Alain-Fabien Delon, le plus jeune des trois enfants du mythe vivant du cinéma, parle sans filtre pour le magazine Technikart. Le jeune homme de bientôt 22 ans, né de la relation de l'acteur avec le mannequin Rosalie Van Breemen, revient sur son parcours d'enfant de star et de jeune homme qui veut s'émanciper sans toutefois renier son nom.
Alain-Fabien a fait parler de lui au Festival de Cannes 2013 dans le cadre de la Semaine de la critique, pour le film au scénario étrange Les Rencontres d'après-minuit de Yann Gonzalez, avec notamment Eric Cantona. Son père était aussi sur la Croisette pour la présentation de Plein Soleil et son hommage. Pourtant, ils n'ont pas posé ensemble sur les marches du Palais des festivals. Les deux hommes entretiennent une relation complexe, Alain-Fabien n'en clame pas moins toute l'affection qu'il a pour son papa : "Même si on a nos petits problèmes en ce moment, je sais qu'il était fier de moi au moment du premier film." Il poursuit : "J'aime énormément mon père, je pense que lui aussi m'aime, mais on n'a pas le temps, vous voyez... Il a 80 balais, on n'a pas le temps de se prendre la tête. J'aimerais bien lui dire 'je t'aime' et qu'il me dise 'je t'aime et je suis fier de toi'. Mais il ne me le dit pas. Et moi, pareil, je ne peux pas lui dire... Mon obligation personnelle est de réussir ma vie, financièrement, publiquement peu importe, avant que mon père quitte ce monde. Pour qu'il puisse se dire : 'Eh bien, ce n'est pas un petit con, c'est quelqu'un de bien. Il a fait tout ce qu'il avait à faire."
S'il peut être fier d'être aujourd'hui l'une des nouvelles égéries Dior, marchant sur les traces de son père, Alain-Fabien Delon sait que tout n'est pas acquis. Le premier film dans lequel il a joué a été bien accueilli, mais le comédien en herbe ne se repose pas pour autant sur ses lauriers : "Je n'avais pas le temps, ni les fonds, pour attendre des mois et des mois pour que les films se fassent", explique cet "enfant de" qui n'a pas hésité à répondre à l'appel de la mode, défilant pour Gucci à Milan en 2014. Il ajoute : "Mon but, c'est de gagner assez pour pouvoir investir dans un restaurant ou une marque. Quelque chose de réel, pas un métier où tout peut s'arrêter du jour au lendemain. L'important, c'est d'avoir quelque chose à laisser à ses enfants..."
Un discours mature, étonnant pour ce garçon à l'enfance tourmentée. C'est à l'adolescence qu'Alain-Fabien se perd un peu. À 16 ans, raconte Technikart, sa mère veut l'envoyer dans un centre de désintox du Colorado ("je fumais des joints" dira-t-il dans la presse). Il fugue. Son père l'inscrit dans des "lycées de millionnaires" et il finit par se retrouver dans la rubrique faits divers en blessant involontairement une amie avec un fusil de collection de son père... À court d'argent à 18 ans, il joue la "carte people" en vendant son histoire au magazine VSD et fait un deal avec le rédacteur en chef : "Viens, on se voit dans un bar, tu me donnes tant, je te donne tant." En échange de sa photo en couverture et d'une interview, il touche quelques milliers d'euros.
Aujourd'hui, il vend son image, mais à l'une des maisons les plus luxueuses du monde, Dior. Il vit à Neuilly avec ses chiens, mais ne fréquente pas les soirées parisiennes. Il a de l'ambition, du caractère, et sa personnalité tranche avec celle de la douce Anouchka, sa grande soeur qui joue au théâtre avec son père (entre autres) et se montre toujours épanouie, au bras de son amoureux Julien. Il ne renie en tout cas pas son nom, il ne peut pas car la ressemblance avec son père est de toute façon trop marquée : "Même moi, ça m'arrive de me regarder dans le miroir et me dire : 'Putain, il a payé 50 000 euros pour se faire cloner, ou quoi ?'"
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans le magazine Technikart du mois de mars 2016