Un avis pour le moins controversé. Alors que le cinéma français vit depuis quelques semaines un nouveau #MeToo selon certains, notamment depuis que Judith Godrèche a décidé de dénoncer les comportements abusifs des réalisateurs Benoit Jacquot,- avec qui elle a vécu pendant six ans - à partir de l'âge de 14 ans alors qu'il en avait 40, et Jacques Doillon, qui l'aurait violée sur un tournage quand elle avait 15 ans, certaines voix s'élèvent pour exprimer leur inquiétude sur les témoignages qui se multiplient envers les deux hommes.
Et notamment Anny Duperey, interrogée samedi 10 février sur RTL par Nathalie Renoux et qui n'est pas vraiment allée dans le sens du vent dans cette histoire. "Je vais me faire taper dessus, mais je pense que tout ça est extrêmement exagéré. Que quand même, six ans avec un réalisateur... Sous emprise, je veux bien, mais quand même consentante, non ? Je ne sais pas trop quoi penser de ce truc-là, mais je n'aime pas trop ces chasses aux sorcières tardives comme ça", a-t-elle même lancé, évoquant la relation entre Benoît Jacquot et Judith Godrèche.
Un argument qui a fait bondir les internautes, notamment parce que l'actrice n'avait que quatorze ans au moment où leur relation a débuté et ne pouvait donc pas vraiment exprimer son consentement. "C'était une enfant !", "Elle romantise le viol", "Quel est la valeur du consentement à 14 ans", "Elle montre qu'elle ne connaît rien au phénomène d'emprise, qui justement, s'inscrit dans le temps", peut-on notamment lire sur X (ex-Twitter).
Et la suite de l'interview avait également de quoi faire polémique : la mère de Gaël et Sara Giraudeau a en effet plaidé pour une séparation entre l'homme et l'artiste, prenant en exemple Roman Polanski, lui-même accusé de viol sur une mineure de 13 ans dans les années 60. "Admettons que certains hommes aient été des prédateurs comme ça, mais ils ont fait parfois de belles oeuvres. Et je n'aimerais pas du tout que l'on condamne leurs oeuvres en même temps que l'homme", a-t-elle expliqué.
"C'est par exemple ce qu'il s'est passé avec [Roman] Polanski. Je veux dire que ce serait absolument stupide, parce que Polanski a couché avec une fille qui avait 15 ans, il y a cinquante ou soixante ans, de condamner ses oeuvres ! On ne va pas condamner Le Pianiste, ce film extraordinaire, à cause des agissements personnels du metteur en scène", a-t-elle jugé.
Un argument qui a fait débat parmi les auditeurs et qui devrait encore agiter, au vu des graves accusations portées contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon, tous les deux visés par une plainte pour "viol sur mineur". Des accusations de plus en plus nombreuses, d'ailleurs : si Judith Godrèche a ouvert le bal, notamment après une vidéo de 2011, ressortie ces derniers jours et dans laquelle on entend le premier assumer que le monde du cinéma "peut être une couverture" pour des relations avec des jeunes filles mineures et dans laquelle il explique que cela "excitait beaucoup" Judith Godrèche de sortir avec un homme déjà mur, d'autres actrices ont décidé de parler.
Et notamment Isild Le Besco, qui a également connu une "relation" avec Benoît Jacquot quand elle était adolescente et qui a déclaré que Jacques Doillon l'avait renvoyée d'un de ses tournages pour avoir refusé de coucher avec lui, ou encore Anna Mouglalis, qui a expliqué que ce dernier l'avait embrassée de force. Des accusations niées en bloc par les deux hommes.
Benoît Jacquot et Jacques Doillon restent présumés innocents jusqu'à la clôture définitive des dossiers les concernant.