Avec beaucoup d'enthousiasme et de passion, Mélissa Drigeard raconte les origines de son film. Elle s'est lancée dans l'aventure, inspirée par le vécu sentimental de ses amies. Avec Vincent Juillet, son co-auteur, elle a monté sa comédie après en avoir écrit trois ensemble pour le théâtre : Les 4 Deneuve, Psycholove et Même si tu m'aimes. Son but : une comédie romantique "bien écrite", car on sait que le genre souffre des scénarios peu regardants. Etre comédienne lui a aussi servi à diriger au mieux ses actrices, et à les comprendre comme personne. La réalisatrice les rend humaines et belles comme dans la vie, dans les meilleurs ou les pires moments. Pour le premier rôle, elle ne voulait qu'Alexandra Lamy, star française pour qui elle ne tarit pas d'éloges : "Elle peut tout jouer. Elle est bonne dans le drame comme dans la comédie." Les rôles des amies de Julie, elle les a d'ailleurs aussi écrits pour Mélanie Doutey - complice dans la vie d'Alexandra - et Julie Ferrier : "Je n'imaginais pas d'autres comédiennes ! Heureusement qu'elles ont accepté."
Mais il n'y a pas que les femmes. A travers son film, Mélissa Drigeard a voulu des rôles masculins solides : Grégory Fitoussi est très beau, "un Brad Pitt français", dira-t-elle. Elle décrit Julien Boisselier comme un grand acteur et est totalement fascinée par Michel Vuillermoz, irrésistible en gourou qu'elle n'osait pas tutoyer pendant le tournage. La réalisatrice offre également un très beau rôle romantique à Jean-Paul Rouve. L'ancien Robin des bois est plus charmant que jamais en libraire un tantinet cynique : "Je voulais le montrer séduisant", estime la cinéaste, qui ne tarit pas d'éloges sur le comédien. Quant au clin d'oeil à Coup de foudre à Notting Hill et Hugh Grant, lui aussi libraire dans la romance culte : "Je n'y avais pas pensé en écrivant. Mais peut-être inconsciemment."
En effet, elle ne cache pas avoir eu différentes sources d'inspiration. Elle louera l'oeuvre de Woody Allen, le maître, mais citera aussi Judd Apatow, ou encore Richard Curtis, tout en précisant : "Il y a des choses que j'adore, mais pas tout. L'inspiration peut être dans un personnage, une ligne de dialogue."
Pour un premier film, Mélissa Drigeard peut se sentir chanceuse d'avoir eu le casting dont elle rêvait, mais en tout premier lieu, elle remerciera Dominique Farrugia. L'ex-Nuls reconverti en producteur lui a donné sa chance. Le tournage aura eu son lot de bonheurs, et de déconvenues... transformées en bonnes surprises : "Le dernier jour, on jouait la séquence sur le toit avec vue sur tout Paris. On a tourné le soir et vers 20h, le ciel était gris, on ne voyait plus rien et pas de vent. Il n'y avait pas la possibilité de reporter la séquence et de faire jouer les assurances car il n'y avait pas de pluie. J'étais inconsolable. L'équipe tente de me rassurer, on va manger et après dîner, un truc incroyable se passe : le ciel s'est subitement dégagé avec un coucher de soleil magnifique. Le rendu est magique."
Autre surprise, le salon du zen. Créé pour les besoins du film, il n'a pas laissé insensible la réalisatrice : "On l'a complètement reconstitué dans un hôtel improbable au bord d'une autoroute, coincé dans les années 1990, un décor génial. A l'intérieur, j'ai été émue par un groupe de gens qui dansent. Moi qui me moque de ces méthodes d'épanouissement, j'ai été bouleversée par l'une d'elles !" Un comble pour celle qui voulait s'amuser de la zen attitude, mais cela reflète finalement le fond du film : ne pas se moquer mais tenter de brosser le portrait d'une femme qui cherche le bonheur, et finalement, il est là où on ne l'attend pas.
Samya Yakoubaly
"Jamais le premier soir", en salles le 1er janvier 2014