Après Antoine Griezmann, l'ailier aux pieds d'or auteur de 6 buts dans cet Euro 2016, après sa soeur Maud rescapée du Bataclan et après son petit frère Théo, businessman en herbe au succès fou sur les réseaux sociaux, un autre membre de la famille de Grizou voit les projecteurs se braquer sur lui : le père d'Antoine, Alain Griezmann.
Dans Le Parisien, le père de famille – qui est aussi grand-père depuis la naissance en avril dernier de Mia, la fille du Madrilène – explique que son fiston est un homme comme tous les autres. Cela se ressent sur le terrain, Antoine n'a pas la grosse tête. Dans les médias, vous pouvez toujours fouiller, vous ne trouverez aucun dérapage de la part du milieu de terrain des Bleus. Sage comme une image. Et cette attitude, Grizi (ou Grizou) la conserve sur le terrain comme à la maison, lorsqu'il revient à Mâcon. Le joueur n'est pas une star, mais un homme discret.
Je ne le regarde pas comme une star. Il n'a pas changé.
"Antoine, une star? Mouais... Ça reste mon fils de 25 ans, lâche sans filtre Alain. Je ne le regarde pas comme une star. Il n'a pas changé. Dès qu'il est à la maison, il enlève son costume, il se pose et il ne faut plus lui parler foot. C'est Antoine Griezmann de Mâcon. Nous, on ne se gêne pas pour lui dire quand quelque chose ne va pas. On ne prend pas de gants."
Proche de son fiston, Alain Griezmann a toujours cru au potentiel de son gamin. Même s'il ne se rend pas trop compte de l'ampleur et de l'engouement autour de ce dernier. "C'était son rêve à lui, explique-t-il. Moi depuis ma petite lucarne, j'y croyais parce que je voyais qu'il avait du talent". Le paternel explique avoir emmené son fils dans de nombreux clubs pour tenter de le faire repérer. "On a fait beaucoup de centres de formation : Montpellier, Lyon, Sochaux, Metz deux fois, Saint-Etienne", avoue-t-il. En vain. Personne ne veut d'Antoine. En 2005, le jeune adolescent quitte l'UF Mâcon pour l'Espagne et la Real Sociedad. C'est là-bas que le talentueux garçon se formera, avant de débuter en professionnel en 2009. "C'est lui qui a gagné ce qu'il a. Il a voulu faire ces essais, et c'est lui qui a accepté de partir à la Real Sociedad, assure Alain. Le club lui a ouvert les portes alors qu'il avait la tête dans le sac après ses essais négatifs. La première année, c'était très difficile. Moi, je l'ai incité à rester, mais c'était plus dur pour sa mère. A chaque fois qu'on faisait la route de Mâcon à l'aéroport de Lyon, on lui laissait le choix, il pouvait rentrer. On n'a pas vendu notre fils."
Mon fils n'a pas volé ce qu'il a
Cinq saisons plus tard, le milieu de terrain est adopté en Espagne et signe même pour l'Atlético Madrid où il explose. Mais Antoine aime toujours la France, lui qui a gravi les échelons chez les Bleus, des -19 ans aux -20 ans en passant par les Espoirs et l'équipe A où il compte aujourd'hui 33 sélections et 13 buts. Et si Antoine cartonne, son père n'y est pas pour rien. "Je regarde tout ce qui est financier et administratif, pas trop le sportif, même s'il me demande parfois conseil, assure-t-il, avant d'avouer modestement : Mais je continue de travailler à la ville de Mâcon, je suis agent d'entretien. Je suis Alain Griezmann, pas Antoine. Il me reste un an avant la retraite et mon fils n'est pas là pour subvenir à mes besoins, même s'il nous apporte un plus."
Fier de son bambin, Alain Griezmann le défend bec et ongle et s'avoue admiratif de son parcours, surtout du moment où il est "parti à 14 ans à 900 km de Mâcon". Mais pour lui, son "fils n'a pas volé ce qu'il a" et il assure, à deux jours de la finale face au Portugal, que le numéro 7 des Bleus "va tout mettre en oeuvre pour rendre aux gens ce qu'ils lui donnent".
Christopher Ramoné