Le 16 octobre dernier, Brigitte Macron prenait position en plein scandale Harvey Weinstein, suivi de la naissance du mouvement "#Balancetonporc". "La libération de la parole, c'est ce qui peut arriver de mieux. (Ces femmes) sont très courageuses de le faire. C'est formidable. Je pousse vraiment à rompre le silence", avait déclaré la première dame avant d'assister à la pièce Les Chatouilles, jouée au théâtre Antoine à Paris, qui dénonce les violences sexuelles et la pédophilie. Un sujet sensible devenu une cause nationale pour Emmanuel Macron dès sa campagne présidentielle.
Si le "ministère plein et entier des droits des femmes" promis par le candidat d'En marche s'est finalement transformé en secrétariat d'Etat après son arrivée à l'Elysée, l'engagement d'Emmanuel Macron est intact. A l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes qui s'est déroulée le samedi 25 novembre, le chef de l'état et son épouse ont reçu plusieurs personnalités au palais présidentiel, entourés du premier ministre Edouard Philippe, de la ministre du travail Muriel Penicaud et de la Garde des Sceaux, ministre de la Justice Nicole Belloubet, du ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer. Parmi elles, l'humoriste et comédienne Florence Foresti. C'est en qualité de marraine de l'association Women Safe, "qui prend en charge les femmes victimes de violence dans un centre unique et pluridisciplinaire, réunissant médecine et justice" comme elle l'a rappelé sur son compte Twitter, que Florence Foresti se trouvait à l'Elysée.
Engagé à "#NeRienLaisserPasser", hashtag publié sur le compte Twitter de l'Elysée lors du discours du président, Emmanuel Macron a montré sa fermeté sur le sujet dès le début de son allocution. "Horreur et honte", s'est-il indigné, proposant une répression accrue des auteurs de violence faite aux femmes, une meilleure protection des victimes et décrétant l'égalité entre les sexes "grande cause du quinquennat".
Devant 200 personnes – responsables d'associations, d'institutions, politiques –, le chef de l'Etat a rappelé un triste bilan avant d'observer une minute de silence : "Sophie, Anna, Emilie, Fatima, Catherine... Elles sont 123 à être décédées en 2016". "La France ne doit plus être un de ces pays où les femmes ont peur", a-t-il dit, détaillant "trois priorités" : "l'éducation et le combat culturel en faveur de l'égalité", un "meilleur accompagnement des victimes" et un "renforcement de l'arsenal répressif", comme le rapporte l'AFP. Emmanuel Macron a confirmé que le projet de loi "contre les violences sexuelles et sexistes", annoncé pour 2018, fixerait à 30 ans, au lieu 20, le délai de prescription des viols sur mineurs. Il a aussi proposé de fixer à 15 ans l'âge de consentement minimum à un acte sexuel, sujet hautement sensible qui a conduit plusieurs personnalités à monter au créneau dont Nathalie Péchalat, qui a poussé un énorme coup de gueule sur Instagram, ou encore Nagui qui a directement interpellé la secrétaire d'État en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, et la ministre de la Justice sur Twitter.
Pour lutter contre les représentations sexistes, un "module d'enseignement" sera mis en place dans les écoles. Brigitte Macron s'impliquera personnellement auprès d'"ambassadeurs lycéens" contre le harcèlement scolaire, a indiqué son entourage à l'AFP.
Deux jours auparavant, le 23 novembre, Emmanuel Macron avait participé à la remise du prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits au musée du Quai Branly - Jacques Chirac, accompagné de son épouse habillée d'une robe émeraude. Un 9e prix décerné à la fondation turque Hrant Dink, créée en 2007 à la suite de l'assassinat de ce journaliste turc d'origine arménienne par un jeune nationaliste turc, en présence de sa veuve Rakel Dink. L'action de la fondation "en faveur de la prévention des discours et des logiques de haine et d'exclusion entre les peuples de Turquie, d'Arménie et d'Azerbaïdjan" a été salué. Ce travail "est à la fois difficile et nécessaire" face à "la montée des nationalismes et populismes", a déclaré l'ancien Premier ministre Alain Juppé, qui a remis le prix doté de 50.000 euros à la veuve du journaliste assassiné.
Le Prix Culture pour la Paix, mis en place par les Fondations Chirac et Culture & Diversité, de Marc Ladreit de Lacharrière, a été décerné au Collectif Zoukak "pour son action de diffusion du théâtre comme art thérapie auprès des populations réfugiées dans les camps au Liban". Créé en 2006 par le metteur en scène Omar Abi Azar, il aide ainsi des réfugiés palestiniens et syriens à "exorciser l'histoire en la verbalisant et de se réapproprier sa vie".
Absent de la cérémonie pour des raisons de santé, tout comme son épouse Bernadette Chirac affaiblie ces derniers temps, l'ancien président de la République Jacques Chirac était représenté par sa fille Claude. La Vice-présidente de la Fondation Jacques Chirac a remercié Brigitte et Emmanuel Macron pour "la bienveillance et la gentillesse" dont ils font preuve avec ses parents. La première dame a notamment invité Bernadette Chirac à l'Elysée au mois de septembre.
Line Renaud, le ministre de l'écologie Nicolas Hulot, l'ancien président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré ou encore Latifa Ibn Ziaten, la mère d'Imad Ibn Ziaten, le premier militaire assassiné à Toulouse par Mohamed Merah, ont tous assisté à la cérémonie.