En lâchant une petite phrase en apparence anodine, Cristiano Ronaldo a provoqué un véritable raz-de-marée médiatique.
Jaloux et mal-aimé ?
La star du Real Madrid a annoncé en conférence de presse ce dimanche 2 septembre qu'il n'était pas heureux professionnellement, entraînant une vague de supputations et rumeurs quant aux causes de son mal-être. Auteur de 150 buts en 149 matches depuis son arrivée à Madrid, le Portugais enchaîne les performances de haut niveau, mais se fait à chaque fois griller la politesse par un joueur du FC Barcelone lorsqu'il s'agit de récompenses individuelles. Après avoir été devancé à trois reprises par Lionel Messi pour le Ballon d'or, le buteur madrilène a vu, le 30 août dernier, Andrés Iniesta, partenaire du petit Argentin honni par CR7, rafler le titre du meilleur joueur européen de l'année. Visage impassible, sans un regard pour le grand gagnant du jour, Cristiano Ronaldo avait la mine mauvaise des jours.
Et c'est l'une des hypothèses avancées par les médias pour expliquer pourquoi la star se sent mal. Il aurait l'impression de ne pas être appuyé par les dirigeants du Real et l'aurait fait savoir au président Florentino Pérez au lendemain de la cérémonie du 30 août. Il leur reproche notamment leur manque de soutien lorsque les critiques s'abattent sur lui ou lorsque le public le siffle, lui qui est pourtant le meilleur buteur du club depuis plusieurs années. Il regrette également l'absence de campagne médiatique destinée à le soutenir à l'approche de la remise des trophées. En outre, Cristiano Ronaldo accepte mal qu'on ne lui donne pas davantage de responsabilités au sein du vestiaire, au même titre qu'Iker Casillas, capitaine de l'équipe et de la Roja championne du monde et d'Europe formé au club, et Sergio Ramos, qui y sont écoutés et respectés.
Pourtant, selon As, Cristiano Ronaldo serait rentré chez lui en larmes après ses déclarations, et les retrouvailles avec l'équipe du Portugal se sont déroulées sans lui lors des événements promotionnels. Alors que se passe-t-il réellement ? Une autre hypothèse, tout aussi probable, fait état d'une demande de revalorisation salariale qui lui aurait été refusée...
Une question d'argent
Le Portugais émarge à 10 millions d'euros nets par an, mais comme le rappelle El Mundo, ses émoluments vont drastiquement diminuer avec l'abrogation de la Loi Beckham. Celle-ci permettait en effet aux footballeurs de ne payer que 24% de leur salaire brut, mais ce sont désormais 43%, et bientôt 52%, que perçoit l'État espagnol. Cristiano Ronaldo réclamerait donc une hausse de salaire, ne comprenant pas pourquoi des joueurs comme Zlatan Ibrahimovic au PSG, Didier Drogba en Chine ou Samuel Eto'o en Russie, dont il estime le niveau inférieur au sien, toucheraient plus que lui. Par dessus le marché, l'idée que Lionel Messi puisse avoir un salaire supérieur au sien, ne serait-ce que de quelques centaines de milliers d'euros, lui est proprement insupportable.
Lié jusqu'en 2015 à la Maison Blanche, il espère cependant voir arriver une offre de dernière minute des rares clubs capables de lui proposer le salaire qu'il désire. Parmi eux, le Paris-Saint-Germain aurait déjà fait une offre, et une photo de la tour Eiffel accompagné du commentaire "Je suis amoureuse de Paris" postée par sa compagne Irina Shayk alimente plus que de raison la rumeur. Mais tout ceci pourrait n'être qu'une stratégie pour mettre les dirigeants madrilènes sous pression et ainsi les faire flancher. Une technique déjà utilisée par le passé par José Mourinho, entraîneur... du Real Madrid, et Wayne Rooney à Manchester, qui avait tous les deux menacé de partir avant de voir leur salaire augmenter de quelques millions d'euros.
Indignation publique
Mais dans un pays où le chômage touche 20% de la population et où la crise se fait tous les jours un peu plus sentir, les caprices de CR7 ne passent pas auprès de l'opinion publique. Et Cristiano Ronaldo qui disait se sentir peu aimé à Madrid risque de ne pas se faire que des amis. La twittosphère se déchaîne, alors que la presse fait ses choux gras de l'affaire : "Scandale ! Il menace le Real" écrit le très catalan Sport. "Triste = Argent", peut-on lire en une du Mundo Deportivo. "Il harcèle le Real" annonce pour sa part le généraliste El Pais. Enfin, 80% des lecteurs du Marca, journal pro-madrilène, estiment qu'il n'a aucune raison d'être triste...
Quant à Florentino Perez, le puissant patron du Real Madrid, il aurait été très agacé par les déclarations de l'attaquant, si l'on en croit El Confidencial. "Mais pourquoi tu me dis ça aujourd'hui, avec le marché presque fermé et sans qu'on puisse réagir?", lui aurait-il alors répondu. Une réaction inattendue, puisque Cristiano Ronaldo et son agent s'attendaient plutôt à ce qu'on fasse tout pour le retenir. Une réaction qui montre qu'il ne serait pas si indispensable au sein du club madrilène.
Reste que cette sortie du footballeur risque de faire couler beaucoup d'encre et que ses prochaines sorties seront très attendues, aussi bien par les supporters que par les observateurs.