Lorsque Virginie Despentes s'est retrouvée dans l'impasse du casting pour trouver l'acteur principal de Bye Bye Blondie, c'est elle qui lui a soufflé de transformer le personnage en femme. Revers de la même pièce sensuelle, Emmanuelle Béart est alors arrivée dans les bras de Béatrice Dalle, et cette histoire d'amour entre deux femmes est devenue réalité.
Réputée pour sa grande gueule, Béatrice Dalle se détache néanmoins de tout message politique, loin de vouloir porter un message ou une révolution. Elle avoue à Têtu : "Heureusement qu'il n'y a pas que des meufs comme moi, sinon on serait encore à l'époque des cavernes, traînées par les cheveux !"
Égérie d'un cinéma hors norme depuis sa révélation dans 37°2 le matin (1986) de Jean-Jacques Beineix, la comédienne s'est frayé un chemin dans le cercle des auteurs avec Marco Bellocchio, Jim Jarmusch, Jacques Doillon, Claire Denis, Claude Lelouch, Abel Ferrara, Christophe Honoré ou encore Olivier Assayas. À l'écoute de l'âme des films, Béatrice Dalle suit les réalisateurs et ne porte aucune attention au scénario. Une méthode instinctive, animale presque, qui l'amène du film gore Livide (2011) de Julien Maury et Alexandre Bustillo à la comédie romantique Bye Bye Blondie, actuellement en salles.
Dans Têtu, l'actrice de 47 ans n'hésite pas à confesser sa peur panique de vieillir : "[J'y pense] toutes les secondes, c'est horrible." Interrogée sur Madonna, qui cumule six années de plus qu'elle et une pêche d'enfer, Béatrice Dalle se lâche : "Qui oserait dire qu'elle n'assure pas, la meuf ? T'aimes ou t'aimes pas sa zik, mais put***, elle est terrible !"
Dans un entretien follement décousu, elle affirme que ni JoeyStarr ni Guénaël Méziani - son deuxième mari, rencontré lors de son activité bénévole parmi les prisonniers de droit commun - n'ont touché "à un seul de [ses] cheveux". Car son amant le plus rock'n'roll est à chercher ailleurs : "L'un des mecs les plus bad boys avec lesquels j'ai été, c'est Rupert Everett. Ça, c'est un bad boy ! Grande famille aristo, extrêmement cultivé, extrêmement précieux, à un tel point que quand il balance, il est plus hardcore que tous. Je me souviens des réflexions quand j'ai commencé à sortir avec lui, des 'deps' [gays] connus dont je ne vais pas citer les noms qui me disaient que j'allais choper le 'dass' [sida] si je restais avec lui [Rupert Everett ne cache pas son homosexualité]. Quelle bande de cons ! C'était en 89, je crois. C'est le mec le plus élégant et le plus punk avec lequel je suis sortie." Béatrice Dalle, presque 50 ans et toujours aussi surprenante.
Retrouvez l'interview de Béatrice Dalle dans Têtu, avril 2012.