Elle est celle qui peut faire gagner Mitt Romney, candidat républicain désigné à la présidentielle et grand rival de Barack Obama.
Elle, c'est Ann Romney, la femme de l'ex-gouverneur du Massachusetts depuis quarante-trois ans. Ce mardi 28 août, lors de la Convention du parti qui se tenait à Tampa en Floride, elle est apparue dans une petite robe rouge-orangé du même ton que son rouge à lèvres. Un ensemble chaleureux et coloré qui colle parfaitement à sa personnalité.
Car c'est bien là l'atout d'Ann Romney. Celle qui pourrait devenir la prochaine First Lady si son mari était élu en novembre prochain apparaît aussi souriante, spontanée et proche des gens que Mitt Romney renvoie une image d'homme austère et distant, peu en phase avec les préoccupations de ses concitoyens. Ce qui lui coûte cher dans les sondages, et spécifiquement auprès des femmes qui préfèrent largement le souriant président sortant.
"Ce soir, je veux vous parler avec mon coeur. Ce soir, je veux vous parler d'amour, pas de politique ou de parti", déclarait-elle dans un concert d'applaudissements. Durant vingt longues minutes, elle a ainsi brossé un portrait très intime de son mari, tentant de briser la froide image qu'il renvoie. A l'image d'une Michelle Obama qui a su séduire l'électorat féminin durant la campagne de son mari et s'est révélé être un véritable atout aimé de tous, élevant par là la fonction de première dame à un niveau jamais atteint jusque-là.
Ann Romney s'est donc attachée à briser la glace et à révéler l'homme qui se cache derrière le multimillionaire aux comptes en banque bien garnis. Elle l'a ainsi présenté comme "l'homme dont l'Amérique a besoin. (...) Cet homme ne va pas échouer, cet homme ne nous laissera pas tomber, cet homme va tirer l'Amérique vers le haut". Cet homme, son mari, cette mère de cinq fils et de dix-huit petit-enfants le présente comme quelqu'un de "chaleureux, aimant et patient" qui la fait "toujours rire", un homme de foi et de convictions. A 63 ans, elle n'hésite pas à revenir sur leurs années d'union qu'elle considère comme un "vrai mariage" et non comme un "conte de fée" : "Dans les contes que je lis, il n'y a jamais eu de longs après-midis d'hiver pluvieux, avec cinq garçons criant tous à la fois. Et ces contes ne semblent jamais avoir des chapitres appelés sclérose en plaques ou cancer du sein."
Au moment de leur rencontre, elle avait 16 ans, lui, 18. Elle l'épouse trois ans plus tard, après une conversion à la religion mormone et un accident de voiture qui aurait pu coûter la vie à son homme en Gironde alors qu'elle-même était restée aux États-Unis. Sa foi inébranlable pousse inlassablement Mitt Romney à aider les autres. "A chaque tournant de notre vie, cet homme que j'ai rencontré lors d'une soirée dansante au lycée a aidé à tirer les autres vers le haut. Il l'a fait lors des Jeux olympiques (à Salt Lake City en 2002, NDLR), quand beaucoup voulaient abandonner. C'est l'homme dont l'Amérique a besoin", a-t-elle poursuivi dans un vibrant discours.
A 63 ans, Ann Romney se veut le parfait complément de son homme, à l'image d'une Michelle Obama présente à chaque instant au côté du locataire actuel de la Maison Blanche. Cette dernière avait séduit le monde par son charme, son humour, son engagement et un style à nul autre pareil. La femme du candidat républicain a bien compris le pouvoir d'une First Lady capable de présenter un côté maternel face à un président plus pragmatique. Hier soir à Tampa, et plus tôt dans la journée en offrant des gâteaux faits maison aux journalistes, Ann Romney a voulu donner une nouvelle image d'un Mitt Romney à la traîne dans les sondages.
Pari réussi, son mari n'hésitant pas à monter sur scène à la fin du discours pour un baiser fugace et discret totalement inattendu. La guerre des premières dames est lancée, et c'est bien elles qui pourraient faire basculer des électeurs encore indécis.