En 2003, Zabou Breitman décroche le César de la meilleure première oeuvre avec Se souvenir des belles choses, drame dans lequel elle dirige Isabelle Carré et Bernard Campan. L'histoire de Claire, une jeune femme victime de légers troubles amnésiques, qui fait la connaissance de Philippe, un quadragénaire qui a perdu la mémoire dans un accident de voiture qui a coûté la vie à sa femme et à son fils. Ils tombent amoureux. Montée sur scène pour recevoir son prix, la réalisatrice fait un discours dont elle se souvient aujourd'hui pour Le Monde. Un grand moment, teinté de regret.
Se souvenir des belles choses a été écrit par Zabou Breitman, en collaboration avec son papa, Jean-Claude Deret, disparu à la fin de l'année 2016 : "Avec mon père, on a toujours écrit ensemble. Mais quand j'ai reçu le César, je ne l'ai même pas nommé, même pas remercié. Je m'en suis voulu. J'en suis encore malade. Peut-être est-ce parce qu'il disait souvent 'Ah, tu es bien ma fille', comme si je ne faisais rien par moi-même. Peut-être ai-je voulu lui mettre une petite pâtée, lui rendre la monnaie de sa pièce !"
Au cours de son entretien avec Le Monde, celle qu'on appelait tout simplement Zabou il y a quelques années, évoque à plusieurs reprises ses parents : le scénariste, dramaturge, acteur et écrivain Jean-Claude Deret, révélé au public avec la série Thierry la Fronde, et la comédienne d'origine canadienne, Céline Léger. Cette dernière est morte début 2017. Les deux artistes étaient très politisés, au point que cela a nui à leur parcours. Mais leurs choix tranchés ont construit la jeune Isabelle, son vrai prénom : "Parce que je ne serais pas arrivée là si, après le grand succès qu'ont connu mes parents avec le feuilleton télévisé Thierry la Fronde – écrit par mon père et dans lequel ma mère jouait le rôle de la compagne du héros –, il n'y avait pas eu leur échec. Oui, ils ont été abandonnés. Et cet échec a été fondamental dans ma construction."
Aujourd'hui, la comédienne, réalisatrice et metteuse en scène de 59 ans a présenté son premier film d'animation, Les Hirondelles de Kaboul, d'après le roman de Yasmina Khadra, coréalisé avec Eléa Gobbé-Mévellec, au Festival de Cannes dans la sélection Un certain regard.