Décidément, les têtes couronnées semblent bien facétieuses ces derniers temps. Après l'abdication de la reine Beatrix des Pays-Bas au mois d'avril 2012, c'est du côté du royaume de Belgique qu'il faut désormais se tourner. Le roi des Belges, Albert II, a annoncé ce mercredi 3 juillet 2013 à 18h, lors d'une allocution radiotélévisée, qu'il abdiquerait le 21 juillet prochain, jour de la fête nationale. Le monarque, âgé de 79 ans, quitte le devant de la scène après une année marquée par la polémique sur l'augmentation du budget alloué à la maison royale, alors que l'Europe est toujours en pleine crise financière. Surtout, Albert II, passablement épuisé par le poids de sa fonction, doit aussi faire face à la colère de Delphine Boël, 45 ans, qui prétend être sa fille illégitime.
"C'est avec émotion que je m'adresse à chacun d'entre vous cette année. Je constate que mon âge et ma santé ne me permettent plus d'exercer mes fonctions comme je le voudrais. Ce serait manquer à mes devoirs et à ma conception de la fonction royale que de vouloir me maintenir en exercice à tout prix. (...) Après vingt ans de règne, j'estime donc que le temps est venu de passer le flambeau à la génération suivante. (...) Par-dessus tout, avec le temps, j'ai appris que notre pays peut compter sur un atout extraordinaire : vous, mes chers concitoyens. Avec une population si riche de ses talents, de sa diversité, de sa générosité, l'avenir de notre pays est en de très bonnes mains. C'est donc avec sérénité et avec confiance que je vous fait part de mon intention de démissionner le 21 juillet en faveur du prince héritier, mon fils Philippe", a-t-il déclaré dans une allocution préenregistrée au Palais Royal à 17h.
Albert II de Belgique a ajouté : "Le rôle du Roi des belges et sa légitimité est de se mettre au service de la démocratie et de ses concitoyens, seuls titulaires de la souveraineté. À cet égard, l'institution royale doit continuer à évoluer avec son temps. Je souhaite déjà vous dire que ce fut pour moi un honneur et une chance d'avoir pu consacrer une large partie de ma vie au service de notre pays et de sa population. Vous nous avez toujours été très chers."
C'est donc après vingt ans de règne qu'Albert II de Belgique a décidé de passer la main. Le souverain, qui est le premier dans l'histoire du royaume de Belgique à abdiquer, laisse la place à son fils aîné, le prince Philippe, 53 ans. Le deuxième fils de Léopold II et de la reine Astrid tenait le rôle de sixième monarque depuis le 9 août 1993. Il était monté sur le trône après la mort soudaine de son frère, le roi Baudouin, lequel n'avait pas d'enfants. Si les pouvoirs du roi sont limités, Albert II avait tout de même réussi à jouer le rôle de pacificateur lors de la crise politique dans le royaume en 2010-2011, entre les francophones et les néerlandophones. Toutefois, une nouvelle crise semble se profiler à l'occasion des élections législatives de mai 2014 qui pourraient voir une poussée des nationalistes flamands.
Si Albert II de Belgique comptait se reposer après avoir donné toute son énergie à régner sur le royaume, il n'en sera rien. Le roi doit toujours faire face à la plainte de Delphine Boël qui l'a assigné en justice, ainsi que le prince Philippe, la princesse Astrid et son père légal Jacques Boël, pour que des tests ADN soient réalisés. Cette artiste plasticienne prétend être la quatrième enfant du souverain. Jusqu'ici, le roi ne s'est encore jamais exprimé sur l'affaire...
Thomas Montet