elle est la première femme seule en scène dans une époque où cela ne se fait pas. Elle ouvre la voie avec Zouc, quelques années plus tard. Celle qu'emprunteront Muriel Robin ou Anne Roumanoff", écrit Le Point.
A ses débuts, Sylvie Joly collabore avec Marika Hodjis, qui a travaillé avec Zouc. Elle apparaît aussi comme comédienne au théâtre, à la télévision ou au cinéma (Le Miraculé, pour lequel elle obtient une nomination aux César, Les Saisons du plaisir de Jean-Pierre Mocky, avec qui elle a souvent travaillé, ou encore Les Visiteurs 2). Sa dernière apparition au cinéma remonte à 2007, avec L'Auberge rouge de Gérard Krawczyk. Elle y joue le rôle de la Comtesse de Marcillac, au côté de Josiane Balasko, Gérard Jugnot et Christian Clavier.
Source d'inspiration et mentor, Sylvie Joly a mis en scène des spectacles d'humour, mais elle a aussi joué dans des pièces de Ionesco, Tchekhov ou Marivaux. Elle a été dirigée par Tania Balachova et Georges Wilson, et a été nommée en 1999 pour le Molière du Meilleur spectacle de sketchs. L'humoriste a été faite chevalier dans l'ordre des Arts et Lettres en 2006.
Ah c'est quand même une merde !
La maladie la frappera et l'éloignera de sa passion. Dans les dernières pages de son autobiographie, C'est votre vrai prénom ?, parue en 2010 aux éditions Flammarion, Sylvie Joly révèle le mal dont elle souffre : la maladie de Parkinson. Il y a huit ans, la comédienne est en vacances en famille sur l'île de Ré et est victime d'incompréhensibles pertes d'équilibre. Aux problèmes d'équilibre, s'ajoutent des problèmes de coordination, qui la poussent à consulter. Le verdict est sans appel : Sylvie Joly souffre d'un syndrome parkinsonien. Une nouvelle qui lui tombe dessus "comme le ciel sur la tête d'un Gaulois", confie-t-elle. Elle évoque la maladie, toujours, sur le ton de la dérision : "Ce n'est pas contagieux", lui dit un médecin. "Ah, c'est quand même une merde !", répond-elle. L'artiste était peu après apparue face au journaliste Thierry Demaizière pour Sept à huit, dans un fauteuil roulant, fatiguée, certes, mais toujours aussi drôle et volontaire. Dans son entretien avec Le Point en 2012, elle avait fait part, à sa façon, de sa colère contre Dieu : "Je lui ai dit de garder ses cadeaux pour lui."
Mère de deux enfants, Sylvie Joly pouvait compter, à ses côtés jusqu'au bout, sur son mari Pierre Vitry, qui partage sa vie depuis leur rencontre à la faculté. Un amour indéfectible depuis 50 ans...