Il ne se passe pas une interview de Lambert Wilson sans que ce dernier n'évoque, volontairement ou non, sa dépression suite à la mort de son père, le comédien Georges Wilson, il y a plusieurs années de cela. Non par impudeur, mais parce que ces épreuves, difficiles pour n'importe quel être humain, ont conditionné l'homme libéré qu'il est aujourd'hui. Pour le magazine Paris Capitale, dont il fait la couverture, l'acteur de 57 ans met à nouveau son coeur à nu.
J'aurais pu y rester
Sans prendre de pincettes, celui qui chante aujourd'hui Yves Montand dans un album hommage revient sur sa dépression alors qu'il était encensé pour son rôle dans Des hommes et des Dieux. "J'ai perdu ma mère pendant le tournage du film. Ensuite, alors que j'étais submergé de travail, je me suis énormément occupé de mon père, qui était très âgé et malade. Il est mort un an plus tard, le dernier jour des répétitions d'une comédie musicale que je montais au Châtelet", se souvient-il. Avouant avoir voulu tout garder pour lui, masquer sa douleur en se murant dans le travail quitte à se surmener, il n'a pas vu venir la dépression, "une bombe à retardement" à ses yeux. Le quinquagénaire évoque la période du festival de Cannes 2010 : "À ce moment-là, j'ai explosé et l'explosion fut d'une violence inouïe, confie l'intéressé, comme si j'avais été renversé par un camion. [...] J'aurais pu y rester."
Il trouve là l'occasion de parler de son père et de leur relation, certain, pendant de longues années, qu'il ne valait rien aux yeux du patriarche. "Entendre toute sa vie ses parents porter sur vous un jugement négatif n'aide pas vraiment", constate l'acteur français. Évoquant un père "très violent, très autoritaire" et une mère qui "n'osait pas l'affronter", Lambert Wilson a dû vivre avec ce poids, se répétant qu'il ferait tout pour leur plaire. "Je voulais tellement qu'ils m'admirent", avoue-t-il.
"Avec le temps va tout s'en va", chantait Ferré, et Lambert Wilson a fini par ravaler sa colère : "Aujourd'hui, je n'éprouve plus de colère vis-à-vis de mon père. Sa vie a été très dure. Il a eu une enfance misérable, étant orphelin de très bonne heure. J'imagine que cela devait être difficile pour lui de voir son fils sur son terrain d'action qui risquait de salir son nom par manque de talent..."
J'étais un petit gros malhabile et complexé
Un cruel manque de confiance en soi que Lambert Wilson a toujours éprouvé. Si aujourd'hui, sa classe et son flegme font de lui l'un des plus beaux acteurs du cinéma français, il y a sous la carapace un enfant blessé et complexé, notamment vis-à-vis de son frère aîné, chouchou de son père. "Moi, j'étais un petit gros assez malhabile, complexé et mal dans sa peau. J'ai mis longtemps à me débarrasser de mes inhibitions", confie le si séduisant comédien, qui explique être passé par le stade du "narcissisme complaisant" à ses 40 ans, avant d'ouvrir les yeux. "Maintenant, je me moque complètement de mon image. Je préfère mon humanité."
Lavé de ses maux, débarrassé de ses "ambitions inutiles" comme celle de vouloir briller à Hollywood, Lambert Wilson s'est posé comme un homme neuf. "Je n'aspire qu'au bonheur et je sais où il est", confie ce passionné que l'on retrouvera prochainement à l'écran dans L'Odyssée, un film consacré au commandant Cousteau, rôle pour lequel il a "perdu huit kilos" et pris des leçons de plongée.
Interview à retrouver dans le dernier numéro de Paris Capitale, en kiosque dès le 10 novembre.