L'émotion est douloureuse dans les premières images de Quelques heures de printemps, réalisation de Stéphane Brizé qui a retrouvé Vincent Lindon, le comédien de Mademoiselle Chambon, devant sa caméra. Dans sa nouvelle oeuvre, Vincent Lindon est un fils obligé de retourner vivre avec sa mère, incarnée par Hélène Vincent, qui apprend qu'elle est condamnée par la maladie. Rongés par les non-dits, seront-ils capables d'exprimer leurs sentiments. Un film grave sur la fin de vie qui n'a pas laissé l'acteur indemne.
En interview pour le journal L'Union de Reims, Vincent Lindon s'est confié en toute sincérité, se livrant comme jamais : "Je vais arrêter ce métier dans pas très longtemps. Je le fais depuis trente ans en donnant de moi des choses dont vous n'avez même pas idée tellement cela me fait mal. C'est un plaisir et une souffrance. J'y mets des milliards de choses." L'acteur est catégorique, pas question pour lui de "de faire une série sur TF1 ni de finir comme un vieil acteur qui se met de la poudre noire sur la tête". Encore une dizaine de films et il songe à arrêter, précisant : "C'est devenu pour moi trop de souffrance. J'ai trop mal. La douleur est devenue quasi égale au plaisir de jouer. Le jour où cela va trop attaquer ma vie privée, où je ne vais pas arriver à dormir, je m'en irai. Le vrai Vincent, c'est le barbecue, le concombre, boire des coups. Voilà ma vraie nature. J'aime être dans la vie. Je suis vivant."
Avant de prendre cette décision, Vincent Lindon souhaite tourner avec de beaux auteurs. C'est le cas actuellement puisqu'il travaille avec Claire Denis dans Les Salauds avec Chiara Mastroianni. L'actrice et lui jouent également ensemble dans Augustine d'Alice Winocour. Il retrouve aussi le réalisateur de Pour elle, Fred Cavayé, pour un polar avec Gilles Lellouche. Le héros de Pater est usé par son travail, mais pourrait-il s'intéresser à la politique ? Un temps enthousiaste, l'an dernier, il clamait : "Si le gouvernement m'appelle, j'arrive tout de suite." Mais il est revenu sur ses propos en novembre, estimant que la politique était devenue trop vulgaire pour lui. Jusqu'à ce qu'on le voit apparaître dans les tribunes du Parti socialiste à l'heure des présidentielles...
Quelques heures de printemps, en salles le 19 septembre