Les ultimes images de deux des passagers du Titan, sous-marin parti explorer l'épave du Titanic et qui a fait une implosion le 18 juin 2023, ont été dévoilées par les médias. On peut y voir un père et son fils, l'homme d'affaires britannico-pakistanais Shahzada Dawood, 58 ans, et son fils de 19 ans, Suleman, très complices. Des images qui coïncident avec les derniers mots des cinq passagers lors de leur descente sous les mers qui s'est transformée en enfer.
A mesure que le submersible plongeait dans les profondeurs, les passagers étaient dans le noir complet. La femme de Shahzada Dawood, Christine, a révélé au New York Times comme elle avait vécu ces derniers moments avec son mari et son fils. Accompagnée de leur fille Alina, 17 ans, elle se trouvait sur le bateau de la mission, le Polar Prince, et a fait signe à son mari alors que l'engin entrait dans l'eau. Trois mois plus tôt, le patron d'OceanGate, Stockton Rush, et sa femme avait rencontré la famille Dawood à Londres pour expliquer à quel point le voyage en sous-marin était sûr. "Nous n'avions aucune idée des soucis de sécurité. C'est comme prendre l'avion sans savoir exactement comment l'engin fonctionne", a-t-elle confié à la revue américaine.
Le Titan a commencé sa plongée à 8h du matin le dimanche 18 juin. Une heure et quarante-cinq minutes plus tard, le contact a été perdu. L'US Navy a enregistré un bruit qui correspond à celui d'une implosion. Cinq jours plus tard, des débris ont été retrouvés à 500 mètres du Titanic. A bord du sous-marin, outre l'entrepreneur et son garçon, se trouvait le Français Paul-Henri Nargeolet, océanographe, l'aventurier milliardaire Hamish Harding et le boss de la compagnie cité précédemment, Stockton Rush.
Durant son entretien au New York Times rapporté par le Daily Mail, la veuve de Shahzada Dawood a donné des détails sur la préparation des passagers. Ils portaient d'épaisses chaussettes et un bonnet car il fait très froid au fond de l'océan, une barre d'aliments à faible résidu, les voyageurs ne buvant pas ou ne mangeant pas avant le départ. Il n'y avait pas de toilettes à bord, juste un récipient derrière un rideau. Ils pouvaient néanmoins écouter leur musique préférée sur leur téléphone, mais pas de musique country, qu'interdisait le patron du submersible. Les lumières étaient prévues pour se couper lors de la descente pour économiser de l'énergie, cela permettait aussi de mieux voir les créatures bioluminescentes des fonds marins.
J'ai l'air gros et je suis déjà en sueur
Christine Dawood a confié que son mari était très excité à l'idée de faire ce voyage, comme un enfant, lui qui était passionné par le Titanic depuis qu'il avait visité l'exposition consacré au navire en 2012 à Singapour. Elle avait repéré une publicité pour OceanGate et son sous-marin et avait prévu de faire cette aventure avec son mari, un projet retardé à cause de la pandémie de coronavirus. C'est leur fils qui a décidé d'accompagner son père, espérant briser le record du Rubik's cube sous l'eau. La tante du garçon avait de son côté déclaré qu'il avait fait le voyage pour faire plaisir à son père mais était terrifié à l'idée de partir. Equipés de vestes étanches et de bottes à embout en acier, de gilets de sauvetage et de casque, les passagers ne pouvaient se déplacer facilement. "J'ai l'air gros et je suis déjà en sueur", avait alors dit Shahzada Dawood, qui a eu besoin d'aide pour descendre dans le sous-marin.
Peu après la descente, Christine Dawood a été informée qu'il y avait un problème et que la mission allait être annulée, que le sous-marin allait lâcher du leste pour remonter à la surface. Puis on lui a dit qu'on ne savait pas où se trouvait le Titan. "Je regardais à la surface de l'océan, au cas où je les voyais remonter", confie-t-elle. Elle se trouvait à ce moment-là sur le vaisseau-mère et le sera encore lorsqu'elle apprendra la terrible nouvelle de l'implosion. L'engin aurait été poussé au-delà de son taux de profondeur et aurait par conséquent craqué sous la pression, d'après les analyses d'Ed Cassano, le directeur général de Pelagic Research Services qui a participé aux recherches.