La situation entraîne des milliers de détournements, mais Valérie Pécresse doit être la dernière à en rire... La candidate Les Républicains à la présidentielle est dans la tourmente après l'enquête du quotidien Libération dévoilée ce 23 février 2022, mettant en lumière des "manoeuvres frauduleuses" visant à gonfler le corps électoral lors des primaires des Républicains, pointant des adhérents fictifs ou décédés, voire d'un chien dans les fichiers. Dénonçant une "tentative de déstabilisation", Les Républicains ont affirmé dans un communiqué qu'ils allaient déposer plainte contre le quotidien.
Dans les fichiers, Libération a repéré un chien inscrit en région Paca par son propriétaire pro-Ciotti, et "au moins trois personnes censées avoir rejoint le parti après leur décès". C'est ainsi que le toutou Douglas a fait irruption sur Internet et notamment Twitter, avec un compte parodique rapidement créé pour moquer le fait qu'on puisse inscrire son chien pour ajouter un vote de plus. "L'animal" s'est invité au micro d'Apolline de Malherbe dans sa matinale sur RMC. "Je serai demain l'invité d'@apollineWakeUp pour la matinale de BFMTV. Je répondrai aux accusations qui me visent et qui affirment que je ne serais pas un véritable adhérent", a écrit le chien sur Twitter. Ce à quoi la journaliste pugnace a répondu avec humour : "J'vous demande pardon ??"
Retour le 4 décembre 2021. C'est l'heure de la fête pour Valérie Pécresse, désignée comme candidate à la présidentielle face à Eric Ciotti au second tour. Mais cette victoire est désormais marquée par des soupçons de fraudes rapporte l'AFP. Libération, qui a eu accès au fichier des adhérents, révèle dans cette longue enquête des pratiques qui, sans remettre en cause la victoire de la candidate, "questionnent la sécurité et la sincérité du scrutin".
"Le Congrès des Républicains a été en tous points exemplaire, tant par son organisation que par sa mobilisation", a assuré le parti, en dénonçant "des approximations, des sous-entendus et des allégations infondées" visant "clairement à délégitimer la candidate". Dans son article, Libération assure que "parmi les adhérents ayant rejoint LR en 2021, certains n'existent pas ou plus". Le parti avait vu ses effectifs bondir d'environ 80 000 fin septembre 2021 à 148 862 le 17 novembre suivant. D'autres "sont bien en peine d'expliquer pourquoi et comment ils sont entrés au parti" et certains "ne s'intéressent guère aux idées de LR et à sa candidate", ayant "suivi les consignes" ou "rendu service à une connaissance, qui a parfois réglé leur adhésion", affirme Libération.
Ces pratiques, qui "ne sont pas toutes illégales", représentent "au minimum plusieurs centaines de votants", selon le quotidien. Pour LR il y a là "une confusion douteuse entre un supposé 'fichier adhérents' et la liste électorale du scrutin". "Suite à la stricte application de nos critères de sécurité, ce sont plus de 9 000 adhérents qui ont été exclus du corps électoral" après vérification, ajoute le communiqué.
Le quotidien affirme aussi qu'en Ile-de-France, la région présidée par Valérie Pécresse, "un certain nombre d'adhérents n'ont pas la nationalité française, et donc pas le droit de vote", et que "parfois ils ne parlent pas français, ou à peine". Il s'agirait notamment de membres de la communauté chinoise, recrutés en face-à-face ou sur le réseau social WeChat, notamment par des responsables d'associations communautaires.
Libération souligne aussi le "travail de lobbying très efficace" mené auprès de la communauté chinoise par plusieurs élus. Ling Lenzi, adjointe au maire d'Aubervilliers, a assuré à l'AFP ne pas être "allée chercher partout des adhésions, il y a des gens qui ont adhéré eux-mêmes". "Pécresse a fait du bon boulot, les gens la connaissent", a-t-elle ajouté. Enfin le quotidien parle de "téléphones prêtés" et d'"adhésions réglées" à Mayotte.
Le premier tour du scrutin avait été serré, Eric Ciotti devançant Valérie Pécresse de 665 voix. Derrière, Michel Barnier était à 1 209 voix, et Xavier Bertrand à 2966 de la présidente de l'Ile-de-France. Cette enquête est publiée alors que la candidate LR est en baisse dans plusieurs sondages qui l'ont donnée mercredi derrière Eric Zemmour et Marine Le Pen, après son meeting compliqué au Zénith de Paris.