Dès le 5 février, Vincent Lindon sera à l'affiche de Mea Culpa où il retrouve Fred Cavayé (Pour elle), face à Gilles Lellouche. Un rôle de mec cabossé, comme le comédien de 54 ans les aime, et une interprétation, comme toujours, sans faille.
Pour l'occasion, M le magazine du Monde lui a consacré un long portrait passionnant. L'acteur comme l'homme s'y font discrets. Le premier est raconté par ses proches, Stéphane Brizé (avec qui il a obtenu une nomination aux César pour Quelques heures de printemps) et Fred Cavayé. Lindon l'acteur explique également, non sans faire penser à Belmondo, ô combien le tournage de Mea Culpa a été compliqué et surtout physique. L'entraînement avec un coach, quotidiennement et pendant trois mois, pour se tailler une carrure digne de son personnage, mais également "cinq déchirures, trois côtes cassées, une élongation et des bleus à volonté", lit-on dans M. Mais Vincent Lindon aime travailler.
Quant à l'homme, c'est un mystère qu'il est difficile de percer. Si le magazine du Monde détaille sa vie privée (dix ans avec Claude Chirac, sept ans avec Caroline de Monaco, le mariage avec Sandrine Kiberlain d'où est issue leur fille Suzanne, 13 ans, puis le divorce), Vincent Lindon n'en dira pas un traître mot. Le passé reste le passé. Jusqu'à son enfance, sur laquelle il glisse tout de même une petite déclaration sans équivoque : "Elle n'a rien d'original. Oui, je pourrais vous parler de mon enfance, vous dire que ça a été extrêmement fondateur, mais on est juste 9 milliards comme ça. Franchement, à mon âge, dire 'mon père... ma mère...', c'est un peu cucul", lâche-t-il.
Pour bousculer un peu le réservé Lindon et espérer le voir entrouvrir les portes de sa vie, il faudrait attendre que l'acteur se grime en réalisateur. "Ce serait un sujet très personnel, dit-il. J'ai beaucoup de scrupules par rapport à l'éducation que j'ai reçue. J'entends mon grand-père ou mon père me dire : 'Non, sois gentil... Pitié, ne te fais pas remarquer...'" Une devise que Vincent Lindon a respectée toute sa vie. Bien qu'étant originaire d'une famille aisée, entre un grand oncle plus que renommé (André Citroën) et une mère remariée à Pierre Bénichou.
D'ailleurs, l'acteur, aussi brillant soit-il, n'a jamais pris la grosse tête, et détonne un peu dans le monde du septième art. Pas de publicité ni de films commerciaux, pas de rôle d'égérie, rien. L'humilité et l'honnêteté, et une carrière faite de choix artistiques judicieux : "Je ne suis propriétaire de rien. Je loue mon appartement à Paris, je n'ai ni tableaux ni résidence, je paie mes impôts, je ne dois rien à personne", clame Vincent Lindon. On est loin de celui qui fait le buzz, bien involontairement, en quittant le plateau de C à vous en sang après s'être coupé en se rasant.