Serait-ce pour contredire la une du Parisien hier - "Zemmour va-t-il faire pschitt ?" - que le polémiste d'extrême-droite a décidé d'annoncer sa candidature ce 30 novembre 2021 ? Alors que tout portait à croire qu'il se présenterait officiellement pour la course à la présidentielle le jour de son meeting au Zénith de Paris le 5 décembre, il a manifestement avancé la date, selon son entourage. L'homme politique de 63 ans va se déclarer en campagne ce mardi dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, un "message aux Français", avant d'être l'invité du journal télévisé de 20h sur le plateau de TF1. Des membres de son équipe ont déjà twitté #Zemmourcandidat tandis qu'il a lui publié sur le réseau social un sablier.
Cette décision marque la fin d'une précampagne difficile. Si elle a démarré en trombe pour l'auteur de La France n'a pas dit son dernier mot, avec des sondages explosifs en octobre le plaçant au second tour de l'élection présidentielle, elle enchaînait les couacs ces derniers jours et semaines : stagnation des intentions de vote, provocations lors des commémorations du 13-novembre, annulation d'événements à Londres et Genève, départ d'un puissant soutien financier - Charles Gave - et doigt d'honneur à Marseille, sans parler de l'exposition de sa vie privée, ses poursuites judiciaires pour incitation à la haine et l'organisation de sa campagne menée par sa conseillère Sarah Knafo, remise en cause même par des proches comme Robert Ménard. Eric Zemmour veut manifestement tourner une page.
A quatre mois et demi de l'élection, l'ancien éditorialiste du Figaro et de CNews, omnubilé par l'immigration, l'islam et le "grand remplacement", s'apprête donc à se lancer officiellement. La CGT, Solidaires et des militants antifascistes ont déjà promis une manifestation pour faire "taire Zemmour" à 13h dans la capitale.
En se déclarant mardi, le polémiste, qui ambitionne de rassembler les électeurs de droite et d'extrême-droite, parasite au passage le processus d'investiture en cours chez les LR qui départagent de mercredi à samedi leurs cinq prétendants, indique l'AFP. Ceux-ci doivent débattre une dernière fois à la télévision mardi soir, juste après le JT de 20h. Mais si la popularité de l'animal médiatique qu'il est paraît indéniable, en devenant candidat officiel, il entre véritablement dans le jeu de la politique et fera face au défi des parrainages, avec l'obtention des 500 signatures d'élus. Son camp assure s'appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages.
Avec une annonce le 30 novembre, Eric Zemmour choisit aussi le même jour que la panthéonisation de Joséphine Baker, icône de la culture, de la Résistance française et de la lutte contre les discriminations. Deux visions différentes de la France.