Bien que la couronne anglaise fasse rêver leurs admirateurs, elle ne suscite pas le même enthousiasme à l'échelle internationale. Actuellement en tournée en Océanie, le roi Charles III et son épouse la reine Camilla visiteront l'Australie, tout en faisant également escale aux îles Samoa. Mais il y a quelques heures, le couple royal a été vertement interpellé par Lidia Thorpe, une sénatrice aborigène lors de sa visite au Parlement australien.
Fervente opposante à la monarchie britannique, elle a dernièrement souvent fait la Une des médias pour ses actions politiques retentissantes. Dès leur arrivée, la femme politique leur a alors lancé des slogans anticoloniaux. "Rendez-nous ce que vous nous avez volé. Nos os, nos crânes, nos bébés, notre peuple. Vous avez détruit notre terre. Donnez-nous un traité. Nous voulons un traité", a scandé la politicienne à l'égard de Charles III et de la reine.
Rapidement interpellée par les agents de sécurité, cette dernière déterminée à se faire entendre a ajouté : "Ce n'est pas votre terre, ce n'est pas votre terre. Ce n'est pas votre terre. Vous n'êtes pas mon roi. Vous n'êtes pas mon roi". Tentant de faire bonne figure durant la confrontation, Charles III et sa femme "imperturbables" ont préféré l'ignorer comme l'a souligné le Daily Mail.
Riant avec leurs interlocuteurs, les intéressés n'ont certainement pas voulu envenimer la situation. Le père des princes William et Harry a notamment tenu un poignant discours quant à sa venue. Saluant la "sagesse intemporelle des peuples indigènes", l'ex-mari de Diana Spencer a plongé dans ses souvenirs en évoquant sa période de formation à la Geelong Grammar School : "J'avais pensé que l'école que j'avais fréquentée en Écosse était suffisamment éloignée et éprouvante, mais rien ne m'avait vraiment préparé aux réalités de la brousse".
Et de compléter : " Je suis arrivé en tant qu'adolescent et je suis reparti plus équilibré - voire quelque peu ciselé - après avoir affronté des serpents bruns, des sangsues, des araignées à toile d'entonnoir et des fourmis taureau, et - en gardant à l'esprit que c'était il y a près de 60 ans - on m'a donné certaines parties inavouables d'un taurillon à manger sur un feu de marquage dans l'arrière-pays du Queensland".
A rappeler que plus tôt dans la journée, la sénatrice Thorpe avait failli être interpellée par les autorités locales alors qu'elle protestait contre leur venue, à Canberra. Une confrontation avec la police avait alors eu lieu lors d'une autre manifestation indigène devant le Mémorial australien de la guerre. Le groupe composé de manifestants indigènes s'était installé devant le Mémorial en scandant "la terre aborigène a toujours existé, elle existera toujours".
Lidia Thorpe avait été vue en train de se disputer avec un policier qui s'était saisi de sa chemise, avant qu'elle ne l'ôte pour se libérer. "Ce dont nous souffrons dans ce pays est dû à cette invasion coloniale", avait-elle lâché devant les journalistes. De son côté, le palais de Buckingham a refusé de commenter l'incident au Parlement. Toutefois, des sources ont assuré que leurs Majestés avaient été "profondément touchées" par la chaleur de l'accueil qu'elles ont eu tout au long de la journée.
Ayant reçu une multitude de bouquets de fleurs, de la viande séchée et autres présents en tous genres, le roi Charles qui s'est rendu pour la première fois en Australie en 1966 a été remercié à plusieurs reprises par la population, d'avoir effectué ce long voyage, malgré son combat contre la maladie. Cependant une poignée de manifestants ont également été aperçus, avec des banderoles anti-coloniaux, réclamant des droits pour les autochtones tout en agitant des drapeaux palestiniens et libanais.
A noter que l'Australie a été sous domination britannique pendant plus d'un siècle, période durant laquelle des milliers d'Aborigènes ont été massacrés et de nombreuses communautés ont été déplacées de force. Bien que le pays a obtenu une indépendance de facto en 1901, il n'est jamais devenu une république à part entière, le roi Charles III étant également à la tête du Commonwealth, demeure à ce jour leur chef d'État.