Le 3 novembre 2019, Adèle Haenel a choisi de révéler un lourd secret qu'elle gardait depuis des années à Mediapart. L'actrice française de 30 ans, césariée à deux reprises, en 2014 pour le film Suzanne et en 2015 pour Les Combattants, accuse le réalisateur Christophe Ruggia, avec qui elle avait tourné son tout premier film intitulé Les Diables en 2002, "d'attouchements" et de "harcèlement sexuel". Des faits remontant à son adolescence, alors qu'elle avait entre 12 et 15 ans. "Je ne bougeais pas, il m'en voulait de ne pas consentir. (...) Je suis vraiment en colère. Je veux raconter un abus malheureusement banal et dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible", a-t-elle notamment confié.
Si Christophe Ruggia s'est depuis exprimé, niant les faits et exposant sa version, Adèle Haenel a reçu poids de taille, celui de Brigitte Macron.
Mobilisée le 7 novembre 2019 pour la 5e Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école, en déplacement au collège Chaptal du 8e arrondissement de Paris où elle a pu profiter d'un joyeux bain de foule, Brigitte Macron a été questionnée sur le cas d'Adèle Haenel par les journalistes. A la sortie du collège, face aux caméras, l'épouse d'Emmanuel Macron a apporté son soutien à l'actrice.
"Elle parle. Et tous ceux qui parlent ont du courage. Donc un immense respect pour ceux qui parlent. Maintenant, il faut voir la réponse apportée à ses messages, mais je veux lui dire toute notre solidarité, et véritablement cette reconnaissance de la parole qui est absolument essentielle, et notre reconnaissance, elle l'a", a déclaré la première dame.
Ce même 7 novembre, Adèle Haenel a également reçu la solidarité du ministre de la Culture Franck Riester. Lors des rencontres cinématographiques de Dijon, il a apporté son soutien à l'actrice française et à "toutes celles qui osent briser le silence".
Alors qu'il ne s'était encore jusque là pas encore exprimé, Franck Riester a souhaité "leur dire que leur parole est nécessaire. Qu'elle ne sera pas vaine". Le ministre de la Culture a souligné les efforts du gouvernement pour "mettre fin au sentiment d'impunité des agresseurs" et a assuré que "de nouvelles annonces seront faites, le 25 novembre, dans le cadre du Grenelle contre les violences conjugales". Outre la responsabilité des autorités pour "apporter des solutions aux victimes", il a également pointé celle de de "ceux qui savent et qui se taisent". Franck Riester a également annoncé "de nouveaux engagements" sur le sujet, dont il fera part lors des deuxièmes Assises pour la parité l'égalité et la diversité dans le cinéma, qui doivent se tenir mi-novembre.
Les accusations d'Adèle Haenel interviennent deux ans après l'affaire Weinstein et le mouvement #MeToo lancé par l'actrice américaine Alyssa Milano. De nombreuses actrices, et acteurs, lui ont également témoigné leur soutien, à l'instar de Marion Cotillard. La comédienne de 44 ans et compagne de Guillaume Canet a publié un long message sur sa page Instagram, écrivant notamment : "Ton courage est un cadeau d'une générosité sans pareil pour les femmes et les hommes, pour les jeunes actrices et acteurs, pour tous les être abimés qui savent maintenant grâce à toi qu'ils n'ont pas a subir cette violence. Et pour ceux qui l'ont subie, qu'ils peuvent parler, ils seront écoutés et entendus. Tu brises un silence si lourd. Ton témoignage est d'une puissance inouïe. Il résonne profondément."
Pour Marion Cotillard, Adèle Haenel a marqué l'histoire avec ce puissant témoignage.