L'année dernière, les César changeaient à tout jamais. Alors que beaucoup questionnaient la nomination de Roman Polanski et qu'Adèle Haenel quittait la salle, Aïssa Maïga marquait le début du changement avec un discours marquant. Alors qu'elle remettait le prix de l'espoir féminin, elle demandait aux professionnels de la salle de mieux considérer les acteurs racisés.
Un discours motivé par des années d'immobilisme. "J'avais envie de prendre la parole d'une façon volontairement percutante, voire provocante. J'avais l'impression d'avoir tellement pris la parole depuis plus de deux décennies sur le sujet que face à cet immobilisme, je me suis dit : 'là je ne peux pas faire autrement que d'être assez frontale et d'utiliser des symboles qui vont faire réagir'", s'est souvenue Aïssa Maïga auprès du Huff Post, le 11 mars 2021, qui militait alors avec la campagne #BlackCesars
"Ça fait plus de deux décennies que je ne peux pas m'empêcher de compter lors des réunions du métier", avait-elle notamment déclaré dans son discours, comptant une par une les personnes de couleur dans l'audience. Aïssa Maïga se souvient encore du malaise qu'ont pu ressentir les professionnels concernées.
"Le petit malaise qu'ont vécu les gens du cinéma ce soir-là est vraiment infinitésimal face à l'énorme malaise sociétal qui est raconté par les discriminations à l'embauche ou les discriminations dans le monde du travail, dans le secteur du cinéma ou non d'ailleurs. C'est ça le malaise !", dénonce-t-elle auprès du Huff Post.
"Le malaise, ce sont les chiffres qui disent que les Noirs, les Arabes, les Asiatiques à l'écran sont surreprésentés dans les rôles à caractère négatif. Le malaise, c'est de se dire que le nombre d'acteurs noirs à l'écran a grandi, mais en raison des fictions américaines. Le malaise c'est de se dire qu'une réalisatrice aujourd'hui parce qu'elle est femme accède moins aux opportunités que son homologue masculin. Le malaise c'est tout ça. Le malaise, ça n'est pas une actrice qui vient dénoncer ça sur la scène des César", a détaillé l'actrice.
Quelques minutes après son discours - qui avait égratigné Vincent Cassel -, Aïssa Maïga se levait, suivant Adèle Haenel, pour "retrouver les militantes féministes qui étaient dehors". Depuis, elles sont devenues les symboles du besoin de changement dans le cinéma français.