Quel est le récent point commun que partagent Thierry Henry et Nicolas Anelka ? Plusieurs réponses peuvent être admises, comme : ils ont tous deux lamentablement foiré leur (dernière) Coupe du monde, et tous deux bien plus en dehors du terrain que dessus ; ils ont tous deux un désir d'Amérique - réalisé pour Henry, qui évolue désormais aux New York Red Bulls ; en devenir pour Anelka, qui confiait cette semaine son envie de finir sa carrière en MLS ; ils en ont (vraisemblablement) tous deux fini avec la tunique bleue...
Mais le point commun qui nous intéresse est celui révélé ce mardi matin par le quotidien Libération : ils seraient les deux seuls à n'avoir pas renoncé à leurs primes liées au Mondial ! "Selon nos informations, seuls ces deux joueurs n'ont pas renoncé à leur quote-part du Mondial", écrit Libé en exergue de son article Anelka et Henry, la prime d'abord.
On pensait pourtant en avoir fini avec l'affaire des primes qui a secoué une Fédération déjà encombrée du dossier Domenech - audience fixée au 14 avril -, mais c'était sans compter sur ces deux ex-cadres... décidément peu doués pour la com', se contentera-t-on de dire.
Après un intense bras de fer, Fédération et mondialistes tombaient d'accord à la mi-novembre : s'ils avaient tenté de récupérer, menés par Diarra, les primes auxquelles ils avaient d'abord dit vouloir renoncer (une initiative du capitaine Patrice Evra au moment des événements de Knysna), les Bleus ont finalement accepté d'y renoncer purement et simplement. Une renonciation entérinée sur le papier par chacun individuellement. Sauf deux.
Derrière l'aspect pragamatique des choses (et on sait que ces deux garçons n'ont aucun complexe avec l'argent, comme en attestent l'appartement new-yorkais d'Henry et les déclarations sans équivoque de Nicolas Anelka sur sa liberté à claquer ses billets comme il l'entend), relativement dérisoire à l'échelle des salaires d'Henry et d'Anelka (les primes en question n'excédant pas les 150 000 euros), il faut deviner une dérangeante guerre idéologique. Libération se remémore une petite phrase prononcée par Fernand Duchaussoy, président intérimaire de la Fédé suite à la démission de Jean-Pierre Escalettes (officiellement reconduit à la présidence le 18 décembre), au moment des faits : "Dans cette histoire, j'ai un atout : le sélectionneur actuel." Décryptage : ceux qui veulent jouer en bleu pour Laurent Blanc rentreront dans le rang et renonceront à leur argent.
Mais jouer en bleu ne fait plus partie des objectifs d'Henry, qui a pris sa retraite après avoir ciré le banc pour Domenech, et Anelka, grillé par sa saute d'humeur et en rejet virulent des instances. Leur ultime "mutinerie" s'inscrirait plutôt dans cette optique de pourrissement jusqu'au bout, tandis que la Fédération, en état de décomposition avancée et en crise de crédibilité, doit impérativement réformer sa gouvernance.