Quand il est sur le terrain avec David Beckham, Thierry Henry a la banane, même quand il prend une pilule (4-0) par Manchester United, en tournée préparatoire aux Etats-Unis. Mais quand le Frenchy qui évolue désormais sous les couleurs des New York Red Bulls est sur le gazon synthétique de la zone mixte, l'espace propice aux interviews à chaud, son visage est crispé, et ça ne blague plus.
Des journalistes français du 10 Sport, nouveau venu (print et web) déjà très bien installé dans le monde des médias du sport, ont traversé l'Atlantique pour le rencontrer en marge de son match avec la sélection des All-Stars de la MLS face à Manchester United mercredi 27 juillet. Bel effort que de faire des milliers de kilomètres pour quelques mots, à glaner en se faufilant entre leurs homologues américains. Sauf qu'ils ont eu le malheur d'arriver un peu la fleur au fusil, avec des questions un peu hors terrain et, sans doute, ont eu le défaut d'être français, disons le clairement.
Les reporters du 10 Sport ont filmé la rencontre, et on ne peut manquer de remarquer comme Thierry Henry semble excédé dès qu'il comprend qu'il a affaire à des journalistes français. Après le Mondial catastrophique en Afrique du Sud, le meilleur buteur de l'histoire des Bleus a eu tôt fait de tourner définitivement la page en prenant sa retraite internationale et en rejoignant le championnat américain de soccer. Mais apparemment, le traumatisme et la rupture avec la France n'en sont pas pour autant oublié : "Je ne suis plus en équipe de France, bonne chance à l'équipe de France", lâche-t-il d'un coup, sans rapport avec la discussion, s'expliquant avec les journalistes.
Premier temps, les journalistes français posent leurs questions, après leurs confrères anglo-saxons. Des questions inoffensives : Ça va mieux qu'à vos débuts il y a un an ? Comment se passe votre vie à New York ? Nouvelle carrière, nouveau look, pourquoi cette barbe ? A chacune, le Frenchy-Yankee, actuel meilleur buteur de la MLS, monte en pression. Cassant, la question sur la barbe fait déborder le vase : "Vous me posez la question, sérieux ? La saison sera longue...", persifle-t-il en tournant le dos et en coupant court.
Deuxième temps, l'explication, que les reporters français filment discrètement. Courtois mais ferme, Thierry Henry, qui n'a quand même jamais été réputé spécialement sympathique avec les journalistes, met les choses au clair : "On vient de terminer un match, parlez-moi du match. Franchement, je vous comprends mais je ne suis plus en équipe de France, je n'ai rien à dire. Parlez-moi du match, les trucs de barbe, ç'est ça qui me fatigue, parlez-moi de football (...) Ne me posez pas des questions de barbe ou pour savoir s'il fait beau à New York (...) Parlez de football, c'est plus important." Et de s'excuser ad hominem : "Ne le prends pas pour toi, s'il te plaît."
Imaginez si les cocos français lui avaient demandé ce que sa girlfriend mannequin pensait de son penthouse somptueux dans SoHo...
Quand on voit que parler de barbe fait déjà plus que le barber... Ah, d'ailleurs, à ce propos, on a peut-être l'explication à ce nouveau look : de toute évidence, ce n'est pas une tentative de copier Sébastien Chabal, qui a bien mieux négocié sa mise au point avec les journalistes sur le ton de l'humour lors de son retour en France, mais tout simplement parce que le buteur des Red Bulls n'est plus sponsorisé par Gillette depuis le début d'année, la marque ayant mis fin à la saga des champions avec Roger Federer et Tiger Woods !
Si on rase Titi, il nous fera une risette ?
G.J.