Difficile de retenir ses larmes lorsqu'on a vécu de tels moments : en interview pour Auféminin, Enora Malagré n'a pas pu s'empêcher de se laisser envahir par l'émotion au moment d'évoquer ses fausses couches, nombreuses. Touchée par une forme très grave d'endométriose, l'ancienne chroniqueuse de Touche Pas à mon Poste a été très marquée au fil des années.
"C'est terrible de se dire qu'on accouche de rien, explique-t-elle, encore choquée. C'est terrible de s'habituer au malheur, c'est terrible d'en arriver à s'habituer à l'échec et à la souffrance". Alors qu'elle a vécu sept grossesses qui ne sont pas allées à leur terme, celle qui est devenue comédienne se souvient de la première alors qu'elle était encore jeune, qui l'avait surprise, effrayée. Mais elle se rappelle aussi des suivantes, de la douleur qui empire à chaque fois et des rituels qu'elle z fini par mettre en place. "A chaque fois que je suis tombée enceinte, je me préparais à la fausse couche", raconte-t-elle, très touchée. Et lorsque le pire se produit, elle culpabilise, se demande pourquoi, si c'est de sa faute. "Chaque fausse couche, je me demande ce que j'ai fait, ce que je n'ai pas assez fait. A chaque fois que je suis tombée enceinte, je me suis dit bon cette fois ci, je mange ce qu'il faut, je sors quasiment pas". Mais aucun bébé ne vient, en raison de cette endométriose qui la fait tant souffrir et contre laquelle elle se bat depuis tant d'années.
Il y a quelques jours, elle avait d'ailleurs évoqué pour Gala la douleur provoquée chez elle par le fait de ne pas être mère : "C'est compliqué d'en parler. J'ai toujours envie de pleurer quand j'évoque ce sujet... C'est le grand drame de ma vie de ne pas être mère. Je me réveille tous les matins avec cette tristesse-là. Ça a détruit un peu ma vie. Il faut encore que je me répare."
Des enfants dont elle n'a d'ailleurs pas encore fait le deuil, elle est en est consciente : "Je n'ai pas encore trouvé la meilleure façon de me réparer", explique-t-elle pour Auféminin. La dernière fausse couche, pour elle, a d'ailleurs été la plus terrible. "J'ai décidé de ne pas la faire chez moi, j'ai pris une chambre d'hôtel dans un quartier que je n'aime pas beaucoup dans Paris et je me suis dit que ça serait... impersonnel, raconte-t-elle. Quand j'étais allongée sur cette serviette pleine de sang, je me suis imaginée toutes les femmes qui étaient en train de vivre la même chose que moi, qui l'ont vécu ou qui vont le vivre et je sais pas, je me suis sentie moins seule en fait. J'avais l'impression de serrer la main de toutes ces femmes qui depuis la nuit des temps vivent ces échecs de grossesse".
Des femmes qui vivent des douleurs intenses sans en parler. Et même si elle avait également "envie d'enfouir" ces moments, elle a décidé d'en parler, à 41 ans, pour libérer les consciences et ne pas revivre, en boucle, tout son parcours lorsqu'on lui demande pourquoi elle n'a pas d'enfants. Une prise de parole forte et courageuse !