"Ouvrir le débat." Voilà ce que souhaitait Yannick Noah en publiant une tribune polémique dans les colonnes du Monde le vendredi 18 novembre dernier, où il n'hésitait pas à accuser les sportifs espagnols de se doper à grande échelle et où il prônait une légalisation du dopage.
Après le tollé suscité et les nombreuses réactions, dont les plus virulentes venaient bien évidemment d'Espagne, Rafael Nadal en tête, l'ancien joueur a tenté de justifier ses propos, toujours sur le site du Monde. Et autant dire que les explications ne sont pas très claires. En substance, oui, il y a du dopage en Espagne, mais non, il n'a jamais sous entendu que tous les Espagnols étaient dopés, mais quand même, il est bizarre que les Ibères réussissent toujours aussi bien en compétition.
"Je ne m'attendais pas du tout à une réaction d'une telle ampleur et d'une telle violence. Au contraire, je pensais que j'allais recevoir plus de soutiens," confie un Yannick Noah surpris, lui qui pensait que les mentalités concernant l'épineux dossier du dopage avaient évolué.
Le chanteur en profite pour répondre aux différentes personnes qui se sont permises de commenter ses propos sans avoir le courage de s'adresser directement à lui. "Au début, j'ai préféré rester dans ma bulle, je ne pouvais pas répondre à tout le monde. Par exemple, à Jean-Louis Murat qui assure que je me suis dopé, un chanteur que je ne connais même pas ! A Toni Nadal, l'oncle de Rafael, qui dira à son neveu de ne plus me dire bonjour. Mais qu'est-ce que ça peut me faire qu'il me dise bonjour ou pas ! A Marine Le Pen, qui ne m'accorde pas le droit de m'exprimer parce que j'habiterais à l'étranger pour ne pas payer d'impôts en France. Je le redis donc, j'habite dans les Yvelines, je paye mes impôts ici, et oui, j'ai habité en Suisse entre 1992 et 1994 et j'ai payé mes impôts là-bas à cette période," poursuit-il en faisant référence à la bataille judiciaire qui l'oppose au Fisc depuis maintenant plus de 15 ans.
"Une démonstration par l'absurde", c'est ainsi que Yannick Noah a tenté d'expliquer sa proposition de légaliser le dopage, et ainsi "soulever cette chape de plomb qui pèse sur le dopage". Car loin de lui l'idée de "mettre tous les gamins sous perfusion". Non, Yannick Noah pose tout simplement tout haut les questions que tout le monde se pose tout bas : "Pourquoi bosse-t-on autant pour ne récolter la plupart du temps que des médailles en chocolat ? Sommes-nous plus nuls que les autres ?"
Yannick Noah pointe du doigt un "véritable système avec des réseaux politiques puissants et des enjeux économiques considérables" qui existerait en Espagne, même si lui même n'a aucune preuve à amener, mis à part ce que les journaux rapportent : "Ce que je sais, et que tout le monde sait, c'est le cas de ce cycliste qui a mangé une viande qui lui a permis de pédaler plus vite et qui a été blanchi par sa fédération, celui de cette spécialiste du demi-fond arrêtée par la police puis blanchie, etc. Ma question est donc la suivante : tout cela ne serait-il pas orchestré ?"
Bien évidemment, l'ancien vainqueur se dit "contre toute forme de dopage". Il évoque les conséquences et les effets du dopage sur les athlètes dont personne ne parle et qu'il souhaite voir replacer dans le débat. Yannick Noah souligne également la différence de traitement qui existe en matière de dopage, et notamment envers les athlètes français. "Je ne comprends pas que dans notre pays, le chef de l'Etat accueille Lance Armstrong comme un héros, alors qu'on traite Richard Virenque comme un pestiféré," avance-t-il.
Le chanteur, actuellement en tournée et qui reçoit de nombreux soutiens de la part de son public, évoque aussi ses trois ou quatre contrôles et le peu de lutte anti-dopage qui existait lors de sa carrière, alors qu'il est lui-même aujourd'hui accusé par un ancien arbitre international de s'être dopé...
Après ces explications confuses, difficile de comprendre ce que Yannick Noah a tenté de faire passer comme message. Tout en fustigeant le dopage, il jure ne pas s'en prendre aux Espagnols, tout en citant régulièrement des exemples concernant ces derniers. Gageons que l'histoire n'en restera pas là.