La journée était chargée en cette journée de Festival de Cannes avec la projection de trois films en compétition pour la Palme d'or. Si la montée des marches se fait plus tard dans la nuit pour le film Personal Shopper d'Olivier Assayas, avec Kristen Stewart, le palais des festivals a accueilli en première partie de soirée l'équipe du film Julieta, nouvelle oeuvre signée Pedro Almodovar. Habitué cannois, le réalisateur espagnol n'a jamais remporté de Palme d'or, cette 69e édition sera-t-elle la bonne ? En attendant, il a eu le droit, avec ses magnifiques actrices, Inma Cuesta, Emma Suarez, Adriana Ugarte (parée de bijoux Chaumet) et Michelle Jenner, ainsi que son acteur Daniel Grao, a une superbe standing ovation une fois que tout ce beau monde est entré dans le Grand Théâtre Lumière. De quoi réchauffer le coeur du metteur en scène, traumatisé par l'affaire des Panama Papers.
Le même jour, les festivaliers pouvaient également applaudir Aquarius. L'équipe du seul film brésilien en compétition à Cannes, a créé l'événement ce mardi en brandissant une banderole sur les marches pour protester contre la destitution de la présidente Dilma Rousseff. "Le Brésil n'est plus une démocratie", "Nous résisterons", proclamaient d'autres slogans écrits sur des feuilles de papier brandies par l'équipe du film réalisé par Kleber Mendonça Filho.
Aquarius pose la question des excès du capitalisme à travers le portrait d'une femme rebelle et libre incarnée par la star brésilienne Sonia Braga, en guerre contre une société immobilière qui veut la déloger. "L'une des choses qui m'inquiètent le plus c'est la façon dont le Brésil est divisé", a déclaré l'actrice dans une interview à l'AFP, avant la projection. "Je ne me souviens pas que le Brésil ait été aussi divisé. Toutes les choses que nous avons vécues dernièrement depuis la dictature, depuis l'ouverture du Brésil, nous les avons réalisées ensemble", a-t-elle poursuivi.
"Merci de votre soutien !", a tweeté Dilma Rousseff après le geste de l'équipe du film. Elle a été écartée la semaine dernière du pouvoir par le Sénat dans le cadre d'une procédure de destitution controversée. La dirigeante brésilienne de gauche, accusée de maquillage des comptes publics, a été suspendue jeudi du pouvoir pour un délai maximum de six mois en attendant son jugement final par les sénateurs. Elle a été remplacée par son vice-président de centre-droit Michel Temer, un ex-allié devenu rival, dont elle conteste la légitimité, se disant victime d'un coup d'Etat institutionnel.