Sandrine Kiberlain lors de l'émission Vivement dimanche diffusée le 13 octobre 2013 sur France 2© BestImage
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Ce n'est pas tant sa chevelure blonde qui rayonne dans la pièce, mais son visage d'une douceur angélique qui accroche en un instant le regard. Puis vient sa voix posée et sûre, prête à défendre un film qu'elle aime et dans lequel elle offre sa force comique et sage : 9 mois ferme, nouvelle réalisation d'Albert Dupontel après Le Vilain, il y a quatre ans. Sandrine Kiberlain n'est pas surprenante dans ce rôle comique décalé, puisqu'elle a prouvé, à de nombreuses reprises - Tip Top dernièrement -, tout son talent dans ce registre. Elle est pleine d'humour et navigue gaiement dans l'univers barré de Dupontel en juge workaholic qui découvre qu'elle est enceinte d'un dangereux criminel. Purepeople.com l'a rencontrée.
Juge et partie
Sandrine Kiberlain fait état des points communs et différences entre elle et son personnage, la juge Ariane, en situation délicate depuis qu'elle a appris qu'elle était enceinte d'un homme présenté comme un tueur fou et atroce. "Elle est très carriériste, mais comme elle, je suis passionnée par ce que je fais. Seulement, ça ne me coupe pas des plaisirs de la vie. Je n'ai pas de plan de carrière, ça ne m'éloigne pas de la réalité, ma famille et mes amis. J'ai une famille très aimante, il n'y a aucun problème de ce côté-là, et elle, elle vient de loin." Et si elle découvre subitement qu'elle est enceinte du Saint-Esprit comme Ariane ? "Aurais-je la même réaction qu'elle ? Elle est très costaud, elle assume. Dans les moments forts de l'existence, j'aurais tendance à être comme elle. Dans les situations graves, je fais face, comme elle, j'ai l'impression. Après, je m'y retrouve plus quand elle est désarmée, apeurée et quand elle devine que l'homme qui la détient est plus humain qu'il ne l'est."
Albert et Sandrine
Sandrine Kiberlain l'avoue sans problème, elle n'était pas le premier choix d'Albert Dupontel. Non pas qu'il remettait en cause son talent, mais il imaginait une femme brune, petite, différente. Elle a réussi à s'imposer à lui et à intégrer son monde, même si ses techniques sont différentes des siennes. On le dit très perfectionniste et dur en tournage, la comédienne voit les choses autrement : "Il a une très forte personnalité. Il n'est pas dur, mais exigeant. Après, il faut que les gens soient aussi comme lui en face. J'ai eu l'impression qu'il a fait le film en deux jours. Je préfère ça à quelqu'un qui ne sait pas où mettre la caméra. Cela étant, il faut aussi savoir dédramatiser les situations face à l'énormité que c'est de faire un film, être disponible mais avoir du recul pour lui dire, 'allez, on se marre un coup', pour désamorcer. Albert possède une vraie exigence mais il porte aussi en lui la pression du film. On l'a sentie au début et puis au fil des jours, quand il a vu que son équipe était avec lui, il s'est détendu. Mais il a un point de vue, il n'en démord pas, il vous accompagne et ne vous lâche pas."
Rire et s'énerver
Sandrine Kiberlain a une idée précise de ce qui la fait rire et ce qui tombe à plat pour elle : "Traiter des choses graves avec humour, c'est la sincérité des situations dramatiques qui deviennent drôles à leur insu. J'aime les personnages fantaisistes. Dans Les Femmes du 6e étage [avec Fabrice Luchini], dans l'écriture, mon personnage était assez secondaire. Mais ça a éveillé des choses, dans la vraie vie, j'en ai connu des femmes comme ça, qui sont à côté de leur vie. J'aime ces personnages qui deviennent 'trop'. Il y en a plein dans la vie. Ce qui me fait pas rire : les comédies de vannes, la volonté de faire rire. C'est comme les gens qui cherchent à séduire, ça ne me séduit pas du tout."
Sandrine Kiberlain a beau être douce et préférer éviter les conflits, il y a des choses qui la révoltent. Juge face à une erreur scandaleuse pour le film, elle est, dans la vraie vie, en colère contre "les gens qui sont choqués par la différence, ça me rend folle. Je fais référence à toutes les personnes qui ne sont pas dits 'normales' qu'on montre du doigt. Ils sont différents peut-être mais il faut faire un chemin vers eux. Et tout ce qui n'est pas fait pour les aider pour avoir une vie comme nous me met en colère aussi".
Un parcours cinématographique qui fait envie
Au regard de sa filmographie, il semble que Sandrine Kiberlain a touché à tous les genres, mais la comédienne est loin d'être blasée : "Il y a mille façons d'être comique ou d'être dans le drame. J'adorerais jouer une Adèle H." Un personnage historique, elle en a obtenu un avec Violette - en salles le 6 novembre -, aux côtés d'Emmanuelle Devos. Elle y incarne Simone de Beauvoir : "C'est toujours instinctif chez moi, c'est plus moi qui suis allée chercher Simone, je me suis teinte en brune, je me suis vieillie, j'ai changé de démarche." Un rôle qui lui aurait plu ? "Ce que je joue Cate Blanchett dans le Woody Allen [Blue Jasmine], j'adorerais jouer une femme comme ça, j'ai rarement joué un archétype de femme riche."
Sa carrière prend un tournant lorsqu'elle est nommée pour le César du meilleur espoir avec Les Patriotes. S'ensuivent une multitude de films qui ne se ressemblent pas et qu'elle ne regrettera pas. Pourtant, en interview sur le plateau de Tout le monde en parle face à Thierry Ardisson, elle cite L'Irrésolu de Jean-Pierre Rossin (1994) comme l'oeuvre dont elle aurait pu se passer. Elle nous précise sa pensée : "Je regrette pas L'Irrésolu parce que j'y ai rencontré le père de ma fille [son ex-mari Vincent Lindon]. Mais il a été fait par quelqu'un qui n'a pas un regard de cinéaste, qui ne savait pas où poser sa caméra. C'est le résultat qui m'a déplu. Mais ça ne fait pas beaucoup [de ratés] dans une carrière. Je ne regrette aucun rôle, et ceux que j'ai refusés, je peux les voir très bien joués par quelqu'un d'autre et me dire qu'est-ce que j'ai bien fait. "
Femme et mère sereine
Ne lui dites pas qu'il n'y a pas de beaux rôles d'actrices pour les femmes passés 40 ans, Sandrine Kiberlain, 45 ans, est tout à fait sereine face à la question : "Il faut bien le vivre, être prête à jouer des rôles de mères, de grands-mères. Fanny Ardant, Catherine Deneuve, Nicole Garcia... J'ai l'impression qu'il y a plein de beaux rôles. Avec l'âge que j'ai, j'ai l'impression d'inspirer plus qu'à 30 ans. C'est plus riche aujourd'hui. C'est autre chose. Il faut garder cette passion, cette envie de jouer." Elle est d'ailleurs ravie de jouer dans le prochain film d'Alain Resnais, Aimer, boire et chanter puis dans celui de Jeanne Herry, fille de Miou-Miou et Julien Clerc, Elle l'aime, elle l'adore, avec Laurent Laffite. L'amour a visiblement une dominante dans les choix de Sandrine !
Femme épanouie, Sandrine Kiberlain est maman d'une fille, Suzanne, dont le père est Vincent Lindon. À 13 ans et demi, l'adolescente est "beaucoup plus leader" que sa mère au même âge et a posé pour des photos en compagnie de sa meilleure amie, Violette, la fille d'Inès de la Fressange, rappelle Version Femina. La verrait-elle sur un plateau de cinéma ? "Je n'ai aucune idée de ce qu'elle fera plus tard. Elle ne vient pas sur mon lieu de travail. C'est son quotidien, même si elle sait que son père et sa mère font un métier particulier. Elle trouve ça chouette. Je ne sais pas ce qu'elle fera, je suis curieuse, j'ai hâte."
Samya Yakoubaly
"9 mois ferme", en salles le 16 octobre
Interview exclusive, ne pas reprendre sans la mention "Purepeople.com"
Juge et partie
Sandrine Kiberlain fait état des points communs et différences entre elle et son personnage, la juge Ariane, en situation délicate depuis qu'elle a appris qu'elle était enceinte d'un homme présenté comme un tueur fou et atroce. "Elle est très carriériste, mais comme elle, je suis passionnée par ce que je fais. Seulement, ça ne me coupe pas des plaisirs de la vie. Je n'ai pas de plan de carrière, ça ne m'éloigne pas de la réalité, ma famille et mes amis. J'ai une famille très aimante, il n'y a aucun problème de ce côté-là, et elle, elle vient de loin." Et si elle découvre subitement qu'elle est enceinte du Saint-Esprit comme Ariane ? "Aurais-je la même réaction qu'elle ? Elle est très costaud, elle assume. Dans les moments forts de l'existence, j'aurais tendance à être comme elle. Dans les situations graves, je fais face, comme elle, j'ai l'impression. Après, je m'y retrouve plus quand elle est désarmée, apeurée et quand elle devine que l'homme qui la détient est plus humain qu'il ne l'est."
Albert et Sandrine
Sandrine Kiberlain l'avoue sans problème, elle n'était pas le premier choix d'Albert Dupontel. Non pas qu'il remettait en cause son talent, mais il imaginait une femme brune, petite, différente. Elle a réussi à s'imposer à lui et à intégrer son monde, même si ses techniques sont différentes des siennes. On le dit très perfectionniste et dur en tournage, la comédienne voit les choses autrement : "Il a une très forte personnalité. Il n'est pas dur, mais exigeant. Après, il faut que les gens soient aussi comme lui en face. J'ai eu l'impression qu'il a fait le film en deux jours. Je préfère ça à quelqu'un qui ne sait pas où mettre la caméra. Cela étant, il faut aussi savoir dédramatiser les situations face à l'énormité que c'est de faire un film, être disponible mais avoir du recul pour lui dire, 'allez, on se marre un coup', pour désamorcer. Albert possède une vraie exigence mais il porte aussi en lui la pression du film. On l'a sentie au début et puis au fil des jours, quand il a vu que son équipe était avec lui, il s'est détendu. Mais il a un point de vue, il n'en démord pas, il vous accompagne et ne vous lâche pas."
Rire et s'énerver
Sandrine Kiberlain a une idée précise de ce qui la fait rire et ce qui tombe à plat pour elle : "Traiter des choses graves avec humour, c'est la sincérité des situations dramatiques qui deviennent drôles à leur insu. J'aime les personnages fantaisistes. Dans Les Femmes du 6e étage [avec Fabrice Luchini], dans l'écriture, mon personnage était assez secondaire. Mais ça a éveillé des choses, dans la vraie vie, j'en ai connu des femmes comme ça, qui sont à côté de leur vie. J'aime ces personnages qui deviennent 'trop'. Il y en a plein dans la vie. Ce qui me fait pas rire : les comédies de vannes, la volonté de faire rire. C'est comme les gens qui cherchent à séduire, ça ne me séduit pas du tout."
Sandrine Kiberlain a beau être douce et préférer éviter les conflits, il y a des choses qui la révoltent. Juge face à une erreur scandaleuse pour le film, elle est, dans la vraie vie, en colère contre "les gens qui sont choqués par la différence, ça me rend folle. Je fais référence à toutes les personnes qui ne sont pas dits 'normales' qu'on montre du doigt. Ils sont différents peut-être mais il faut faire un chemin vers eux. Et tout ce qui n'est pas fait pour les aider pour avoir une vie comme nous me met en colère aussi".
Un parcours cinématographique qui fait envie
Au regard de sa filmographie, il semble que Sandrine Kiberlain a touché à tous les genres, mais la comédienne est loin d'être blasée : "Il y a mille façons d'être comique ou d'être dans le drame. J'adorerais jouer une Adèle H." Un personnage historique, elle en a obtenu un avec Violette - en salles le 6 novembre -, aux côtés d'Emmanuelle Devos. Elle y incarne Simone de Beauvoir : "C'est toujours instinctif chez moi, c'est plus moi qui suis allée chercher Simone, je me suis teinte en brune, je me suis vieillie, j'ai changé de démarche." Un rôle qui lui aurait plu ? "Ce que je joue Cate Blanchett dans le Woody Allen [Blue Jasmine], j'adorerais jouer une femme comme ça, j'ai rarement joué un archétype de femme riche."
Sa carrière prend un tournant lorsqu'elle est nommée pour le César du meilleur espoir avec Les Patriotes. S'ensuivent une multitude de films qui ne se ressemblent pas et qu'elle ne regrettera pas. Pourtant, en interview sur le plateau de Tout le monde en parle face à Thierry Ardisson, elle cite L'Irrésolu de Jean-Pierre Rossin (1994) comme l'oeuvre dont elle aurait pu se passer. Elle nous précise sa pensée : "Je regrette pas L'Irrésolu parce que j'y ai rencontré le père de ma fille [son ex-mari Vincent Lindon]. Mais il a été fait par quelqu'un qui n'a pas un regard de cinéaste, qui ne savait pas où poser sa caméra. C'est le résultat qui m'a déplu. Mais ça ne fait pas beaucoup [de ratés] dans une carrière. Je ne regrette aucun rôle, et ceux que j'ai refusés, je peux les voir très bien joués par quelqu'un d'autre et me dire qu'est-ce que j'ai bien fait. "
Femme et mère sereine
Ne lui dites pas qu'il n'y a pas de beaux rôles d'actrices pour les femmes passés 40 ans, Sandrine Kiberlain, 45 ans, est tout à fait sereine face à la question : "Il faut bien le vivre, être prête à jouer des rôles de mères, de grands-mères. Fanny Ardant, Catherine Deneuve, Nicole Garcia... J'ai l'impression qu'il y a plein de beaux rôles. Avec l'âge que j'ai, j'ai l'impression d'inspirer plus qu'à 30 ans. C'est plus riche aujourd'hui. C'est autre chose. Il faut garder cette passion, cette envie de jouer." Elle est d'ailleurs ravie de jouer dans le prochain film d'Alain Resnais, Aimer, boire et chanter puis dans celui de Jeanne Herry, fille de Miou-Miou et Julien Clerc, Elle l'aime, elle l'adore, avec Laurent Laffite. L'amour a visiblement une dominante dans les choix de Sandrine !
Femme épanouie, Sandrine Kiberlain est maman d'une fille, Suzanne, dont le père est Vincent Lindon. À 13 ans et demi, l'adolescente est "beaucoup plus leader" que sa mère au même âge et a posé pour des photos en compagnie de sa meilleure amie, Violette, la fille d'Inès de la Fressange, rappelle Version Femina. La verrait-elle sur un plateau de cinéma ? "Je n'ai aucune idée de ce qu'elle fera plus tard. Elle ne vient pas sur mon lieu de travail. C'est son quotidien, même si elle sait que son père et sa mère font un métier particulier. Elle trouve ça chouette. Je ne sais pas ce qu'elle fera, je suis curieuse, j'ai hâte."
Samya Yakoubaly
"9 mois ferme", en salles le 16 octobre
Interview exclusive, ne pas reprendre sans la mention "Purepeople.com"